Ce stress dans le monde du football, «un mal silencieux»

«Le constat est sans appel». Le train de vie luxueux des footballeurs s’accompagne souvent d’un mal-être profond, causé par le stress et l’anxiété d’une vie professionnelle instable. «Mal silencieux» plus important qu’il n’y paraît chez les footballeurs, lors des grandes compétitions mondiales, passé souvent sous silence par les intéressés eux-mêmes, estiment les professionnels internationaux de la santé.BeIN Sport a traité récemment de ce sujet qui alerte les consciences des gestionnaires du football, joueurs et supporters. L’initiative épouse une actualité brûlante, qui concerne la santé de la plupart des joueurs et supporters. Un tel documentaire rappelle qu’il est plus qu’urgent de sensibiliser les acteurs des sports autour de ce mal silencieux.

Une mauvaise blessure à éviter
La synthèse de ce documentaire met en vitrine les vérités que nous ignorons, des vérités qui n’apparaissent que lorsque le joueur brise le silence. Il y a d’abord sa fin de carrière difficile à assumer, une blessure qui éloigne longtemps des terrains, non seulement, et surtout ce qui est dur pour le joueur, lorsqu’il sent qu’il est en train de perdre sa place de titulaire ou encore une perte de place de titulaire : des exemples se bousculent et révèlent les causes de ce stress. Ce monde secret impénétrable aux uns, mais pas aux autres, il permet d’être détecté par les familles et proches des joueurs. Il se résume par ses dépressions à répétition causées par les diverses situations qu’ils traversent dans son club ou hors du club, à bout, ne pouvons plus vivre avec ces situations qui empoisonnent leur vie de sportif, décident, à en parler, à se confier aux médias d’où ce documentaire de BeIN Sports intitulé : «Silence, je tombe», réalisé par John Ferreira et Julien Grès, qui revient sur quatre cas de footballeurs qui ont dû faire face à cette situation.
«38% des footballeurs concernés»
Parmi eux, des joueurs très bien payés et selon une étude de la FIFPro, 38% des footballeurs présentent des symptômes de dépression ou d’anxiété. Le documentaire est à l’initiative notamment de Damien Perquis, ancien défenseur de Sochaux et Saint-Étienne, qui a subi une grave blessure à la tête et une convalescence difficile à supporter. Récemment, le journal Le Point, rapportait que l’ex-international françaisThierry Henry avait souhaité interpeller l’opinion publique sur le cas de Neymar qui a souvent fait part de son état mental. «Neymar a souvent parlé dans ses dernières interviews de son bien-être, de la pression… Donc ma première réflexion était : “Est-ce qu’il est bien ?” Ce n’était pas « il ne fait plus de petits ponts, de sombreros, il n’accélère plus ». Il parle mais est-ce qu’on l’entend ? Il demande de l’aide, il y a des choses qui se passent dans sa tête, comme tout être humain», conclut l’ancien attaquant d’Arsenal.

«Je me suis mis à pleurer sur le terrain»
Le documentaire de beIN Sports cite comme exemple le cas de «Yoan Cardinale, ancien gardien de l’OGC Nice aujourd’hui au chômage , qui prend la parole et fait ainsi part de ses regrets d’avoir gardé toutes ses pensées et émotions pour lui. Après avoir perdu sa place de titulaire dans les buts, le portier s’était replié sur lui-même, au point d’avoir une humeur massacrante au quotidien et de provoquer une rupture dans son couple… On peut être l’homme le plus fort du monde, cacher son mal-être, c’est dur. Je me suis mis à pleurer sur le terrain… des larmes de nerfs. Et mesure à la fois les répercussions de pareilles situations sur leurs familles.

«Le stress pousse à la dépression»
De pareils faits ne s’enregistrent pas uniquement en Europe, mais touche une grande majorité des joueurs dans le monde. Le consultant Bundesliga de beIN raconte ses tentatives de suicide et les conséquences qu’elles ont eues sur son entourage. L’ancien joueur de Saint-Étienne évoque une vie compliquée
«Quand tu es dans la dépression, tu peux tomber encore plus bas. Et tu te dis « vas-y, va voir ! Fais-toi mal ! »». En exprimant leurs maux sans détour et à visage découvert, les protagonistes de «Silence, je tombe» participent à la libération de la parole sur un thème encore très sensible dans le milieu du ballon rond. En Algérie, des cas similaires ont été enregistrés, et d’autres se manifestent dans le silence, notamment pour ceux qui préfèrent le silence à la parole pour dire tout haut ce qui les chagrine, et perturbent.
Enfin, selon Vincent Gouttebarge, médecin chef de la FIPPRO, «c’est un tabou qu’il faut faire tomber». Les problèmes de santé mentale ne sont pas reconnus. Les joueurs n’osent pas se confier par peur du jugement, de la non considération ainsi que la peur d’être déclassé. Raphaël Homat va plus loin en s’interrogeant sur la neutralité des médecins salariés des clubs. En effet, un joueur peut cacher des douleurs à son kiné, de peur que celui-ci en parle au médecin de l’équipe, et que l’entraîneur soit au courant.
Synthèse de H. Hichem