«Triste de voir le club dans cette situation»

Zenir (MCA) :

Le défenseur emblématique du MC Alger, Abdelwahab Zenir, a poussé un cri de colère quant à la situation actuelle du club algérois, qui a fêté samedi le 100e anniversaire de sa création, sans pour autant parvenir à remporter le moindre titre. «Je suis triste et écœuré par la situation dans laquelle se trouve le Mouloudia aujourd’hui.

La gestion est très contestée, ce qui a empêché le club d’amorcer son départ, les dirigeants actuels ont failli dans leur mission, il faut dire les choses telles qu’elles sont. J’aurais aimé vivre cette célébration autrement et voir le MCA dans une meilleure situation, mais malheureusement ce n’est pas le cas», a indiqué Zenir dans un entretien à l’APS. Né le 10 novembre 1951 à Alger, Abdelwahab Zenir faisait partie de la génération dorée des années 1970 qui a écrasé tout sur son passage, avec notamment un triplé historique en 1976 : Championnat – Coupe d’Algérie – Coupe d’Afrique des clubs champions. «Cela fait déjà cinq ans que le Mouloudia n’a plus remporté de titre, ce n’est pas normal pour un club comme le MCA, qui représentait par le passé un exemple à suivre en matière de stabilité et de trophées.
L’équipe n’a plus d’âme, c’est regrettable qu’on puisse en arriver là. Pourtant, Sonatrach (actionnaire majoritaire, ndlr) a mis beaucoup de moyens, pour rien finalement», a-t-il ajouté, avec un ton coléreux. L’ancien international algérien (10 sélections entre 1971 et 1974) n’a pas hésité à remettre en question la gestion du club concernant les festivités du centenaire, finalement reportées à une date ultérieure en raison de la situation sanitaire liée au Covid-19. «Il n’y a qu’à voir l’amateurisme de la direction dans la gestion du dossier des festivités. Ce rendez-vous se prépare une année ou deux à l’avance, tout le monde voulait s’accaparer la célébration du centenaire, en annonçant des matches de gala contre telle ou telle équipe. Au final, tout est reporté.»

Les larmes de Derriche
En compagnie de Zoubir Bachi, Anouar Bachta et autre Omar Betrouni, l’ancien défenseur central du Mouloudia avait eu l’opportunité de côtoyer l’un des dirigeants les plus emblématiques du MCA, en l’occurrence Braham Derriche (1907-1995), considéré comme un véritable exemple de fidélité et de loyauté. «Nous étions une véritable famille unie et solidaire, deux vertus qui manquent terriblement à l’actuelle génération. Derriche, que Dieu ait son âme, était un père spirituel pour moi, il m’avait beaucoup aidé, sur et en dehors du terrain. Il nous appelait (mes fils), un vrai dirigeant dévoué.» Zenir figurait parmi le groupe qui avait offert au MCA son premier titre majeur. Sous la houlette du regretté Ali Benfeddah, le club algérois remporte le 13 juin 1971 sa première Coupe d’Algérie face à l’USM Alger (2-0), au stade municipal de Ruisseau (20-Août-1955 actuellement). «Lors du départ au stade, j’étais assis dans le bus à côté de Derriche. Soudain, il a versé une larme, je lui ai demandé : ‘Qu’est-ce que tu as ?’ Il m’a répondu : ‘rien mon fils’.
J’ai insisté pour savoir, alors il m’a lancé une phrase que je ne suis pas prêt d’oublier : ‘J’ai peur de mourir et ne pas assister à ce premier titre’. Je lui avais fait savoir qu’on allait tout faire pour ne pas le décevoir. J’ai raconté ça à mes coéquipiers dans le vestiaire et ça nous a beaucoup boostés sur le terrain». Cette année-là, le «Doyen» fêta le cinquantième anniversaire de sa création. Pour Zenir, c’était une belle occasion d’inaugurer le palmarès du club, d’autant qu’aucun événement pour fêter le demi-siècle du MCA n’était au programme. «Il y avait une génération de joueurs talentueux et soudés qui, à mon sens, ne pourra jamais être égalée.
Cette finale gagnée face à l’USMA nous a complètement libérés et nous a permis d’enclencher une dynamique de victoires, jusqu’à remporter le triplé en 1976. Cette équipe véhiculait les vraies valeurs du Mouloudia.» Interrogé sur l’avenir du club, Zenir refuse de verser dans un optimisme béat, laissant entendre que plusieurs paramètres doivent changer pour permettre au MCA de redorer son blason. Pour lui, «il doit y avoir une véritable restructuration pour rebâtir l’équipe sur des bases solides».
R. S.