Un projet de loi pour plafonner les marges bénéficiaires «soumis au débat»

Plus de 145.000 affaires présentées devant la Justice et 2 Mds DA de produits saisis

Depuis plusieurs mois, les spéculateurs et les corrompus sont dans le viseur des autorités, engagées depuis des mois dans la lutte contre l’économie spéculative. Lutter, en parallèle, contre la perte du pouvoir d’achat à cause de la hausse excessive des prix à la consommation. Fondée sur des faits objectifs, la nouvelle stratégie du ministère du Commerce et de la promotion des exportations riposte d’ores et déjà à l’assaut des spéculateurs sur le marché. Le ministre de tutelle, Kamel Rezig a annoncé, avant-hier, lors d’une séance plénière consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale (APN) la mise en place de nouveaux mécanismes pour lutter contre la spéculation et la hausse des prix. Il a parlé d’un nouveau «projet de loi pour le plafonnement des marges bénéficiaires pour les produits de base mis sur la table du Gouvernement pour y être débattu».
Les mesures de fixation des prix et du plafonnement des marges bénéficiaires pour les produits de large consommation, annoncée, il y a quelques mois déjà, devrait être mise en œuvre en collaboration avec d’autres secteurs, engagés, également, dans la lutte contre la spéculation et la corruption en vue de préserver le pouvoir d’achat des Algériens en prenant en considération les intérêts des commerçants. La lutte contre l’inflation est un travail de longue haleine, a fait savoir le ministre du Commerce, estimant que «le changement du modèle chaotique du marché ne peut être opéré du jour au lendemain, mais plutôt aux moyens et long termes jusqu’à ce que le marché soit organisé en termes de facturation et de plafonnement des marges bénéficiaires». Selon lui, «la facturation est une mesure nécessaire pour pouvoir plafonner les prix», ajoutant que «cette question sera abordée patiemment en concertation avec les agriculteurs et les commerçants».
Le nouveau projet de loi pour le plafonnement des marges bénéficiaire vient compléter les efforts réglementaires déjà entrepris par les autorités, expliquant, dans ce sens, que «la loi en vigueur ne permet pas de plafonner les marges bénéficiaires et qu’une fois ce projet de loi est adopté le ministère du Commerce et de la promotion des exportations aura le droit, en collaboration avec d’autres secteurs (sans les citer) de plafonner les marges bénéficiaires des produits de base».
Tous les secteurs économiques doivent consentir à cet effort afin d’atteindre l’objectif principal qu’est l’éradication du phénomène de la corruption et de la spéculation à l’origine de l’anarchie que connaît le marché national depuis des décennies.
«Le Gouvernement œuvrait sérieusement à une organisation scientifique et technique du marché à la faveur d’un cadre juridique organisé», a-t-il affirmé. Quant à sa réponse sur la hausse exubérante des prix sur le marché national, M. Rezig a justifié cette augmentation par «la flambée des prix à l’international», ajoutant que «cette question ne concerne pas seulement l’Algérie, étant un phénomène qui touche tous les pays du monde en raison de la pandémie mondiale qui a provoqué la flambée des prix et l’inflation». Il a cité l’exemple de la production agricole locale qui, selon lui, «nécessite l’importation de matières premières et complémentaires de l’étranger, ce qui entraîne une augmentation des prix de certains produits», rappelant, dans ce sillage, que «le marché algérien connaît des déséquilibres depuis des décennies».
Plus de 145.000 affaires présentées devant la Justice
en 2021
Revenant sur le bilan des services de contrôle de son département, le ministre a indiqué que «plus de 145.000 affaires présentées devant la Justice en 2021 dans le cadre de la lutte contre la corruption sur le marché algérien et contre la hausse des prix», affirmant que «avaient effectué en 2021, dans le but de lutter contre toutes les formes de corruption sur le marché algérien en vue d’éviter la hausse des prix et préserver le pouvoir d’achat du citoyen, 1.801.578 interventions donnant lieu au constat de 153.101 infractions et à l’établissement de 145.359 procès-verbaux de poursuites judiciaires».
Selon les chiffres avancés par
M. Rezig, ces services ont pris des «mesures administratives conservatoires consistant en la saisie de marchandises d’une valeur dépassant 2 milliards de DA durant la même période».
Concernant les opérations de stockage illégal de la pomme de terre et de l’huile, le premier responsable du secteur a déclaré que « depuis la promulgation de cette loi, plus de 100 poursuites judiciaires ont été enregistrés en l’espace de 15 jours, à l’encontre de commerçants ayant pratiqué la spéculation, notamment dans la pomme de terre et l’huile», précisant qu’«une carte a été créée, en 2021, pour recenser tous les entrepôts destinés au stockage des marchandises, qu’elles soient froides ou sèches, afin de suivre la traçabilité de ces produits, ajoutant que cette opération permettra aux services du ministère du Commerce de lutter contre toute hausse injustifiée du prix dans le cadre de ses prérogatives».
Samiraw Takharboucht