En mode «crise», l’Algérie se protège des effets des sanctions occidentales contre la Russie

Nouvelles mesures de Tebboune en faveur de l’économie nationale

Faisant face depuis plusieurs mois au phénomène de la hausse « démesurée » des prix de plusieurs produits de large consommation, évoluant depuis le début de la crise sanitaire de la Covid-19 en 2020 de façon linéaire, les Algériens qui, malheureusement, ne disposent pas tous d’un matelas d’épargne pour faire face à un nouveau choc inflationniste, doivent, désormais, se préparer à toutes les éventualités. Pénurie de produits alimentaires et flambée des prix. Deux éventualités que l’Etat veut éviter, dans un contexte international très complexe en raison de la guerre en Ukraine qui risque de basculer le monde dans une nouvelle ère.
Une ère à laquelle aucun Etat n’est préparé. Les conséquences des sanctions économiques et financières prises par l’Occident et les Etats-Unis contre la Russie risquent de porter un coup dur à l’économie nationale, surtout aux ménages qui trinquent déjà depuis des mois à cause de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie nationale (Dinar, -6% en septembre écoulé).
Malgré les discours rassurants des ministres du Commerce et de l’Agriculture et du Développement rural, ces dernières semaines, en affirmant la disponibilité de réserves suffisantes de blé et d’autres produits alimentaires pour plusieurs mois encore, le consommateur, sous tension à chaque fin du mois, craint de ne plus pouvoir payer son plein de course même quotidien si l’envolée des prix se poursuit à ce rythme. En réponse à cette inquiétude et pour amortir le choc de l’inflation qui grignote chaque jour un peu plus du pouvoir d’achat des Algériens, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé de prendre de nouvelles mesures additionnelles, plus ciblées en faveur des ménages, mais aussi des agriculteurs et des investisseurs. Il s’agit de l’interdiction de l’exportation des produits importés par l’Algérie en vue de contrôler les prix au niveau intérieur, contrer l’inflation et préserver sa population d’une crise alimentaire qui menace l’humanité depuis le début de la guerre en Ukraine et l’embargo sur le blé russe et les restrictions prises par certains pays producteurs concernant l’exportation des grains. L’huile de tournesol, les œufs, la volaille, le sucre sont aussi soumis à des restrictions par les pays exportateurs, ce qui fait craindre la rupture brutale de l’approvisionnement de ces pays de leur client. L’Algérie, grand importateur du blé russe et ukrainien cherche déjà de nouveaux marchés pour se ressourcer pour éviter la pénurie. Attentives à l’évolution du marché des matières premières de plus en plus volatil, les autorités algériennes optent pour la prudence en interdisant l’exportation des produits importés pour calmer l’inflation, mais aussi pour encourager la production locale.
Le chef de l’Etat a interdit l’exportation des produits de large consommation qui commencent à manquer dans les rayons des commerces dans plusieurs pays du monde et chez nous. La semoule, l’huile, le sucre, les pâtes et tous les dérivés du blé produits localement sont désormais destinés uniquement au marché intérieur. De plus en plus de pays adoptent cette stratégie pour répondre aux conséquences de la crise géopolitique en Europe qui risque de provoquer l’effondrement de l’économie mondiale qui arrive à peine à se remettre de la crise sanitaire.
Les mesures prises par le Président Tebboune visent à soulager l’économie nationale des effets négatifs des sanctions actuelles, notamment, par le biais de soutien à l’investissement en ordonnant la levée de tous les obstacles bureaucratiques pour libérer les investissements.
La crise géopolitique qui propulse les cours du pétrole à un niveau record, peut profiter au pays qui devra miser sur de nouveaux fonds de relance de son économie afin de la diversifier, tout en renforçant le secteur de l’énergie.
Par ailleurs, le pays devra prendre de nouvelles mesures pour affronter la récession en raison de la faible croissance économique du pays et de l’accélération de l’inflation. L’une des options sur la table depuis des mois serait le soutien des agriculteurs qui «s’approvisionnent le stock stratégique de l’Etat en blé dur et tendre et en légumineuses avec diverses incitations, dont le soutien sous forme de prêts, d’engrais et d’autres avantages». Encourager la production et la consommation locale afin de réduire ou même supprimer la dépendance du pays aux produits étrangers. La guerre en Ukraine et le régime des sanctions par l’Occident et les Etats-Unis contre la Russie a démontré à nouveau la vulnérabilité de l’économie rentière du pays qui devra désormais se préparer à des chocs similaires dans l’avenir.
Samira Takharboucht