Un soulagement à double peine !

L’importation de véhicule d’occasion de moins 3 ans possible à partir de 2023

Le projet de loi de Finance 2023 (PLF) porte bien des surprises, comme prédit par certains experts. Du moins, c’est ce que nous avons constaté avec l’autorisation à nouveau, de l’importation de véhicules de moins de trois ans, gelée depuis 2013. Neuf ans plus tard, l’Etat revoit sa décision dans un contexte économique et financier national et international complexe.

Une décision inattendue, louée par les consommateurs et les concessionnaires, mais il faudrait attendre la publication des textes réglementaires pour se lancer dans l’achat d’un véhicule d’occasion. Avec les prix pratiqués sur les véhicules de ce type à l’international et la pénurie de production, difficile de parler de soulagement. Au niveau national, les inconvénients sont les mêmes.
Le marché de change parallèle dicte toujours sa loi et réveille déjà l’intérêt des distributeurs et des intermédiaires qui sommeillaient depuis quelques années. Dans ce cas, à qui profiterait vraiment cette décision ?
Dans le contexte actuel, c’est plutôt une bonne affaire pour les revendeurs (marché d’occasion) que pour l’acheteur qui devra patienter encore un peu, jusqu’à l’apparition des textes réglementaires. Entre-temps, évaluer sa capacité financière (en devise) car « véhicule d’occasion ne signifie aucunement en ces temps qui courent, prix raisonnables ou bas », bien au contraire, les ventes de voitures de seconde main coûtent encore plus cher et cette tendance s’accélère davantage.
Le secteur de l’occasion qui représentait autrefois le marché auto des ménages est devenu inaccessible pour le citoyen lambda.
Il faut, certes, se conformer aux conditions contenues dans les cahiers de charges relatifs à l’importation de ce type de véhicule, mais aussi, il faut piocher dans ses économies pour pouvoir payer son véhicule, sachant que le marché de la devise en Algérie est monopolisé par les réseaux des cambistes qui manipulent les taux de changes à leur guise, faute de bureaux de change.
Vous pouvez retourner l’équation comme vous voulez, mais le paradoxe est que le prix du véhicule d’occasion de moins de trois ans (à partir de 2019) pourrait revenir aussi cher que celui du neuf.
Les autorités s’apprêtent, pour rappel, à relancer aussi les importations de véhicules neufs ainsi que la production « effective » de voitures localement, en partenariat avec des constructeurs internationaux.
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a annoncé, jeudi dernier à Alger, que les négociations avec les partenaires étrangers sont à un stade très avancé et seront finalisées au cours du mois de novembre prochain. Cette première phase sera suivie par la conception et le recadrage réglementaire et juridique de l’industrie automobile dans le pays. La production du véhicule localement pourrait, en effet, prendre plus de temps que prévu.

