Réflexion philosophique sur l’incompréhension

Générale de «Mousibate waay» à Alger

La pièce de théâtre «mousibate waay» (Drame de la conscience), une satire sur l’incompréhension résultant de la rupture du dialogue, a été présentée jeudi soir à Alger.
Produite par le Théâtre régional Mahmoud -Triki de Guelma, la pièce adaptée par Abdelouahab Bouhmam sur la base de «La Fenêtre», œuvre du dramaturge et écrivain polonais Iriniusz Eredynsky (1939-1985), met en scène la vie d’un jeune couple menant une vie paisible avant de sombrer dans l’incompréhension. Sur scène, le mari Halim, personnage rendu par le comédien Wael Bouzida et son épouse, Dounya, campée par Asmaa Chikh, mènent une vie paisible sans remous avant qu’un incident ne vienne altérer cette union. Tout a commencé le jour où Halim aperçoit de la fenêtre de sa chambre un rayon lumineux provenant d’un immeuble d’en face.
Confus, le mari s’est fixé sur une chaise dans un coin de la maison, pour observer cette source de lumière, invisible pour sa femme qui tente par tous les moyens de le détourner de ce spectacle qui, n’est à ses yeux, qu’une «hallucination» de son mari.
Indifférent aux reproches de Dounya qui voit dans l’isolement de son mari une menace pour leur couple, Halim continue de se réfugier dans son «monde intérieur» et à se détacher de son entourage, en passant le plus clair de son temps à guetter la réapparition de ce faisceau lumineux.
Dans un espace scénique fermé, les deux comédiens ont évolué dans un décor de maison, à travers des éléments suggérant un salon, séparé du reste des pièces par une porte qui symbolise la rupture du dialogue entre Halim et son épouse.
Servi dans un langage dialectal, le spectacle livre une lecture approfondie de la différence, l’altérité et la nature des hommes et des femmes. Dans un dualisme incessant, le mari représente la différence et sa femme, qui renonce à sortir de sa «zone de confort», l’opposition à tout changement.
Le spectacle Mousibate waay est une «réflexion sur le drame enduré par les gens qui prennent conscience de quelque chose, qui sont marginalisés par manque de compréhension, de dialogue réciproque et de peur du changement par son entourage», a affirmé le metteur en scène, présent à la représentation. Pour lui, la prise de conscience d’un individu entraine souvent une rupture avec son entourage qui, réfractaire ou peu préparé aux changements, y voit une menace pour le «confort» et la routine habituellement établie.
Produite en 2022 par le Théâtre régional Mahmoud -Triki de Guelma, «mousibate waay» avait été présentée en avril dernier au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA).
R.C.