L’objet d’admiration est-il l’auteur de l’œuvre ou l’œuvre elle-même ?

Qu’admire-t-on dans une œuvre d’art ?

Ce qu’on doit admirer dans une œuvre, c’est à la fois le travail fignolé de l’artiste qui a donné le meilleur de lui-même pour obtenir un objet d’admiration et l’œuvre elle-même qu’on peut qualifier de chef d’œuvre d’une personne hors du commun qui s’est formé dans une grande école ou en autodidacte pour devenir un génie de la création digne d’admiration.

Pour réaliser son œuvre, il a fallu à l’artiste beaucoup de réflexion portant sur la conception, les proportions des éléments du décor et des couleurs pouvant donner l’illusion du réel. On a connu des artistes peintres portraitistes célèbres pour leurs capacités à recréer des portraits tels qu’ils ont existé avec leurs traits physiques et leur tenue vestimentaire, on les prendrait pour des photographies ; il s’agit de personnages qui ont appartenu à leur univers familier. Celui qu’on admire le plus, d’origine parisienne, sorti de l’Ecole supérieure des Beaux arts de Paris, est l’artiste peintre le plus célèbre pour ses scènes de la vie quotidienne à Bou Saâda qu’il a aimé pour ses couleurs vives, et avec la plus grande fidélité en ce qui concerne les teints des hommes et des femmes, leurs tenues vestimentaires de l’époque, durant les premières décennies du 20ème siècle. Appelé Nacer Eddine Dinet après sa conversion à l’islam et son adoption par Bou Saâda comme lieu de vie, Dinet s’est mêlé à la population au point d’adopter son mode de vie. La plupart de ses peintures ont été consacrées à Bou Saâda en s’attardant aux particularités de ses paysages et des tenues vestimentaires masculines ainsi que féminines et ce dans toutes leurs diversités. Dinet avait une œuvre colossale consacrée à cette région du Sud algérien qui l’a charmé dès le premier contact. Nous avons aussi des œuvres d’art dans la céramique et la sculpture artistique. Les jeunes talents surtout ont produit des portraits en céramique admirables, d’autres qui ont le don de manipuler le ciseau et le marteau pour produire de beaux portraits ou des statues qui immortaliser des visages de personnalités.

Le producteur d’une œuvre artistique est celui qu’on admire le plus
Il en est l’auteur, celui qui s’est donné corps et âme à donner une forme à son œuvre qu’il veut originale qui le place au rang des inventeurs. Le véritable artiste est celui qui crée ses propres œuvres sans avoir à s’inspirer de quiconque. C’est un homme ou une femme d’action qui, dès qu’il a une idée claire d’un objet artistique à réaliser, se met à l’œuvre pour la réalisation de son modèle et advienne que pourra, il va lui consacrer le temps qu’il faut. Prenons des exemples concrets : la vie quotidienne, d’une époque, celle où que a vécue et qu’il essaie de rendre immortelle. Au moyen des couleurs, il reconstitue minutieusement chaque élément du décor, en respectant scrupuleusement les proportions pour donner l’impression d’un paysage du pays et familier pour ses habitants qui se reconnaitront. Les personnages sont peints avec exactitude et ne manqueront pas de susciter des commentaires favorables des habitants portant les mêmes habits. Un travail de précision qui sera beau à voir une fois terminé. Et plus la toile vieillira, plus elle aura de la valeur. On éprouve un réel plaisir à admirer des tableaux de Dinet sur la vie à Bou Saâda de son temps. Les tableaux de Dinet qui remontent au début du 20ème siècle, donne à voir des toiles qui racontent l’histoire de la société, à une époque donné. On aimerait avoir quelques uns de ces tableaux par admiration pour l’artiste. Et que dire d’une belle œuvre écrite, peut-on la considérer comme une œuvre artistique. C’en est une sans conteste. L’auteur lui a donné naissance après un travail d’écriture digne des grands maîtres. Dans la mesure où il s’agit d’une création personnalisée, fruit d’un travail soigneux, on peut la considérer comme un œuvre d’art. Si c’est un roman dont le héros principal est un personnage hors du commun et s’il n’est pas un bestseller, il peut au moins intéresser un nombreux public si celui-ci a soif de nouveauté ou de fantastique. L’auteur a droit à tous les honneurs parce que c’est lui qui l’a produit en s’inspirant du réel ou en faisant une œuvre prémonitoire en imaginant un autre type de vie qui corresponde bien à son tempérament. L’auteur est supposé avoir innové en littérature. Une œuvre bien écrite remporte généralement un prix national du meilleur écrivain de l’année, quelquefois même un prix international, parce que le livre est lu partout, il est vite jugé bon ou mauvais, et c’est l’auteur qui est jugé. Que de gens prétentieux se sont imaginé avoir réussi à écrire un livre, mais ils se trompent car seul le public peut apporter un jugement exact sur la qualité de l’œuvre et si elle mérite le titre d’œuvre.

