Les ventes privées numériques en plein essor

Les commerçants s’adaptent aux contextes sanitaire et économique

Pour la deuxième année consécutive, les ventes en soldes d’été sont menacées par la recrudescence des cas de contaminations à la Covid-19 et de décès depuis la fin du mois de juin écoulé. Le commerce traditionnel est le premier à souffrir de cette situation de crise.

Les commerçants ont l’impression d’être revenus une année en arrière. En 2020, le bilan des soldes était mitigé, affecté, particulièrement par la crise sanitaire du Coronavirus, la baisse du pouvoir d’achat des Algérien et par l’émergence du concept des ventes privées sur internet. Le commerce traditionnel tirent, généralement, un important profit de la période des soldes où ils proposent des baisses allant jusqu’à 70% pour attirer leur clientèle, majoritairement, féminine. L’arrivée de la crise de Coronavirus en Algérie a bouleversé les habitudes et les méthodes de vente des commerçants et a fait disparaître, progressivement, la vente à la sauvette. Le commerce informel aussi n’a pas été épargné par cette crise. Idem pour le consommateur lambda. Ce dernier, dont le revenu à disparu ou diminué à cause de la crise sanitaire, ne peut plus consacrer de budget pour acheter des produits soldés dans les magasins.
De nombreuses boutiques ont annoncé leur fermeture en raison de la menace du Coronavirus et de son variant, le Delta qui fait des ravages en Algérie depuis plus d’un mois. Pour sauver leur activité, ces boutiques ont opté pour les ventes en ligne où elles proposent des réductions allant jusqu’à 70% sur leurs produits, alors que d’autres ont choisi de promouvoir les ventes privées numériques. Les magasins Okadi-Obaibi, Stepsmode, Mode Avenu, Outlet et autres ont déjà commencé les ventes en soldes. Ils font la promotion de leurs produits soldés sur leurs sites en ligne et sur les réseaux sociaux pour atteindre leur cible. La vente à distance gagne du terrain. Elle a boosté, aussi, le commerce informel qui a profité du vide réglementaire pour s’imposer, au dépend du commerce traditionnel qui fait face à la concurrence des boutiques numériques qui attirent de plus en plus de consommateur en cette période de crise sanitaire. Un moyen pour éviter tout contact et déplacement avec le vendeur et d’autres clients. Ainsi limiter le risque de contamination.
La transformation numérique du commerce informel impacte négativement les caisses de l’Etat qui a déjà du mal à capter l’argent informel qui circule hors circuit bancaire (8.000 milliards de dinars en 2020). Les agents de l’informel profitent de l’absence de contrôle et de surveillance des transactions financières hors circuits légaux pour doper leur gain grâce aux ventes en ligne via les réseaux sociaux et la plates-formes « Market Place «, notamment, durant la période des ventes en soldes, alors que les ventes promotionnels se font tout au long de l’année. Ce qui cause un important préjudice à l’Etat et aux commerçants qui ont un registre du commerce. Les ventes en soldes dans les magasins font de moins en moins de recette. Les commerçants ne voient plus en les ventes soldées une opportunité pour rebondir. Le bilan des soldes 2021 s’annonce morose et s’explique particulièrement par la baisse du pouvoir d’achat des Algériens, la crise sanitaire et la promotion des ventes numériques. Les commerces traditionnels doivent innover.
La vente à distance et la mise en place d’un service de livraison à domicile menacent leur avenir car le consommateur est un peu obligé de suivre l’évolution électronique du commerce. L’Etat aussi doit s’adapter à ces bouleversements et investir dans le développement du paiement électronique pour accompagner les commerçants et protéger les consommateurs de l’arnaque, notamment, durant les ventes en soldes. La vente de vêtements en kilo commence aussi à se généraliser et gagner du terrain au dépend de la qualité des produits. Ce mode de vente attire les consommateurs à faible revenu. Cette formule de vente promotionnelle non reconnue menace la santé du consommateur. Les produits vendus, généralement, des vêtements ne répondent à aucune norme. L’absence de contrôle et de la surveillance du marché est mise en cause. Les autorités doivent multiplier leurs efforts pour protéger le consommateur et le marché national. Le e-commerce commence à s’imposer dans les pratiques des commerçants et des consommateurs algériens, raison pour laquelle l’Etat doit intervenir pour la durabilité de cette activité.
Samira Takharboucht