Explosion des ventes à domicile en Algérie

Elle fait vivre un quart de million d’Algériens

L’apparition de la pandémie du Covid-19 en Algérie en mars 2020, le passage forcé au confinement total et l’application stricte des mesures sanitaires, ont manifestement affecté et changé le comportement habituel des citoyens. La vente à domicile à pris alors le relais.

Un grand plan sur un secteur qui échappe au contrôle de l’Etat. Il s’agit de la vente à domicile et à distance. En plein essor, la filière emploi, même aujourd’hui, plus de 250.000 personnes en Algérie, voire beaucoup plus même car, le nombre de nouveaux « adhérents » à la vente à domicile ne cesse d’augmenter. Ce mode de vente vient des Etats-Unis après la crise de 1929 qui a frappé l’Amérique. Aujourd’hui, la vente à domicile à l’instar de la vente à distance, voire sur Internet, est en train de gagner du terrain, elle représente actuellement presque 30% de la part du marché. Une activité libérale pour certains, un vieux métier pour d’autres, un soutien financier pour des milliers de citoyens pour pouvoir rejoindre les deux bouts en ces temps difficiles et une nouvelle tendance pour de nombreux d’autres Algériens, la vente à domicile est devenue une source vitale pour de nombreux annonceurs, elle a grandement contribué dans l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens.
Sur les sites e-Bays, plus d’un million d’articles et des centaines de milliers de produits sont quotidiennement offerts par les annonceurs, des particuliers surtout. Très prisés par les Algériens, des dizaines de milliers de produits sont quotidiennement passées au peigne fin par les visiteurs sur la grande Toile. Un véritable marché virtuel.
En face, de nombreux vendeurs à domicile proposent sur les réseaux sociaux des produits à vendre, avec des photos soigneusement collées et montrées au grand bonheur des acheteurs, entre autres des vêtements, des détergents, des produits cosmétiques et autres avec des prix concurrentiels comparativement à ceux proposés dans les commerces.
Le phénomène de la vente à domicile a pris, depuis l’année 2012, une ampleur considérable en Algérie avec l’apparition des sites spéciaux qui proposent de multiples produits et services. Aujourd’hui, ce genre de vente a drainé la grande foule sur les réseaux sociaux devenant une source d’approvisionnement intransigeante dans la vie quotidienne des Algériens. Des milliers d’annonceurs proposent tous genres de produits à l’enceinte même de leurs foyers.
La vente à domicile ou appelée aussi la vente directe c’est devenu même une tendance chez beaucoup d’Algériens. Dans les maisons, des femmes proposent à leurs voisines, proches et amies ou carrément même sur les réseaux sociaux des vêtements et des produits cosmétiques venus de l’étranger, tandis que d’autres jeunes personnes ont loué des surfaces à l’intérieur des maisons parentales pour vendre pleins d’objets et marchandises aux clients.
Sur le célèbre site Ouedkniss, très prisés par les Algériens, beaucoup de vendeurs à domicile proposent, avec des photos et vidéos, des vêtements neufs ou de la bonne occasion, des produits de détergent, cosmétiques, pièces de rechange pour véhicules, des produits électroménagers et autres biens avec des prix concurrentiels comparativement à ceux proposés chez les boutiques. Ces vendeurs à domicile échappent à tout contrôle de l’Etat.

Des objets de grandes valeurs volés et vendus sur la Toile
Aujourd’hui, les sites web spécialisés dans la vente et achat des produits, des maisons, des véhicules et diverses marchandises, ont connu un boom en Algérie. Certaines annonces sont soupçonnables car, derrière ce grand marché se cache un vaste plan d’escroquerie qui vise les acheteurs, sans que ces derniers ne soient au courant.
Combien de clients ont été victimes d’une arnaque via les sites de vente sur Internet ? Il s’agit, selon un gendarme enquêteur, de plusieurs milliers de cas. « Oui, la vente sur Internet est devenu un refuge sûr pour les escrocs, qu’ils soient étrangers ou locaux. C’est pour cela que nous appelons les consommateurs à être prudents et surtout très vigilants lors des transactions commerciales sur la Toile.
En revanche, nous avons ce qu’on appelle des patrouilles mobiles qui surveillent chaque objets vendus via les réseaux sociaux en particulier et en général sur la Toile.
Sur ce plan, nous avons réussi de démanteler plusieurs réseaux nationaux et internationaux et arrêté plusieurs centaines d’escrocs suite à des enquêtes menées sur les sites web de ventes et d’achats » explique-t-il.

