Le pétrole s’envole au-dessus de 92 dollars

Un «choc haussier» menace le marché mondial

Les prix du pétrole, les deux références (Brent et WTI) ont dépassé, hier, la barre des 92 dollars. une hausse prévisible, après l’annonce, mercredi dernier, des 23 pays membres du groupe informel Opep+ de maintenir leur stratégie de production inchangée pour le mois de mars, (augmentation de 400.000 b/j), en pleine crise énergétique et hausse accélérée de la demande. Ce trend haussier se poursuivra dans les prochains jours ou semaines, ou même mois, si l’Iran ne reviendrait pas sur le marché et la crise ukrainienne venait à s’aggraver. Unanimement, les experts et spécialistes du domaine table sur un «choc haussier des prix du brut». C’est ce qu’a déclaré l’expert, Mourad Preure, lors de son passage sur les ondes de la radio algérienne, jeudi dernier.
Une hausse soutenue, expliquée, selon lui, par «la reprise vigoureuse de la demande mondiale, mais aussi au désinvestissement dans le secteur des hydrocarbures depuis 2013 qui a reculé de plus de 1.000 milliards de dollars au niveau international», évoquant d’éventuels «risques d’approvisionnements du marché et un choc haussier des prix du brut». Ce choc est directement lié au déséquilibre structurel du marché pétrolier mondial et la baisse des investissements provoqué par la crise sanitaire et économique, mais surtout par la réticence des compagnies pétrolières qui sont en pleine transformation (renouvelable).
«Le niveau des découvertes des hydrocarbures n’a jamais été aussi bas, atteignant 1.947 découvertes, alors que la planète consomme 6 barils lorsqu’elle en découvre un seul», a souligné M. Preure, évoquant les répercussions de cette situation sur les investisseurs dans ce domaine qui explorent toutes les pistes de sorties de crise.
«La conséquence de cette situation est le fait que l’industrie pétrolière a souffert. Ce qui fait qu’aujourd’hui, hormis les compagnies américaines Exxonmobil et Chevron qui pensent à se marier, toutes les autres sont en train de se reporter vers les énergies vertes et postulent à devenir des leaders dans la neutralité carbone», a-t-il indiqué
Les projets d’exploration et d’exploitation des énergies fossiles sont en baisse, depuis plusieurs années, impactant les niveaux de production de l’or noir des pays producteurs et leurs réserves. «La tendance haussière des prix du pétrole a pris en compte aussi l’épuisement des réserves mondiales et la consommation des pays émergents, qui est en forte croissance et atteindrait, les 80 % de la consommation mondiale dans les prochaines années», a-t-il indiqué.
L’expert a recommandé à la compagnie nationale d’être plus compétitive et plus innovante pour profiter de l’évolution du marché et échapper à la fluctuation des prix du pétrole sur le marché.
Il a appelé à donner «au groupe Sonatrach les moyens pour qu’elle puisse se déployer hors du territoire national», estimant que «la puissance pétrolière des pays producteurs ne réside plus dans les niveaux des réserves et de production. Elle réside dans la compétitivité et le pouvoir innovant de leurs compagnies pétrolières et énergétiques «.
Il a préconisé, également, la mise en place d’une nouvelle stratégie énergétique par l’Algérie pour s’adapter aux mutations du marché mondial.
Samira Tk