Macron toujours dans le «déni de la barbarie coloniale»

Déclarations

Les déclarations du Président français Emmanuel Macron du 30 septembre ont «révélé au grand jour une analyse opportuniste et tronquée» de l’histoire passée et présente de l’Algérie qui ont conduit à son «échec» sur la question mémorielle car se plaçant toujours dans le «déni de la barbarie coloniale», estime le Pr Seddik Larkeche, expert international en gestion stratégique des risques.
Dans une contribution parvenue à l’APS et dans laquelle il répond point par point aux déclarations du Président français, cet universitaire franco-algérien relève que Macron a été «vexé» de n’avoir pas pu obtenir de l’Algérie ce qu’il voulait, notant que sa «stratégie d’influence (…) a été débusquée, malgré lui, par ses propos arrogants à l’égard de la nation algérienne, allant jusqu’à impliquer d’une manière outrageante la Turquie pour espérer se dédouaner de la tragédie coloniale française en Algérie».
Et de souligner que «la présence ottomane en Algérie n’a rien de comparable à la présence coloniale française», car, «en premier lieu, ce sont les Algériens qui ont fait appel à l’empire ottoman pour leur protection, le contraire de la conquête française en Algérie qui s’est imposée par effraction en volant, violant et massacrant à grande échelle les populations locales».
Le Pr Larkeche met ensuite en évidence le paradoxe d’un candidat Macron à la présidentielle en 2017 qui avait fait un «pas significatif en reconnaissant les crimes contre l’humanité et le devoir de repentance envers les victimes algériennes», mais qui, devenu Président, développera une stratégie contraire facile à démasquer : concéder des éléments mineurs avec une politique de petits pas soutenus par des historiens politiques et ne rien concéder sur le principal c’est-à-dire la reconnaissance-réparation des crimes coloniaux».
Il pointe, à ce propos, «l’échec du Président Macron sur la question mémorielle. «Son bilan est édifiant : pas de repentance, pas d’excuses, pas de restitution des archives, pas de nettoyage des sites nucléaires et chimiques pollués, pas d’indemnisation des victimes des effets nucléaires, pas de réparation si ce n’est quelques mesurettes pour masquer l’essentiel», fait-il remarquer
Evoquant la future loi de reconnaissance et de réparation aux bénéfice des harkis, le Pr Larkeche note que «la France aura finalement reconnu, amnistié ou réparé l’ensemble des acteurs ayant participé à la colonisation et à la guerre d’Algérie (rapatriés, militaires, activistes de l’OAS, harkis) sauf les principales victimes, les Algériens qui ont subi dans leurs chairs la barbarie coloniale de 1830 à 1962, avec près d’un tiers de la population décimée et des crimes contre l’humanité et des pratiques qui furent pires que celles du nazisme».
Agence