Repli de 38% de la récolte céréalière, une filière en perte de vitesse

La Covid-19 et la sécheresse accentuent les tensions sur le marché local

Pour atteindre la sécurité alimentaire et ainsi se libérer de sa dépendance à l’étranger, l’Algérie a élaboré une nouvelle feuille de route sur la période (2020/2024) visant à stimuler la production nationale des céréales et réduire la facture des importations alimentaires de 2,5 milliards de dollars en moyenne.

Cette stratégie cible plusieurs produits céréaliers comme le blé tendre, les semences de pomme de terre, l’huile végétale, le sucre, le maïs, la tomate industrielle, etc. Malgré les efforts fournis par les autorités pour stimuler la production des produits sus-cités, les résultats des récoltes ou de la production céréalière (moissons-battage 2020/2021) sont décevants en raison des facteurs météorologiques, en l’occurrence, le déficit pluviométrique. Un constat confirmé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui prévoit « une baisse de 38% de la récolte céréalière en Algérie en 2021 par rapport à l’année précédente », ce qui va se répercuter sur la demande et les prix de vente de ces produits qui connaissent une importante hausse sur le marché mondiale. L’Algérie figure parmi les plus grands importateurs de produits céréaliers, notamment, du blé tendre qui représente la part la plus importante des importations céréalières. La facture des importations de ce produit primaire devra «connaître une hausse de 25% par rapport à l’année passée et de 7% au-dessus de la moyenne durant la saison de commercialisation 2021/2022», a précisé la même note.
L’exécution du plan de développement du gouvernement est actuellement contrariée par le manque de pluviométrie, mais aussi par la pandémie du Coronavirus qui met l’économie du pays à rude épreuve depuis plus d’une année. Le secteur de l’agriculture a subi les conséquences conjoncturelles de la crise sanitaire et la pénurie d’eau pour une irrigation régulière. Les autorités tentent, tant bien que mal, d’anticiper le jour d’après la Covid-19 et réfléchissent aux solutions alternatives pour développer les mécanismes d’irrigation pour aider les agriculteurs à renforcer leurs activités et sauver leurs récoltes. L’Etat veut épargner sur les importations agricoles plus de 2 milliards de dollars sur un total des importations annuelles de plus de 10 milliards de dollars de produits agricoles. Réduire essentiellement sa dépendance aux importations de blé tendre qui coûte plus de 1,5 milliard de dollars annuellement aux caisses de l’Etat.
L’Algérie veut réduire son addiction à ce produit importé principalement de France qui tire d’importants profit de l’incapacité de l’Algérie à produire le blé tendre. Pour s’affranchir de cette dépendance au blé français, l’Algérie a changé de fournisseur, cependant, la demande en cette matière reste très élevée. La solution serait d’exécuter le plan de développement du gouvernement visant à améliorer la production du blé tendre et de réduire la facture d’importation de 60%. Pour atteindre cet objectif, il faut résoudre les problèmes de financement, de fonciers agricoles et de logistiques qui freinent le développement de ce secteur. Également accompagner les agriculteurs dans leurs projets de manière à relever le rendement, optimiser et développer les moyens de fertilisation et les moyens d’irrigation afin de réduire l’impact de la sécheresse sur les récoltes. L’Etat algérien accorde un intérêt particulier au secteur agricole qui génère plus de 2,5 millions d’emplois directs, malgré la place prépondérante de l’industrie pétro-gazière.
Cette dernière connaît aussi sous l’effet de la crise sanitaire et pétrolière une baisse de production et de recettes, ce qui a aggravé les équilibres budgétaires et monétaires du pays. Le secteur agricole devrait être un rempart contre les répercussions négatives de la crise sanitaire et économique. La FAO a toujours appelé les pouvoirs publics à soutenir le secteur agricole, notamment, céréalière afin de garantir son autosuffisance en la matière et encourager la mise en œuvre de nouvelle stratégie innovante pour stimuler la production alimentaire. Également trouver des solutions pratiques pour lutter contre la sécheresse et arrêter l’urbanisation des zones agricoles. Selon sa note, le rendement pour cette année sera faible. « Bien que les pluies adéquates qui ont suivi aient contribué à une reprise partielle des conditions de récolte dans le nord-est du pays, des conditions de sécheresse ont prévalu ailleurs », a souligné la même note, ajoutant qu’ «en plus d’affecter les rendements du fait des températures inhabituellement élevées, la production de blé devrait être légèrement inférieure à la moyenne de 2,5 millions de tonnes».
Samira Takharboucht