Les vraies raisons du dérapage du Président Macron

En souhaitant l’apaisement, le Président Emmanuel Macron a-t-il pris conscience qu’il est allé trop loin dans les propos – jugés irresponsables par l’Algérie – qui lui ont été attribués par les médias français mais qui n’ont pas été démentis ? Le ton visiblement agacé du Président français quand il a prononcé ses propos concernant notre pays, laisse penser que quelque chose ne lui plaît pas dans l’Algérie Nouvelle. Les commentateurs français ont été unanimes à lier les déclarations du Président français au contexte pré-électoral en France. Les spécialistes algériens ont complété cette explication par des considérations propres à l’Algérie qui n’est plus la même qu’il y a quelques années.

L’enseignant de Sciences politiques et de Relations internationales à l’Université Blida 2, Moulay Boumedjout, a estimé que les propos de Macron, «bien intentionnels», reflètent «une nouvelle orientation au sein de l’administration française et une réaction à la fermeture des portes devant la France dans plusieurs domaines en Afrique et ailleurs, il a rappelé que «l’Algérie, dans le cadre du recouvrement de sa pleine indépendance et souveraineté, a retiré plusieurs marchés à des compagnies françaises et limité l’importation de produits superflus, qui provenaient essentiellement de France». Outre l’aspect économique, ces propos trouvent, pour l’universitaire, une explication dans «les remarquables progrès enregistrés par l’Armée algérienne, aussi bien en termes de formation que de qualité d’armement développé, ce qui lui a conféré des dimensions géostratégiques tant dans la région méditerranéenne qu’en Afrique du Nord».

S’agissant de la réaction algérienne aux propos de Macron, Moulay Boumedjout l’a qualifiée de «catégorique, pertinente et inédite», soulignant le caractère «stratégique» de la réponse de la Présidence algérienne qui, a-t-il dit, «répond aux aspirations du peuple». De son côté, l’analyste politique et enseignant à l’Ecole nationale supérieure de sciences politiques, Mohamed Si Bachir, estime que «l’influence de la Droite sur le discours politique en France a amené Macron à jouer la carte de l’Algérie dans la pré-campagne de la prochaine présidentielle».

L’analyse des propos du Président Macron indiquent qu’ils ont été prononcés à la légère. Sinon comment comprendre qu’il fasse la comparaison entre la colonisation française et la présence ottomane en Algérie. Comment peut-il ignorer que ce que les Algériens savent du système colonial français inhumain, ils le doivent, en grande partie, aux historiens et aux spécialistes français honnêtes comme Yves Lacoste, et non pas aux Turcs, absents de l’écriture de l’histoire de l’Algérie colonisée.
L. A.