A-t-on raison d’admirer beaucoup plus l’objet d’art que l’artiste qui l’a produite
Effectivement, on admire en premier lieu l’œuvre si elle est extraordinairement belle. Un tableau de peinture peut être l’objet d’une grande admiration pour ses nombreuses qualités. Avec des moyens rudimentaires artificiels, la gouache ou un ensemble de couleurs qu’il mélange pour obtenir d’autres variétés de couleurs, il reconstitue exactement comme il est un paysage naturel.
L’analogie entre la copie et l’original est parfois indiscutable et dans ce cas il n’y a pas de différence entre le tableau et la photographie de qualité. L’auteur a été attentif aux moindres détails, si bien que chaque élément du paysage et des êtres qui s’y trouvent n’a pas échappé au pinceau. On a vu chez Nacer Eddine Dinet des petits tableaux qui font la peinture des scènes de la vie quotidienne, montrant par exemple un marchand de fruits installés contre une devanture, où le marchand offre une orange à une femme pauvre portant un enfant sur le dos, là c’est le coin du cordonnier travaillant à réparer des souliers que lui ont apportés de pauvres gens et discutant avec un vieux. Ainsi que de vieilles traditions il a pérennisées par ces petits tableaux du quotidien de la région. On reste ébahi quelquefois devant le buste ou la statue de quelqu’un et obtenu avec des outils rudimentaires : des ciseaux bien aiguisés et un marteau pour tailler dans la pierre ou le bois jusqu’à obtention de l’objet d’art, admiré par tous. Heureusement, il y a eu des sculpteurs depuis la nuit des temps, car aux siècles où il n’y avait aucun moyen moderne de photographier un être vivant ou un lieu historique, il y avait les sculpteurs ou les peintres et dessinateurs pour les immortaliser. C’est grâce à eux que nous avons au moins les visages des personnages illustres d’il y a des millénaires. On considère leurs travaux réalisés avec beaucoup de dextérité comme des pièces de musée à valeur inestimable. En consacrant des journées de leur vie, voire des mois, des années à éterniser une grande partie du patrimoine historique par des œuvres artistiques, ces hommes de tous les temps ont leurs noms gravés dans les mémoires. Tous les tableaux et les pièces sculptés retracent des pans importants de notre histoire, on cesse de les regarder pour essayer de comprendre mieux le décor et les personnages qu’on doit garder en mémoire pour ce qu’ils représentent. Et la narration, ainsi que la description par l’’écriture est un art, il l’est dans tous les sens du terme. Mais n’oublions que cette forme d’écriture peut être un art dans un autre art. L’art de bien présenter ou de narrer ce que font les personnages, intéressent une grande partie du public, c’est quelque chose qu’on admire et qui n’est pas donné à tout le monde tant il exige de celui qui veut pratiquer de nombreuses qualités : avoir le sens de la chronologie, être simple dans son langage pour intéresser un large public, avoir un style le plus compréhensible possible. Leur sens des repères spatiotemporels est un plus considérable dans leur don d’écrire à la manière des artistes. Mais les auteurs sont capables de retracer, par exemple, la vie d’un personnage atypique en peignant d’abord son physique, sans oublier aucun détail, avec des mots simples, mais précis et qui présente un tableau digne d’une toile de grand maître du pinceau et mis en relief par un décor naturel, une nature vivante, dans toutes ses composantes, au printemps, saisons aux couleurs très nuancées, étant donné l’immense variété des végétaux et des fleurs, tout ce que la nature a de plus beau pendant la belle saison où tous les éléments renaissent à la vie.
Et l’art de la reconstitution est tel que le tableau peut être considéré comme une copie conforme à la réalité.
Que c’est beau ! Ne cessent de répéter les lecteurs connaisseurs de la qualité du texte, ils découvrent qu’avec les mots de tous les jours on peut écrire un chef d’œuvre comparable sur le plan esthétique à une de maître du pinceau.
Boumediene Abed