Relations économiques avec le Maroc

L’Algérie à l’aise

La décision de l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc ne concerne pas le domaine gazier qui relève de la Sonatrach et de ses partenaires, a fait savoir Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, lors de sa conférence de presse mardi à Alger.

Il s’agit du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui a été mis en exploitation en 1996, pour acheminer du gaz à partir de Hassi R’mel vers l’Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar. Son contrat arrive à terme en octobre prochain. Le supposé soutien du Maroc au maintien du GME, exprimé récemment par le Makhzen via un haut responsable marocain, relève du «pur mensonge», par ailleurs partagé par le souverain alaouite, ont estimé des experts dans une déclaration à l’APS. D’abord, soutiennent-ils, s’agissant du gazoduc GME, «l’Algérie, en toute souveraineté et autonomie de décision, n’a toujours pas décidé de le reconduire à l’expiration du contrat qui encadre son économie en octobre 2021», ont-ils souligné. Ensuite, les experts relèvent avec force «l’intérêt quasi exclusif» que tire le Maroc du passage de ce gazoduc vers l’Europe, sachant qu’il «pompe 800 millions de m3 de gaz pour ses besoins qui viennent s’ajouter aux royalties qu’il prélève au titre du ‘’droit de passage’’ du gazoduc», ont-ils soutenu.
«On comprend ainsi son insistance à accroître ses capacités», analysent les experts, tout en rappelant que l’Algérie exporte également du gaz par un autre canal totalement nouveau, à savoir le gazoduc Medgaz à partir de Beni Saf, qui doit avoir une extension de 2 milliards de mètres cubes/an du gazoduc pour atteindre 10 milliards m3/an à partir du quatrième trimestre. Sonatrach et son partenaire espagnol Naturgy, ont annoncé, le 13 juillet dernier, l’entrée en service au quatrième trimestre 2021 de l’expansion du Medgaz, un gazoduc de 210 km reliant la ville de Beni-Saf à Almeria.
L’Algérie pourra répondre à une éventuelle demande supplémentaire du marché espagnol sans aucun problème. Où est l’intérêt de l’Algérie à renouveler le contrat GME, puisque le Maroc touche des royalties du passage du gazoduc et bénéficie également de quantités de gaz. Quant à l’ouverture des frontières terrestres avec le Maroc, fermées depuis août 1994, sur décision algérienne en riposte à l’annonce marocaine de l’obligation immédiate de visas aux Algériens accusés d’être derrière un attentat terroriste commis à Marrakech, elle n’est pas souhaitable par les Algériens à cause du trafic de drogue qui envahit notre pays, et de la contrebande (carburants, produits soutenus…) qui profitent à la clientèle du Makhzen et nuisent aux intérêts algériens.
L. A.