L’Algérie devra se mettre «en ligne avec ses objectifs»

La relance économique tributaire de la vaccination anti-Covid

Huit mois après le lancement officiel de la campagne de vaccination anti-Covid-19 de la population, l’Algérie n’a encore pas atteint ses objectifs fixés, préalablement, au début de l’année.

Certes, le rythme de la vaccination avance depuis quelques mois, mais reste à une vitesse modérée comparée aux enjeux actuels. L’immunité collective est encore loin. L’impact de ce retard ou de cette lenteur aura des répercussions durables sur l’économie nationale, durement secouée par la double crise sanitaire et financière. L’Etat fait face aujourd’hui au choc structurel provoqué par la Covid-19, remettant en question la politique macro-économique du pays et le rôle de l’entreprise (son écosystème) pour résister à de telles situations de crise. Le chiffre d’affaires des entreprises algériennes a baissé, en 2020, de plus de 50% engendrant une situation transitoire de hausse de chômage et baisse du PIB. La répercussion directe de l’arrêt de l’investissement et la crise interbancaire (baisse de la liquidité) font pression sur l’Etat depuis des mois. Ce ne sont que quelques facteurs à l’origine de la hausse des déficits publics (structurels) et budgétaires, menant les pouvoirs publics à adopter une politique de rigueur pour soutenir leur politique de relance. Cette dernière est contrariée par la résurgence du Covid-19 dans le pays et par le manque de financement.
Pour surmonter ce choc, l’Algérie accélère le rythme de vaccination de sa population afin de procéder à une réouverture complète du pays d’ici l’automne ou l’hiver prochain. Plusieurs mesures de souplesse ont été déjà prises pour encourager un retour graduel de l’activité économique et sociale. Cette souplesse devra permettre, également, la mise en œuvre du Plan d’action prochain du Gouvernement. Respecter les priorités définies préalablement et relever les défis émergents durant cette période encore incertaine à cause de la progression du variant Delta dans l’ensemble des pays du monde. L’accélération des réformes financières globales et de la transition économique en Algérie dépendra notamment de l’efficacité des campagnes de vaccination (l’opérationnalité des infrastructures sanitaires à travers le territoire national), mais surtout du soutien de l’Etat du Plan économique et financier (2021-2022). La mise en œuvre de ce Plan est tributaire du déploiement rapide des campagnes de vaccination qui avance, lentement, dans le pays pour de multiples raisons.
Sans la vaccination de la population, particulièrement, active, il serait difficile pour les entreprises d’élaborer leur stratégie de développement et leur prévisionnel financier. Idem pour toutes les institutions et administrations de la Fonction publique. L’accélération de la vaccination anti-Covid-19 est considérée par les analystes et spécialistes internationaux et nationaux comme étant la clé de voûte pour le redressement de l’économie nationale, de l’investissement et de la consommation. Encourager la production (l’offre) et la consommation (demande) pour restaurer l’équilibre macro-économique (croissance, inflation, chômage..). Le rôle joué par les pouvoirs publics face à la pandémie a, certes, aidé les ménages et les entreprises, mais le déficit de croissance de ces dernières a explosé en raison du manque de financement et surtout de vision stratégique pour gérer les périodes de crise. Ces dysfonctionnements combinés au ralentissement de l’investissement étranger depuis quelques années ont affecté la rentabilité et la viabilité des entreprises nationales, notamment, publiques. Les opérateurs économiques et les ménages feront les frais sur un long terme.
Malgré cette situation financière inconfortable, considérée, plus ou moins conjoncturelle, le Gouvernement continue de concentrer ses efforts sur l’accélération de la campagne de vaccination pour immuniser la population, tout en se préparant au jour d’après la Covid-19, mais surtout pour faire face aux effets futurs durables de la pandémie. Toutes les mesures de soutien à l’économie nationale, notamment, à l’investissement sont nécessaires pour assurer la croissance effective économique (4% en prévision), au-delà de la croissance potentielle touchée par la récession de 2020. Depuis quelques semaines les signes de la reprise économique s’éclaircissent et redonne de l’espoir aux économiques des pays en développement fortement impactés par la double crise sanitaire et économique. La reprise se fera à une vitesse inégalée, mais reste une expérience pour ces pays afin de revoir leur modèle économique et aller vers l’économie de marché, car la Covid-19 a encouragé la démondialisation. Le retour à la normale est la quête de tous les pays du monde dont la reprise économique est affectée par la lenteur du déploiement de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Selon la Banque mondiale (BM), cette lenteur « pourrait entraîner une perte de 2.300 milliards de dollars de PIB mondial sur les trois prochaines années «.
Samira Takharboucht