Des actions urgentes pour le redressement national 2022/2025

Présentation de la politique générale du Gouvernement

Le Gouvernement a présenté son programme de politique générale le 03 octobre 2022 devant partir d’un bilan serein mais surtout faire des propositions concrètes, réalisables sur le terrain, pour relancer l’économie nationale entre 2022/2025 et faire face aux importantes tensions géostratégiques au niveau du monde qui influent sur le devenir de l’Algérie.A l’occasion de la représentation de la politique générale du gouvernement le 03 octobre 2022, je formule quelques propositions développées depuis de longues décennies ( voir nos ouvrages 1980/1982 deux tomes -Réformes et Démocratie Office des Publications Universitaires OPU Alger). Comme le rappelle justement l’économiste indien professeur à Harvard, prix Nobel d’Économie, Sen, A.K, Prix Nobel d’économie, «pas de bonne économie sans vraie démocratie tenant compte des anthropologies culturelles ». Pour respecter le contrat de coopération, et induire une efficacité des institutions, il y a des règles de coopération qui peuvent être informelles ou formelles (écrites, codifiées comme le droit moderne). Lorsqu’un Etat émet des lois qui ne correspondent pas à l’état de la société, ou veut agir par la violence celle-ci enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner établi par un contrat de confiance beaucoup plus solide et crédible que celui que l’on veut lui imposer

