Noureddine Saoudi enchante le public algérois

Palais de la Culture, Moufdi-Zakaria

Le grand ténor de la musique andalouse, Noureddine Saoudi a enchanté samedi soir, le public algérois, avec un concert de chants varié, marquant son retour, après s’être éloigné un «long moment», selon ses fans, de la scène artistique.Durant près de deux heures, les spectateurs de l’Auditorium du palais de la Culture, Moufdi-Zakaria, ont pu apprécier la richesse et la diversité des genres, andalou et chaâbi ainsi que quelques compositions de Nouredine Saoudi, ténor «à la voix présente, dotée d’une large tessiture et d’un remarquable vibrato», diront de lui les connaisseurs de la musique andalouse. L’Artiste a rendu, en quatre parties, une trentaine de pièces marquant ainsi son retour après une absence qui aura duré «cinq ans», a-t-il déclaré, après avoir fait part à son public de son «immense bonheur de le retrouver». Un orchestre de professionnels composé par, Rédha Tabti et Mehdi Bouguerra aux violons, Réda Kaouas au banjo, Abdelkader Tlili au clavier, Rabah Azzoug au Nay, Fouad Berber au tar et Mohamed Lamine Belabbès à la derbouka, a soutenu le chanteur, également musicologue et chercheur en patrimoine musical.
Œuvrant à la préservation et à la socialisation de la mémoire culturelle et musicale andalouse, Noureddine Saoudi a embarqué son auditoire dans une randonnée onirique, interprétant : des extraits de la Nouba Dil, quelques pièces hawzi et chaâbi, ainsi qu’une dernière partie consacrée à ses propres compositions.
Rappelant d’entrée ses talents d’instrumentiste à la mandole et de chanteur accompli, le ténor et son orchestre ont interprété des extraits de la nouba Dil, introduits par la Touchia éponyme que le maître Abdelkrim Dali (1914-1978), «a ramenée du répertoire gharnati à Alger, récupérée alors par Abderrezak Fekhardji (1911-1984) pour enrichir depuis, le genre Sanâa», a expliqué Noureddine Saoudi. Dans la solennité du moment, le ténor a enchaîné avec, «Fil’ qalbi mawdaâ el habib», «Malakni el hawa», «Houm fi hal, tahta dhilal el yassamine», «Rimoun ramatni sihamouha» et «Laqitouha fi tawafi tessâa», au plaisir d’un public recueilli dans des atmosphères de grands soirs. Interagissant avec le public, Noureddine Saoudi a entretenu son élan lyrique avec la partie hawzi, deuxième station du voyage, qui a compté les titres, «Ya taleb», «Yal’wahed khalek laâbed», «Ach men mersoul» et «Ana el kawi», un choix de pièces qui a servi de transition à la partie chaàbi, entamée dans le mode Zidène avec, «Adrouni yahli lech t’loumouni hakda f’hali». Dans un plaisir manifeste de retrouvailles, l’Artiste s’est amusé à faire chanter son public sur le mode Moual, entonnant avec lui les pièces, «Koum Tara» et «Wahd el ghoziel», dans une courte séance improvisée de master class, qu’il a conclu dans la convivialité en lançant à ses «stagiaires», «Vous avez bien mérité vos diplômes, maintenant vous pouvez chanter en public!».
La dernière partie du récital a été marquée par l’adaptation du texte andalou de «Ya qalbi khelli el hal» à la valse No 2 du compositeur russe Dmitri Chostakovitch (1906-1975), un aperçu du génie créatif du ténor algérois que le public à très bien apprécié et longtemps applaudi.
Quelques pièces du terroir suivront avant d’enchaîner «Koulou el Yamna», dont une partie a été rendue par le chanteur en Espagnol, «Ya Dzayer lik en âoud», «At’gherreb’t wem’chit», «Ma ghadni fi sebri», «Mahla âïynik» et de conclure dans l’euphorie suscitée par la cadence «berouali» avec «Kane m’âkoum djet».
«Un récital de Noureddine Saoudi est une félicité qui se mérite», a lancé une dame parmi l’assistance qui s’est délectée, applaudissant longtemps Noureddine Saoudi et ses musiciens.
Le palais de la Culture Moufdi-Zakaria poursuit son programme d’animation des soirées du mois de Ramadhan, avec notamment des spectacles de chants religieux (inched), de musique andalouse et de variété algérienne.
R.C.