Sans un système d’information fiable en temps réel et la maîtrise de la sphère informelle, difficile d’avoir une politique des subventions ciblées

Politique des subventions

Depuis plus de 20 ans, tous les gouvernements successifs avaient annoncé de revoir la politique des subventions généralisées, injustes et inefficaces et rien à ce jour et à nouveau l’actuelle gouvernement annonce l’installation d’une commission afin de cibler les subventions supposant une large concertation sociale et un système d’information fiable en temps réel cernant la répartition du revenu national et du modèle de consommation, pour déterminer les couches défavorisées, tout en ne pénalisant pas les couches moyennes par un nivellement par le bas, (voir A.Mebtoul www.google -1992). Cette présente contribution est une brève synthèse, d’une brûlante actualité, d’un rapport sous ma direction assisté de 20 experts internationaux remis à l’ancien gouvernement le 14 septembre 2012, dont les résolutions n’ont pas été appliquées.

Paradoxe, on a pu assister à des enfants de parents riches bénéficier des allocations décidées par l’État, comme la carte Chiffa pour le remboursement de médicaments. L’action louable au profit des zones d’ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité de la société. Or, le système algérien de protection sociale, les modalités des transferts sont tellement complexes que plus personne ne sait qui paye et qui reçoit. On ne connaît pas le circuit des redistributions, notamment les redistributions entre classes d’âge, les redistributions entre générations et encore moins bien les redistributions entre niveaux de revenus ou de patrimoine.
Or, le principe de justice exige que l’on réponde correctement à ces questions. Cela demande d’avoir un système d’information crédible en temps réel et de repenser les mécanismes de transferts et de redistribution afin de les faire reposer sur des critères objectifs, parfaitement transparents au niveau de la branche ou au niveau national, et ce qui relève de l’Etat et des autres collectivités publiques et posant l’urgence de de comprendre l’essence de la sphère informelle qui permet des consolidations de revenus.
La sphère informelle intimement liée à la logique rentière, servant à court terme de tampon social, contrôle des pans entiers de l’économie, utilise des billets de banques au lieu de la monnaie scripturale (chèques) ou électronique entre 6 000 et 10 000 milliards de dinars selon le président de la République.
La politique de subventions ciblées est difficilement réalisable sans un système d‘information fiable en temps réel, mettant en relief la répartition du revenu national par couches sociales et par répartition régionale: combien sont-ils à percevoir moins de 20 000 DA par mois net? Combien sont-ils à toucher entre 20 000 et 50 000 DA? Combien sont-ils à être payés entre 10 000 et 200 000 DA et plus ? Il faut avoir des réponses précises à ce genre de questions. La dominance de la sphère informelle, dont l’essence renvoie au mode de gouvernance, entretient des liens dialectiques avec les malversations, expliquant que des mesures bureaucratiques ont peu d’effets pour son intégration. Que nos responsables visitent les sites où fleurit l’informel de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud et ils verront que l’on peut lever des milliards de centimes à des taux d’usure, mais avec des hypothèques, car il existe une intermédiation financière informelle. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l’effet inverse et lorsqu’un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation sociale, la société enfante ses propres règles pour fonctionner, qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s’éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer. Face à la concentration excessive du revenu national au profit d‘une minorité rentière, renforçant le sentiment d’une profonde injustice sociale, l’austérité n’étant pas partagée, la majorité des Algériens veut tout et immédiatement sa part de rente, donc être subventionnée, reflet du divorce État / citoyens, quitte à conduire l’Algérie au suicide collectif. Du fait de la forte consommation intérieure, il sera difficile d’assurer le niveau des exportations actuelles des hydrocarbures traditionnelles à l’ horizon 2030 au moment où la population algérienne sera d’environ 50 millions d’habitants, ne pouvant donc plus assurer l’actuelle protection sociale en cas de non dynamisation des sections hors hydrocarbures.

En résumé, Il ne faut pas se tromper de cibles pour paraphraser les stratèges militaires, la politique des subventions ciblées étant liée à la gouvernance par une lutte contre la corruption, les surcoûts et surtout le retour de la confiance de la population en ses institutions (voir Les enjeux géostratégiques de la sphère informelle et comment l’intégrer étude réalisée sous la direction du Pr A. Mebtoul Institut Français des Relations Internationales IFRI Paris 2013 ,reproduit en 2019 la revue Stratégie -Ministère de la défense nationale- DN-IMPED)et l’audit réalisée sous ma direction assisté de 15 experts tous algériens pour le Premier ministère (10 volumes 890 pages), en janvier 2014 avec 19 propositions entrant dans le cadre de la nouvelle stratégie du développement socio-économique, où chaque proposition a fait l’objet d’une étude particulière par les experts, résolutions mis dans un placard qui n’ont pas été appliquées que certains redécouvrent actuellement en 2021). Aussi, il y a urgence de mettre fin au cancer de l’économie de la rente qui se diffuse dans la société par des subventions généralisées et des versements de traitements sans contreparties productives. Face à la concentration excessive du revenu national et une austérité non partagée, la majorité des Algériens veulent tous et immédiatement leur part de rente, quitte à conduire l’Algérie au suicide collectif. Tout cela renvoie à l’urgence d’une nouvelle gouvernance liée à une nouvelle politique salariale qui privilégie les producteurs de richesses et non les rentes. Toute protection sociale durable, à l’avenir, existant des droits mais également des devoirs, le patriotisme de tout algérien, se mesurera par sa contribution à la valeur ajoutée nationale. Dans ce cadre, les plus hautes autorités du pays reconnaissent que le système d’information est à revoir, ne permettant pas des actions et prévisions fiables, le dossier des subventions étant un sujet très sensible, a des incidences économiques, sociales, politiques et sécuritaires. Face aux tensions budgétaires, sociales internes et géostratégiques au niveau de la région, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, attention aux promesses utopiques de versement de salaires sans contreparties productives et des mesures hâtives populistes qui risquent de mettre en péril la sécurité nationale..
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert
international Dr Abderrahman Mebtoul

