Divorce entre la Russie et l’Occident, l’Afrique devient un partenaire privilégié !

Poutine défend le multilatéralisme lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg

La crise économique et financière mondiale aggravée par la guerre en Ukraine a dynamisé les relations de coopération entre la Russie et les pays africains et asiatiques. La Chine, l’Egypte et l’Algérie et plusieurs autres pays « amis » de la Russie ont pris part à la 25ème édition du Forum économique de Saint-Pétersbourg (Spief) qui s’est déroulée cette année presque sans les Occidentaux.
L’Algérie représentée par le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar a participé en marge de cet événement surnommé autrefois le « Davos Russe », au dialogue des affaires Russe-Afrique, lors de lequel elle a plaidé pour « l’intégration africaine ». Le continent africain reste le plus vulnérable aux impacts de la guerre en Ukraine, et la Russie a promis de soutenir ce continent pour l’aider à résoudre ses problèmes économiques et alimentaires.
Plusieurs accords de partenariat et de coopération ont été signés lors de ce Forum qui a réuni de nombreux chefs d’entreprises russes, africains et asiatiques.
Ces derniers ont conclu d’importants accords dans les domaines des infrastructures, de la science, des technologies et des transports. La valeur totale des accords signés à Saint-
Pétersbourg s’élève à 500 milliards de roubles a indiqué le gouverneur de Saint-Pétersbourg, Alexandre Beglov, dans une déclaration à l’Agence de presse « Tass ».
Les pays participants à cet événement qui a pris fin hier, à l’instar de l’Algérie, ont réaffirmé leur attachement à la relation de collaboration qui les unit, exprimant à l’occasion leur ambition commune d’inscrire cette coopération dans la durée. L’Arabie saoudite qui ne figurait pas sur le programme officiel du Spief a pris part à l’improviste à l’événement jeudi dernier. Le ministre de l’Énergie du Royaume, le prince Abdelaziz ben Salmane qui s’est longuement entretenu avec le vice-premier ministre russe a réaffirmé l’attachement de son pays à l’Accord Opep+ signé avec la Russie, déclarant que « la Russie pourrait continuer à coopérer dans le cadre de l’accord de production de pétrole Opep+ au-delà de 2022 ».
« Les relations entre la Russie et l’Arabie saoudite sont aussi chaleureuses que le temps à Riyad », a-t-il souligné. Un signe de sa bonne volonté de maintenir de bonnes relations avec la Russie. Isolée par ces Occidentaux, la Russie se tourne vers les pays africains et asiatiques pour construire de nouveaux partenariats durables et solides. Lors de sa rencontre avec le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, Denis Valentinovitch Mantourov, M. Zeghdar a mis l’accent sur la nécessité « d’intensifier les rencontres entre les opérateurs économiques des deux pays afin d’établir des partenariats mutuellement bénéfiques, et de relancer la coopération dans le domaine des zones industrielles ». Il a aussi évoqué l’urgence d’aider le continent africain en proie à une crise alimentaire, financière et économique sans précédent.
Les pays africains n’ont pas caché leur intention de faire des affaires avec la Russie, plaidant pour « la nécessité d’intensifier les efforts dans l’objectif d’ériger l’Afrique en ensemble économique fort et intégré et d’éviter d’être une économie vulnérable qui ne résiste pas aux fluctuations induites par les tiraillements et les conflits politiques ». Les deux parties veulent renforcer leur coopération dans un cadre multilatéral et multipolaire.
C’est ce qui ressort du discours prononcé par le Président russe, Vladimir Poutine lors de la session plénière du Forum économique international de Saint-
Pétersbourg, vendredi dernier.
Il a défendu le multilatéralisme, et le « droit de chaque pays à défendre son identité nationale et sa souveraineté ». Il a fustigé la politique « égoïste » des Occidentaux qui plonge le monde dans une crise économique, alimentaire et humanitaire sans précédent, rejetant les allégations de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis qui tiennent la Russie pour responsable dans cette crise. Il a souligné l’importance de renforcer les relations multilatérales entre les pays « amis » afin de relever les défis du futur. Cette nouvelle vision du monde est soutenue par les pays africains qui ont mis en avant « les défis majeurs du développement en Afrique à la lumière des développements géopolitiques survenus dans le monde à la faveur d’un ordre mondial en mutation ».
Le Spief était une occasion pour les délégations d’hommes d’affaires russes et africains pour discuter des mécanismes de renforcement de leur coopération. Le ministre algérien de l’Industrie a saisi cette aubaine pour se rapprocher des hommes d’affaires russe et biélorusse (allié historique de la Russie) pour parler des opportunités de coopération entre les trois pays. Ils ont discuté des pistes de collaboration sur les courts termes dans les domaines de l’électronique, de la sécurité informatique, de la logistique, de la consultation juridique, des communications et autres. Le Forum s’est achevé sur la détermination sans faille des pays participants au Spief de lancer dans les plus brefs délais leurs projets de coopération, dans le cadre des accords conclus au cours de ce rendez-vous qui s’est tenu, malgré la grande absence des partenaires occidentaux.
Samira Takharboucht