Un acte barbare commis par l’aviation française

Le 8 février 1958, l’aviation française a violé l’espace aérien tunisien pour bombarder un village situé sur la frontière avec l’Algérie occupée, Sakiet Sidi-Youcef, par un jour de marché. Le bilan a été extrêmement lourd : les bombardements avec des avions de type «B-26»et «Mistral»contre des civils sans défense, dans un marché hebdomadaire et dans une école, ont fait plus de 100 morts et 130 blessés, dont de nombreux enfants surpris dans leur école, en plus de la destruction totale des infrastructures vitales du village. Sur 25 avions utilisés dans les bombardements de Sakiet Sidi-Youcef, 17 ont été fabriqués aux Etats-Unis. L’événement a suscité une condamnation internationale.

Cet acte barbare avait été justifié par un «droit de suite»invoqué par les autorités françaises qui considéraient que l’Armée de libération nationale (ALN) avait fait de la Tunisie nouvellement indépendante une base logistique arrière à partir de laquelle elle menait ses actions armées contre l’armée française d’occupation. «Mais ces faux prétextes ont rapidement révélé leur caractère mensonger lorsque les médias internationaux ont dévoilé la vérité sur l’agression barbare de l’armée française»sur des civils, note Athmane Menadi, enseignant à l’université de Souk Ahras.

Cet universitaire a rappelé que la cuisante défaite, essuyée le 11 janvier 1958 par l’armée française dans la bataille de «El Ouasta», près de Souk Ahras durant laquelle 15 de ses soldats furent tués et 4 capturés par l’ALN, avait provoqué la colère de la France qui accusait la Tunisie de connivence avec les moudjahidine algériens, prétendant qu’ils étaient partis de la frontière tunisienne. «Loin de briser par la terreur les liens de fraternité des deux peuples voisins, les bombardements français de Sakiet Sidi-Youcef ont cimenté davantage leur solidarité», affirme-t-il. Sur le terrain, cette lâche agression n’a pas eu les résultats escomptés par la France coloniale.

Le professeur d’histoire à la même université, Othmane Menadi, affirme qu’«en dépit de l’atrocité du massacre de Sakiet Sidi-Youcef, l’événement douloureux a concrétisé le sens de la solidarité et de l’unité entre les deux peuples et a édifié un autre pont de cohésion et de fraternité entre les deux pays». Quant à l’enseignant en histoire à l’université de Souk Ahras, Djamel Ouarti, il rappelle que «l’attaque brutale contre le village Sakiet Sidi-Youcef où était implanté sur une colline une caserne de la Garde nationale tunisienne, et de l’autre côté des frontières, un centre militaire français dirigé par le capitaine René Allard, a été décidée par le ministère français de la défense de l’époque».
L. A.