Un libraire pas comme les autres

A la rencontre de Mohamed Amine Maâche

Mohamed Amine Maâche, un jeune Mostaganemois, est l’un de ceux qui ont réussi, en peu de temps, à transformer leur passion pour la lecture et le livre en projet culturel, comptant sur ses propres ressources et sa grande volonté pour concrétiser son rêve : ouvrir sa propre librairie. Ce jeune autodidacte a réussi à faire de sa librairie, dénommée «Yasmine-El Gharb», sise au centre-ville de Mostaganem, la destination des amoureux du livre et de ceux cherchant l’aventure entre les rayons des livres, venus des différentes régions du monde. Mohamed Amine Maâche tient, comme il le répète, à faire de cet espace un endroit pour la diversité culturelle et une passerelle pour les différentes civilisations. Ce jeune de 29 ans a arrêté ses études en 2010 alors qu’il était en première année secondaire. Il a lancé son projet il y a quatre ans, s’éloignant du parcours qu’il s’est lui-même tracé après avoir obtenu des diplômes de la formation professionnelle dans la pâtisserie et l’hôtellerie. Parmi ses nombreux loisirs, dont l’élevage d’oiseaux, le dressage de chiens et la plongée libre, Mohamed Amine a choisi sa passion de la lecture pour en faire son premier projet à réaliser. L’aventure de Mohamed Amine avec le livre a commencé comme vendeur ambulant, qui s’est transformé en une volonté inébranlable de lancer son propre projet lors de sa participation à une exposition à Laghouat.
Mohamed souligne que c’est le hasard qui l’a rendu propriétaire d’une librairie, après avoir vécu une expérience unique en vendant des livres, s’interrogeant sur le bonheur des lecteurs en acquérant ces quantités d’ouvrages et leur plaisir à emprunter leurs lignes noires, lui qui trouvait des difficultés à les suivre. Après sa participation à une exposition dans la wilaya d’El Bayadh, Mohamed a commencé à observer les tendances des lecteurs et leurs centres d’intérêt, et l’idée a commencé à germer dans sa tête de fonder une librairie spécialisée dans le roman et la littérature mondiale et en faire un havre pour les livres rares de grande valeur dans les domaines philosophiques et intellectuels.
Il a confié que c’est son épouse qui a choisi le nom de «Yasmine-El Gharb» et a embelli les rayons des livres avec des dizaines de plantes, qui font désormais partie du décor de cet espace culturel, en plus des oiseaux qui donnent aux visiteurs la sensation d’être dans un jardin magique, à la recherche d’objets perdus entre les rayons.
Au début, la librairie a fait face au défi du lectorat, mais sa bataille la plus difficile a été la pandémie du Coronavirus qui a beaucoup influé sur les ventes des livres, notamment durant les longues périodes de confinement, poussant Mohamed Amine à déclarer «forfait» et à baisser rideau.
Néanmoins, encouragé par de nombreux lecteurs, intellectuels et auteurs, qui ont essayé d’aider cet espace culturel à continuer, Mohamed Amine a repris son activité, surtout que les prémisses de la fin de la pandémie commencent à poindre à l’horizon, même si la librairie croule sous le poids des dettes, «la rançon du Covid-19», selon lui. Bien que le nouveau magasin de la librairie ne soit pas loin de l’ancien lieu, Mohamed Amine a adopté cette fois un nouveau plan pour préserver son projet, s’appuyant sur les réseaux sociaux et l’acquisition avec soin de livres que les lecteurs demandent afin que la librairie soit toujours à leur service, sans parler d’ouvrages réservés à la lecture et non destinés à la vente, à travers lesquels il entend contribuer à encourager la lecture. Le passionné de lecture a indiqué que la mission de la librairie dans la transmission du savoir et dans la mise en place de passerelles de connaissance doit continuer, même sous d’autres formes ou par l’adoption de nouveaux médias, insistant sur la persévérance, quelles que soient les circonstances, même s’il faut vendre les livres à distance ou par la création d’un café culturel dans lequel le roman, la pièce de théâtre et la littérature en général font partie intégrante de la liste des commandes.
R.C.