Paradoxe, on a pu assister à des enfants de parents riches bénéficier des allocations décidées par l’État, comme la carte Chiffa pour le remboursement de médicaments. L’action louable au profit des zones d’ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité de la société. Or, le système algérien de protection sociale, les modalités des transferts sont tellement complexes que plus personne ne sait qui paye et qui reçoit. On ne connaît pas le circuit des redistributions, notamment les redistributions entre classes d’âge, les redistributions entre générations et encore moins bien les redistributions entre niveaux de revenus ou de patrimoine.
Or, le principe de justice exige que l’on réponde correctement à ces questions. Cela demande d’avoir un système d’information crédible en temps réel et de repenser les mécanismes de transferts et de redistribution afin de les faire reposer sur des critères objectifs, parfaitement transparents au niveau de la branche ou au niveau national, et ce qui relève de l’Etat et des autres collectivités publiques et posant l’urgence de de comprendre l’essence de la sphère informelle qui permet des consolidations de revenus.
La sphère informelle intimement liée à la logique rentière, servant à court terme de tampon social, contrôle des pans entiers de l’économie, utilise des billets de banques au lieu de la monnaie scripturale (chèques) ou électronique entre 6 000 et 10 000 milliards de dinars selon le président de la République.
La politique de subventions ciblées est difficilement réalisable sans un système d‘information fiable en temps réel, mettant en relief la répartition du revenu national par couches sociales et par répartition régionale: combien sont-ils à percevoir moins de 20 000 DA par mois net? Combien sont-ils à toucher entre 20 000 et 50 000 DA? Combien sont-ils à être payés entre 10 000 et 200 000 DA et plus ? Il faut avoir des réponses précises à ce genre de questions. La dominance de la sphère informelle, dont l’essence renvoie au mode de gouvernance, entretient des liens dialectiques avec les malversations, expliquant que des mesures bureaucratiques ont peu d’effets pour son intégration. Que nos responsables visitent les sites où fleurit l’informel de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud et ils verront que l’on peut lever des milliards de centimes à des taux d’usure, mais avec des hypothèques, car il existe une intermédiation financière informelle. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l’effet inverse et lorsqu’un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation sociale, la société enfante ses propres règles pour fonctionner, qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s’éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer. Face à la concentration excessive du revenu national au profit d‘une minorité rentière, renforçant le sentiment d’une profonde injustice sociale, l’austérité n’étant pas partagée, la majorité des Algériens veut tout et immédiatement sa part de rente, donc être subventionnée, reflet du divorce État / citoyens, quitte à conduire l’Algérie au suicide collectif. Du fait de la forte consommation intérieure, il sera difficile d’assurer le niveau des exportations actuelles des hydrocarbures traditionnelles à l’ horizon 2030 au moment où la population algérienne sera d’environ 50 millions d’habitants, ne pouvant donc plus assurer l’actuelle protection sociale en cas de non dynamisation des sections hors hydrocarbures.

En résumé, Il ne faut pas se tromper de cibles pour paraphraser les stratèges militaires, la politique des subventions ciblées étant liée à la gouvernance par une lutte contre la corruption, les surcoûts et surtout le retour de la confiance de la population en ses institutions (voir Les enjeux géostratégiques de la sphère informelle et comment l’intégrer étude réalisée sous la direction du Pr A. Mebtoul Institut Français des Relations Internationales IFRI Paris 2013 ,reproduit en 2019 la revue Stratégie -Ministère de la défense nationale- DN-IMPED)et l’audit réalisée sous ma direction assisté de 15 experts tous algériens pour le Premier ministère (10 volumes 890 pages), en janvier 2014 avec 19 propositions entrant dans le cadre de la nouvelle stratégie du développement socio-économique, où chaque proposition a fait l’objet d’une étude particulière par les experts, résolutions mis dans un placard qui n’ont pas été appliquées que certains redécouvrent actuellement en 2021). Aussi, il y a urgence de mettre fin au cancer de l’économie de la rente qui se diffuse dans la société par des subventions généralisées et des versements de traitements sans contreparties productives. Face à la concentration excessive du revenu national et une austérité non partagée, la majorité des Algériens veulent tous et immédiatement leur part de rente, quitte à conduire l’Algérie au suicide collectif. Tout cela renvoie à l’urgence d’une nouvelle gouvernance liée à une nouvelle politique salariale qui privilégie les producteurs de richesses et non les rentes. Toute protection sociale durable, à l’avenir, existant des droits mais également des devoirs, le patriotisme de tout algérien, se mesurera par sa contribution à la valeur ajoutée nationale. Dans ce cadre, les plus hautes autorités du pays reconnaissent que le système d’information est à revoir, ne permettant pas des actions et prévisions fiables, le dossier des subventions étant un sujet très sensible, a des incidences économiques, sociales, politiques et sécuritaires. Face aux tensions budgétaires, sociales internes et géostratégiques au niveau de la région, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, attention aux promesses utopiques de versement de salaires sans contreparties productives et des mesures hâtives populistes qui risquent de mettre en péril la sécurité nationale..
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert
international Dr Abderrahman Mebtoul