Les pièces d’antiquités, l’eldorado
des vendeurs « numériques »
Un autre secteur vecteur de fraude, l’antiquité. Les pièces antiques enfouîtes sous les sites archéologiques du pays sont de plus en plus ciblées par des réseaux de trafiquants bien structurés qui recourent aux sites de vente sur Internet pour vendre leurs butins de guerre.
Une véritable fortune à chasser, dont le gain se chiffre par des dizaines de milliards de centimes.
En quinze ans, pas moins de 20.000 pièces volées par des trafiquants sont récupérées par les gendarmes, suite aux enquêtes menées sur les réseaux sociaux. Une récente affaire traitée par les gendarmes d’Alger est un cas de figure flagrant.
En effet, les gendarmes de la section de recherches de Rouïba ont avorté, il y a quelques mois seulement, une importante tentative de trafic de 28 pièces d’antiquités de très grandes valeurs à l’Est d’Alger, suite à l’arrestation de deux dangereux trafiquants, un propriétaire d’un magasin de vente d’anciens meubles, sis rue Didouche Mourad, en plein cœur d’Alger et son fournisseur, originaire de Rouïba, le nommé A.F.
La boutique en question proposait des objets d’antiquités sur les réseaux sociaux et même sur les sites web spécialisés dans la vente sur Internet.
L’enquête des gendarmes a permis de localiser une autre personne qui faisait l’intermédiaire avec son complice, un commerçant d’objets d’antiquités sis également à la rue Didouche Mourad.
L’exploitation des renseignements livrés par l’escroc a permis aux gendarmes d’exécuter une perquisition ciblant ladite boutique, où les gendarmes ont découvert plusieurs objets de grandes valeurs qui remontent au 19e siècle avec des fiches techniques de chaque objet ancien, que le propriétaire de la boutique proposait à la vente pour des clients spéciaux.
Parmi les anciens objets découverts avec leurs fiches techniques il y avait des sabres qui remontent à l’ancienne époque ainsi que des statuettes du 19e siècle. Suite à cette découverte, les éléments de la section de recherches ont arrêté le propriétaire du magasin.
Ce dernier a fini par passer aux aveux en dévoilant le nom de son fournisseur. Il s’agit d’une jeune personne demeurant dans la commune de Rouïba. C’est à partir de la demeure de cette personne que les objets d’antiquités atterrissaient au magasin de la rue Didouche Mourad et qui, par la suite, sont vendus pour des clients étrangers, notamment des Européens via Internet (photos et prix envoyés sur les e.mails des clients).
L’identification de ce fournisseur a permis aux enquêteurs de l’interpeller, suite à une souricière qui lui a été tendue au centre-ville de Rouïba.
Ce trafiquant expert en la matière a été coincé à bord d’un véhicule de marque Clio Symbol en possession d’une épée très ancienne et de plusieurs échantillons des fiches montrant les photos et l’historique de plusieurs objets d’antiquités, utilisés pour les montrer à ses clients afin d’arriver à conclure un marché très rentable. Un marché qui consistait à vendre ces objets contre des sommes d’argent très considérables. Son arrestation, en flagrant délit, a dévoilé d’autres secrets.
En effet, ce trafiquant dénommé A.F, est avéré un vieux routier dans le trafic des objets anciens. Il s’adonnait à ce trafic depuis de longues années.
Au cours de son parcours, il a vendu plusieurs objets de grandes valeurs via la Toile, notamment des épées haute gamme qui remontent au 19e siècle.
L’interrogatoire avec A.F a permis aux enquêteurs d’avoir d’autres détails intéressants. Ce trafiquant notoire a avoué aux gendarmes qu’il réceptionnait des objets d’antiquités d’une autre main et lui ne faisait que les vendre, à son tour, au profit du propriétaire du magasin de Didouche Mourad et gagner sa part d’argent.
Sofiane Abi