Assassiné par le Mossad, il y a 49 ans, en raison de son soutien à la cause palestinienne Mohamed Boudia, le martyr oublié

Ne soutenant pas les idéologies du régime qui a pris les règnes du pouvoir un certain 19 juin 1965, Mohamed Boudia s’exile en France où il concourt à la démarche motivée pour apposer son empreinte en fondant « Le Théâtre l’Ouest Parisien», qu’il régente de 1968 à 1972.
Avant son départ forcé en France, Mohamed Boudia, ce véritable self-made-man tout acquis à la chose didactique, avait une autre passion, la communication où il a mis sur rail un quotidien du soir communément appelé à l’époque «Alger ce Soir», suivi de la publication, ou plutôt du périodique «Novembre».
«Enfant» de La Casbah d’Alger où il est né le 24 février 1932 , devenu par la suite un «Homme» de toutes les causes, Mohamed Boudia, était issue d’une famille modeste, pauvre, ce qui lui ne lui a pas permis d’aller loin dans ses études, et ce vu l’arbitraire, la tyrannie, la ségrégation raciale et l’injustice qui régnait à l’époque par la puissance coloniale à l’encontre des populations légitimes où des Algériens sont devenus des apatrides dans leurs propres pays.
Malgré ces effets difficiles sous l’occupation française, pour un enseignement d’éveil, et surtout pour la survie, ont orienté Mohamed Boudia de s’affirmer en face de son milieu, de l’exploiter au mieux de ses intérêts, et c’est cet effort qui lui fait découvrir et mettre au point des modes de réaction toujours plus efficaces, plus nuancés, plus maniables dont l’intelligence est l’expression la plus parfaite. En alliant le théâtre, grâce à feu Mustapha Gribi, à l’instar de ces compatriotes, il épouse la cause nationale en militant dès son jeune âge à l’avant-scène du patriotisme authentique. La Guerre de libération amorcée, Mohamed Boudia rejoint les rangs du Front de libération national – Fédération de France, où il entame des actions résolus à la hauteur de l’événement de cet homme pour la cause nationale, où il sera arrêté et condamné par le colonialisme français à une peine de 20 ans de prison. L’évasion réussie des geôles du colonialisme a vu Mohamed Boudia s’envoler vers Tunis pour allier la troupe théâtrale du Front de libération nationale tout en restant fidèle à la ligne de conduite pour la cause du serment de Novembre, d’ailleurs indissociables en associant sa vocation du théâtre et l’amour à sa patrie. La perception est action, pour Mohamed Boudia le théâtre est aussi une arme redoutable pour combattre l’ennemi d’une disposition psychologique et dont la tâche est lourde de reconnaissance. Dans les années 63, c’est-à-dire quelques temps après l’indépendance de notre pays des jougs du colonialisme français, Mohamed Boudia s’illustra à forger une panoplie de pièces théâtrales jusqu’à une dizaine en un laps de temps pour le TNA, et ce malgré les moyens de bords mis à la disposition du théâtre à l’époque et dont l’œuvre artistique lui été confiée et primée dans ce domaine.
La tâche à accomplir est lourde, reconnaissons-le. Rares sont les hommes qui, surtout les artistes à l’époque qui, même portaient l’Algérie dans leur cœur, connaissaient parfaitement que le rôle du théâtre avant et après l’indépendance était un moyen de sensibilisation et mobilisation des masses pour les impliquer mieux à la cause. Il crée à cet effet «Les trains culturels» qui parcourent le pays dans tous les itinéraires, en présentant des spectacles à travers les villes et communes, et ce, jusqu’aux coins les plus isolés pour entrainer la population à la fascination des planches que souhaitait présenter le martyr Mohamed Boudia. Il y a de cela quarante-neuf années, un inévitable 28 juin 1973 est tué a Paris, assassiné Mohamed Boudia par les services secret israélien du Mossad, en collusion avec les services de la direction des services territoriales (DST), qui auraient piégé sa Renault 16, qui avait embrassé haut et fort sa cause pour que vive la Palestine. Un double martyr, de la cause pour une Algérie libre et pour la cause palestinienne, qui demeure à ce jour, c’est-à-dire après 49 ans après son lâche assassinat, grand un inconnu, voire même ignoré de la part de ceux qui sont autour de la table. N’est-il pas vrai que nul n’est prophète dans son pays ?

Manseur Si Mohamed