Le contentieux des essais nucléaires dans le Sahara

Visite du Président Macron en Algérie

La problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker sera inévitablement posée lors de la visite en Algérie du Président français Emmanuel Macron, prévue les jeudi 25 et vendredi 26 août 2022. Les séquelles des essais menés par la France coloniale du 13 février 1960 au 1er mai 1966 à Reggane (Adrar) et In Ecker (Tamanrasset), constituent un énorme contentieux dans les relations algéro-françaises. Ce problème doit être traité dans l’urgence, au vu de son impact sur la santé de la population avec des pathologies jusque-là méconnues dans la région et des cas de cancer ou de malformation diagnostiqués chaque année, particulièrement chez les nouveau-nés, et sur l’environnement. Outre l’apparition au fil des années de nouvelles maladies liées notamment au cancer, la leucémie, la cécité et les malformations congénitales, provoquées par la radioactivité, il est également relevé les stress et troubles psychologiques chroniques qui pèsent lourdement sur la vie quotidienne des populations de la région.
L’Algérie attend des autorités françaises qu’elles fournissent les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques.
A propos des crimes du colonialisme français, le Président Abdelmadjid Tebboune, a évoqué, dans son message à l’occasion de la célébration de la Fête de la victoire le 19 mars, «l’impact et les effets d’une destruction d’une grande ampleur, une destruction massive violente qui témoigne des crimes odieux du colonialisme et qui ne sauraient tomber dans l’oubli ni s’éteindre par la prescription».
Il a souligné : «Encore une fois que cette question demeurera au centre de nos préoccupations … Nous poursuivrons sans relâche et sans compromis le parachèvement de nos démarches, en insistant sur le droit de notre pays à récupérer les archives, à connaître le sort des disparus durant la Glorieuse guerre de libération et à indemniser les victimes des essais nucléaires et autres questions liées à ce dossier… par fidélité au message de nos valeureux Chouhada». Le 13 février 2022, 62ème anniversaire des explosions nucléaires françaises, le ministre des Moudjahidine et Ayant-droits, Laid Rebigua, a affirmé que les essais menés à Reggane (Adrar), mais aussi dans d’autres régions du Sud algérien, constituaient «un des nombreux crimes perpétrés par la France coloniale à l’égard du peuple algérien, dans le cadre d’une stratégie visant à isoler le peuple de sa Révolution, à l’intérieur et à l’extérieur».
Il a rappelé que ces explosions «ont engendré drame, douleur et souffrances au peuple algérien, mais elles ont renforcé sa cohésion et l’unité nationale et ancré dans la mémoire du peuple l’authenticité et la profondeur de son histoire».
Dernièrement, la célébration de la Journée nationale de l’ANP (4 août de chaque année) a été une opportunité pour rendre hommage aux chouhada ainsi qu’aux victimes des essais nucléaires, des mines antipersonnel et des tortures sous toutes leurs formes.
La veille, le 3 août, lors du débat général de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, l’Ambassadeur Nadir Larbaoui, rappelait les conséquences désastreuses, sur la faune et la flore, des essais nucléaires qui ont été effectués sur son territoire.
Fait significatif : c’est à Reggane qu’a été donné le coup d’envoi des épreuves du baccalauréat en juin 2022. Ce n’est pas fortuit a expliqué le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed «cette démarche intervient par égard pour cette région et pour confirmer que l’école accorde une grande importance à l’histoire du peuple algérien mais aussi pour conférer une dimension juste et appropriée à l’histoire de la nation algérienne».
Et d’ajouter : «Nous sommes venus dans cette région témoin des crimes odieux du colonialisme français et des essais nucléaires qui ont nui à notre peuple».
Quelques jours avant, à Alger, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebigua soulignait que «les crimes odieux de l’occupant français ne seront pas oubliés et sont imprescriptibles», réitérant la «poursuite des démarches pour récupérer les archives, clarifier le sort des disparus de la Glorieuse guerre de libération, et indemniser les victimes des essais nucléaires et autres questions liées à ce dossier».
Lakhdar A.