Pour le Gouvernement, c’est une solution ponctuelle
Pour ne pas pénaliser davantage le citoyen algérien, désireux d’acquérir un véhicule, l’État a opté pour l’autorisation à nouveau de l’importation de véhicules de moins de trois ans, bloquée depuis près de dix. Cette décision devrait
soulager les ménages et les concessionnaires qui se plaignent de la cherté des véhicules d’occasion qui ont atteint sur le marché de l’occasion des prix « exorbitants », inaccessibles. Des plates-formes électroniques relayées des offres de vente de véhicule d’occasion « tout âge » à des prix non seulement exagérés, mais inacceptables.
Le blocage de l’importation de véhicule et la flambée des tarifs de l’occasion ont plombé le moral des ménages, de ceux qui ne peuvent pas acheter, mais aussi de ceux qui ne peuvent pas vendre dans un marché en stagnation.
La décision du chef de l’Etat de relancer l’importation des véhicules de moins de trois ans, largement saluée par les deux parties, conscients, également, du problème de disponibilité et de la cherté des véhicules d’occasion à l’international et de la pièce détachée.
Cependant, il faudra attendre encore trois mois pour pouvoir éventuellement acheter une voiture, selon les déclarations, avant-hier du ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, dans lesquelles, il a indiqué que « la date d’entrée en vigueur de la décision d’importation des véhicules de moins de trois ans est liée à l’achèvement des préparatifs réglementaires en collaboration avec le ministère des Finances concernant les procédures douanières et financières ».
Le ministre a tenu, dans le même sillage, à rassurer les concessionnaires qui se plaignaient d’importantes pertes financières depuis le blocage de leur activité depuis trois ans, affirmant la présentation lors du prochain Conseil des ministres du cahier des charges des concessionnaires automobiles.
La décision d’autoriser à nouveau l’importation de véhicules de moins de trois ans ne signifie en aucun cas que les autorités renoncent à leur stratégie de développement d’une véritable industrie automobile, pérenne.
En parallèle, vu les délais encore indéfinis pour concrétiser ce projet, les autorités décident de soulager les ménages et de relancer l’importation de véhicules d’occasion de moins de trois ans. Cette activité sera sûrement soumise à de nouvelles conditions plus strictes pour éviter sa monopolisation par certains groupes.
Les textes réglementaires permettront aussi d’établir la valeur réelle d’un véhicule à importer de l’étranger, sachant que les Algériens ont toujours une préférence pour le véhicule européen (français, allemand, italien…). Le marché du véhicule d’occasion en Europe n’arrive, toutefois, pas à émerger de ses problèmes de production.

Acheter de l’occasion, oui, mais
à quel prix ?!
La première idée qui vient à l’esprit d’un éventuel acheteur était de consulter les prix de véhicules d’occasion sur le net. Voir et comparer les prix de vente sur les sites de distribution européens
(français ou allemand…), en attendant que la liste des pays de provenance de ces véhicules soit dévoilée par les autorités. Difficile d’établir un prix vu que les procédures douanières et autres ne sont pas encore fixées. Juste pour avoir une idée. Les offres consultées sur par exemple le site français, Autosphere.fr, spécialisé dans la distribution automobile, les prix de véhicules d’occasion de moins de 3 ans varient selon le type et les options de chaque véhicule.
Les tarifs quant à eux sont bien au-dessus des 13.000 euros en moyenne. Un chiffre qui pourrait donner le tournis à un ménage algérien qui espérait acquérir un véhicule d’occasion. Sachant qu’il devra compter sur ses capacités financières pour importer un véhicule. Par conséquent, convertir le dinar algérien en euro qui connaît un niveau record depuis l’annonce du retour à l’importation de véhicules d’occasion.
L’euro s’est emballé sur le marché parallèle qui devrait profiter de cette occasion en l’absence de contrôle. Cette situation pèse lourd sur les citoyens lambda qui voient leur rêve d’acheter une voiture s’éloigner.
Les intermédiaires pour acheter un véhicule de l’étranger tireraient sûrement à leur avantage cette occasion, si les autorités n’intervenaient pas. L’encadrement de cette activité est impératif pour éviter de retomber dans les erreurs du passé. La conjoncture actuelle est-elle vraiment propice pour se lancer dans un tel projet ? Le consommateur connaît sûrement la situation du marché mondial de l’automobile, en souffrance depuis deux années. La baisse de production et les délais de livraison des véhicules neufs, mais aussi la crise financière et de l’énergie en Europe se sont répercutés sur les prix des véhicules d’occasion, devenus plus chers.
Il faut bien prendre en considération ces paramètres, les tarifs douaniers, de transport, mais aussi de son entretien. La crise économique qui frappe actuellement le secteur impacte aussi la disponibilité et la vente des pièces détachées. Une problématique qu’il faudrait résoudre avant de se lancer dans l’importation de véhicules d’occasion. Autant de raisons qui affectent fortement les prix des véhicules neufs, mais surtout d’occasion.
Samira Takharboucht