Un footballeur mis aux oubliettes

Mustapha Seridi

Qui de nous ne connaît pas Seridi Mustapha, cet excellent footballeur natif de Guelma, qui a fait les beaux jours de l’Escadron noir et qui demeure actuellement oublié par les hautes instances sportives. Que devient-il actuellement ? Que fait-il ?

Nous ne le savons pas, mais nous ne voudrions pas qu’il subisse le même sort que les Tahar Benferhat, Rouai, Bediar, Slimani qui nous ont quittés récemment suite à une longue maladie. Seridi Mustapha était le patron de la formation de Guelma et de l’Equipe nationale d’Algérie, celle que l’on surnomme les Fennecs, les Verts, les guerriers du désert… Il fut l’homme qui avait réussi à museler Pelé, la star brésilienne et mondiale «le roi du football mondial» Edson Do Nascimento. Seridi Mustapha dit «Tioua» est un grand meneur de jeu, un organisateur hors du commun, l’un des meilleurs milieux de terrains d’Algérie de l’après-Indépendance. Il est né le 13 avril 1943 à Guelma, il a toujours évolué en numéro huit, inter droit au sein de l’Escadron noir de Guelma, c’est un joueur qui avait une présence et une personnalité dans tous les terrains d’Algérie, et même à l’extérieur. Il était respecté et respectueux. Doté d’une remarquable vision de jeu avec des dribbles courts en mouvement et des placements judicieux. Au sein de son club l’espérance de Guelma, il était complémentaire avec ses frères El Hadi et Abdelhouahab pour alimenter le grand défunt avant-centre, Nourredine Hachouf de ballons buts…
L’espérance de Guelma faisait trembler les formations footballistiques de l’élite nationale à l’image du CR Belouizdad, l’USM Alger, le MC Alger, le MC Oran et pas mal d’autres équipes très huppées… Au sein du club Algérie, il était un travailleur infatigable, récupérateur, distributeur, très complémentaire avec les Lalmas Hacéne, Selmi Djillali, Salhi Abdelhamid, Khiari Ali et autres grands footballeurs. Il revenait avec un souffle époustouflant vers ses défenseurs de l’ESG, Seghi, Mahmouli, pour entamer balle au pied avec une vision limpide, des actions spectaculaires. Les sportifs algériens ont le droit de chercher à comprendre le mutisme des responsables du ballon rond envers les grands footballeurs qu’ils ont perdus de vue, ils voudraient les revoir dans des plateaux télévisés et s’enquérir de leurs santé. L’Escadron noir de Guelma avait un système de jeu très technique, une seule touche de balle, démarquage et mobilité constante des joueurs avec un jeu offensif qui régale les puristes. Qui de nous ne se souvient pas des rencontres légendaires CR Belouizdad – ES Guelma, que ce soit à Alger ou à Guelma.
C’était le summum du foot ! Aujourd’hui, Seridi Mustapha s’est retiré du monde du football algérien, ou l’a-t-on poussé à se faire oublier, lui qui avait beaucoup donné au football algérien, que ce soit comme entraîneur, comme entraîneur-joueur, comme sélectionneur des équipes de jeunes ? Pour l’exemple, lors de la remise du ballon d’or à Bounedjah, nous avons aperçu la présence de personnes qui n’avaient rien à voir avec le football, mais nous avons remarqué l’absence de pas mal de grands footballeurs toutes générations confondues au sein de cette manifestation. La question qui se pose est de savoir pourquoi tant de mépris à l’égard de ces footballeurs, qui dans un passé pas trop lointain, nous ont procuré du bonheur, de la joie, lorsqu’on évoque le nom de certains artistes du ballon rond, leurs souvenirs revient en mémoire, cette jonction avec les hommes d’antan qui ont fait l’histoire du football national est un moment de nostalgie. L’histoire de notre football est plein d’exploits.
Nos clubs ont toujours enfanté des joueurs de talents, de haute qualité technique, de leurs prouesses, ils ont marqué le football algérien. Pour en revenir à Seridi Mustapha, nous dirons que l’entraîneur de l’époque feu Abderahmane Ibrir convoqua Seridi Mustapha pour la première fois en équipe nationale en date du 1er novembre 1964. Une date symbolique de la Révolution alors qu’il n’avait que 21 ans. Il le titularisera contre la grande formation de l’ex-URSS, celle de Lev Yacine, le meilleur gardien de but de tous les temps. Il restera avec les Verts pendant plus de sept années avec les Lalmas, Khalem, Selmi, Achour, Salhi, Abdi, Bourouba et autres. Seridi Mustapha était le porteur d’eau et le récupérateur tout en surveillant de prés les grands joueurs des équipes adverses. Lors d’une rencontre de football le 18 juin 1965 à Oran contre le club Brésilien FC Santos, il eut comme consigne de museler Pelé. Il réussit sa mission sans aucune faute. Il l’avait muselé à tel point que ce dernier lui offrit en fin de match son légendaire maillot numéro dix. Ce jour-là Seridi Mustapha, Lalmas Hacéne, Selmi Djillali émerveillèrent les Brésiliens considérés comme les dieux du football.
Dans cette rencontre Selmi Djilali fut surnommé après la rencontre le petit Brésilien algérien par ces mêmes Brésiliens, tellement ses dribbles et sa touche de balle étaient un régal pour les yeux. Selmi Djilali s’offrit même un geste qui entra dans la légende du football algérien et qui laissa les Brésiliens pantois ! Ainsi au cours d’une action, Selmi reçoit une balle de Seridi Mustapha. Pelé retourna pour récupérer cette balle, Selmi d’une feinte de corps instantanée, lui fit un petit pont qui souleva tout le stade et les Brésiliens, eux aussi, ont applaudi. Le monde sportif algérien veut voir dans les plateaux de chaînes de télévision les Mustapha Dahleb, Tlemçani Djamel, Seridi Mustapha, Attoui Ali, Abdi Djilali, Selmi Djilali, et des centaines d’autres qui souffrent de l’oubli total de la part de la FAF ! Un peu de respect envers ces personnes qui sont pour le peuple algérien plus que des symboles.
Kouider Djouab