1.-L’on devra méditer les échecs passés de la dépense publique, mal ciblée et sans contrôle, des assainissements répétées d’entreprises publiques pour plusieurs dizaines de milliards de dollars, revenues pour la majorité à la case de départ et le favoritisme pour une oligarchie rentière privée alors que le principe de base d’une l’économie de marché maîtrisée, avec l’importance de l’État régulateur, repose sur une économie productive. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1100 milliards de dollars en devises entre 2000 et 2021, avec une importation de biens et services, toujours en devises, de plus de 1050 ( le solde étant les réserves de change clôturé à 44 milliards de dollars au 31/12/2021), pour un taux de croissance relativement faible moyenne 2/3%. Avec un excédent de la balance commerciale selon le premier ministre lors de la réunion walis/ gouvernement de 17 milliards de dollars fin 2022., le document significatif étant la balance de paiement donc devant tenir compte de l’inflation mondiale des produits importés –biens d’équipement et biens finaux et de la sortie de devises des services, cela donnerait un montant largement supérieur à 50 milliards de réserves de change fin 2022.
L’Algérie doit profiter de cette hausse passagère, le FMI prévoyant une crise économique mondiale en 2023, au cas où les tensions géostratégiques persistent, ce qui aurait un impact sur le prix des hydrocarbures. Le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité, le faible taux de croissance approchant la croissance démographique risque accroître le chômage en rappelant que la majorité des entreprises publiques et privées dont les PMI/PME en 2021, représentant plus de 95% du tissu économique peu concurrentiels, fonctionnent en sous capacités, le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Alors qu’il faut, un taux de croissance sur plusieurs années de 8/9% pour absorber le flux additionnel annuel de 350 000/400 000 emplois qui s’ajoute au taux de chômage actuel. La cohésion sociale nécessaire est assurée actuellement par des subventions généralisées sans ciblage , où selon les prévisions pour 2022, les subventions implicites, constituées, notamment de subventions aux produits énergétiques et des subventions de nature fiscale, représentent environ 80% du total des subventions, étant prévu 1 942 milliards de dinars, 19,7% du budget de l’État en 2022.
Or, le Premier ministre, a donné un montant plus important, incluant toues les dépenses concernant le volet social, le 03 octobre 2022 devant l’APN lors la présentation de la Déclaration de politique générale, que le budget annuel affecté aux transferts sociaux a dépassé les 5.000 milliards dinars. soit au cours moyen de 140 dinars un dollar 35,71 milliards de dollars ce qui est intenable pour le budget dans le temps, avec de graves dérives sociales, si le cours des hydrocarbures baissait et si on n’augmente pas la production et la productivité interne surtout avec le retour de l’inflation qui dépasse largement depuis janvier 2022 les 10% ne devant pas se réjouir une balance commerciale positive avec des pénuries qui touchent la majorité des secteurs. C’est comme un ménage qui connait un déficit alimentaire par des restrictions mais avec de nombreuses maladies. Mais c’est un arbitrage difficile pour le gouvernement un dossier très complexe, mais sans maîtrise du système d’information et la quantification de la sphère informelle, selon la banque d’Algérie plus de 6200 milliards de dinars, en 2020, (qui est riche et qui est pauvre avec les revenus informels non quantifiables), la réforme risque d’avoir des effets pervers. Aussi, comprendre la situation actuelle implique de saisir les liens dialectiques entre la production de la rente -Sonatrach et sa distribution à travers le système financier, enjeu énorme du pouvoir assis sur la rente, réforme qui doit être couplée avec celui du ministère du commerce pour plus de cohérence, responsable de nombreuses licences d’importation et autres autorisations de complaisance. Sans sa réforme profonde autant que celle de des institutions (l’administration centrale/locale) et de la justice, il serait utopique de s’attaquer à l’essence de la corruption, se limitant à des actions conjoncturelles où les mêmes causes produiront les mêmes effets de corruption si l’on maintient les mêmes mécanismes de régulation. Sans oublier les caisses de retraies dont le déficit cumulé dépasse les 700 milliards de dinars fin 2021 devant combiner le système de répartition dominant et celui de la capitalisation encore embryonnaire, encourager d’autres formes de crédits comme celui de la finance islamique, encore que celle ci ne constitue pas la panacée représentant au niveau mondial en 2021 moins de 1% du fiancent classique, et le crédit bail plus adapté aux PMI/PME, la réforme urgente du système financier doit toucher toutes ses structures, toutes les banques publiques notamment, qui canalisent plus de 85% des crédits ayant octroyé par le passé d’importants crédits sans garanties réelles, la DG de la fiscalité, avec des non recouvrements faramineux inexplicables les seuls pénalisés étant les salariés et fonctionnaires dont la retenue est à la source, les domaines, devant avoir un registre cadastre transparent afin d ‘éviter le bradage du patrimoine national et la douane qui doit élaborer des tableaux de la valeur, en temps réel, reliés aux réseaux tant nationaux et internationaux, comme je l’ai préconisés entre 1982/ 1983 en tant que haut magistrat et DG des études économiques à la Cour des comptes qui n’a jamais vu le jour car touchant de puissants intérêts rentiers
2.-L’Algérie a besoin d’un retour à la confiance sans laquelle aucune mobilisation, ni développement n’est possible. Le manque de confiance a été accentué, par ces innombrables affaires de justice qui ont provoqué un véritable choc de rejet de l’ancienne classe politique par l’opinion publique ,face à l’ampleur des faits de corruption et de délits d’initiés reprochés aux hauts responsables auditionnées qui demandaient à la population de serrer la ceinture D’où l’importance de renouer les relations entre l’Etat et les citoyens pour redonner une confiance brisée. Dans ce cadre, attention à ces slogans des courants extrémistes populistes : « vous êtes tous corrompus , l’Algérie est à la dérive », la majorité des fonctionnaires, des cadres tant au niveau de la société civile que de l’ANP/forces de sécurité sont honnêtes, devant à tout prix éviter le vide des institutions ce qui conduirait à l’anarchie profitable aux conservateurs et qui conduirait à la déstabilisation du pays.
Le temps ne se rattrapant jamais en économie, le statu quo politique et la stagnation économique conduira à la régression sociale. Tout projet social étant porté par des forces politiques, sociales et économiques, d’où l’importance d’une réorganisation profonde tant des partis politiques pouvoir/opposition que de la société civile. Secouée périodiquement par des crises internes, frappées de discrédit pour la majorité des partis pouvoir/opposition est l’objet de la défiance nourrie à leur égard, les formations politiques étant aujourd’hui inaptes à faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficace. D’où leur incapacité à éviter un affrontement direct entre citoyens et forces de sécurité, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et à l’œuvre de redressement national. Aussi face à cette situation – tout en rappelant que le discrédit qui frappe le système partisan n’est pas spécifique à l’Algérie, car la révolution mondiale des systèmes de communications produit partout l’émergence de nouveaux comportements – il y a urgence à adapter les partis politiques, souvent déconnectés de la société et présentant pour la majorité d’entre eux la spécificité d’être liés à des intérêts de rente. Quant à la société civile en Algérie, elle est éclatée. Contrairement aux idées reçues et illusoires des années passées, dans un contexte de désintégration sociale et d’une jeunesse « parabolée », la majorité des confréries religieuses officielles ont de moins en moins d’impacts.
La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en compte et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion et rendent impérative une réflexion urgente pour sa restructuration, son état actuel reflétant les grandes fractures survenues dans le système politique national. Ainsi la verra-t-on rapidement se scinder en quatre sociétés civiles fondamentalement différentes : trois au niveau de la sphère réelle et une, dominante, dans la sphère informelle.
Le plus important segment de cette société civile, interlocuteur privilégié et souvent unique des pouvoirs publics, par le passé est constitué par des appendices du pouvoir, situé à la périphérie des partis du pouvoir et dont les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente.
Le deuxième segment est celui d’une société civile franchement ancrée dans la mouvance islamiste, avec là aussi des appendices de partis islamiques légaux.
Le troisième segment est celui d’une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, dont bon nombre de personnes meublent actuellement les plateaux de télévisions et les contributions dans la presse. Faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, elle est minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Pour ces trois premières sociétés civiles, leurs impacts pour le taux de participation aux dernières élections locales et législatives, malgré leur adhésion, ont été relativement faibles.
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur
des universités, expert international
(A suivre…)