La calamiteuse ingérence médiatique française

Depuis Paris, le journal Le Monde

Entre ce qui se passe en Algérie et ce qui s’en dit en France, il y a un monde. Un média donneur de leçons dont on connaît les accès fréquents d’amnésie quand il s’agit de détourner le regard de ce qui se passe partout ailleurs où se commettent des ignominies au nom des intérêts occidentaux, on l’aura compris, il s’agit du quotidien Le Monde.
El Kadi Ihsane, le journaliste, fait l’objet d’une enquête qui interroge les origines des fonds qui lui ont permis de créer son pôle médiatique. Une enquête qui était nécessaire depuis des années, mais à laquelle l’ancien pouvoir avait sursis pour éviter de braquer les regards occidentaux sur ses pratiques. L’actuel pouvoir ne rougit pas ni ne pâlit d’ouvrir un quelconque dossier, fût-il celui d’un journaliste qui a pignon-sur-rue et une bonne audience à l’international, quand il s’agit d’éclairer, aux yeux du public et au nom de la justice, une affaire qui méritait de l’être depuis 2014, voire avant.

Les questions qu’avait suscitées la création, via des financements étrangers, du pôle médiatique d’El Kadi Ihsane pourraient donner lieu à des réponses, somme toute banales et qui pourraient déboucher sur la libération du journaliste, dont l’interpellation aurait pu être écourtée le temps de l’enquête, n’était la volonté qu’on prête au Parquet de traiter tous les suspects qui font l’objet de soupçons de la part de la justice, sur un pied d’égalité, fussent-ils des journalistes renommés, voire même des militaires étoilés.
Ce que Le Monde ne semble pas entendre du côté d’Alger et qui est d’une assourdissante clarté, c’est que le temps est au réajustement, après 20 années de gabegie, et à la restauration de l’Etat de droit où personne n’a le droit de braconner au nom de la libre entreprise, de la libre circulation ou de la liberté d’expression, car la liberté perd son sens et par là même toute légitimité quand elle veut se mettre au-dessus des lois, dont le viol doit recevoir le châtiment qui s’impose. Ce que Le Monde refuse d’entendre, c’est que l’Etat algérien a permis, des années durant, une cacophonie médiatique nationale, menée tambour battant, par certains médias qui ont accrédité toutes les thèses occidentales, voire nourri les argumentaires de ces thèses, alors que tous les médias français acquiescent bien à l’unanimisme béat qui s’emparent d’eux quand il s’agit de comploter contre la vérité au service des thèses hégémonistes occidentales.

Loin de nous l’idée de hâter les conclusions de la justice, El Kadi Ihsane demeurant pour nous le journaliste respectable que nous connaissons, et qui mérite notre sympathie jusqu’à plus ample informé. Notre propos est d’inviter cordialement le journal Le Monde et tout autre média français qui revendique le droit de s’ingérer dans les affaires internes de notre pays, de se mêler de ses affaires et d’aller comploter sous d’autres cieux là où se fait, volontiers, le lit de l’hégémonisme ultralibéral et des stratégies du chaos, avec la complicité et le consentement des médias locaux. Que nous offrent les médias français dans leurs faux élans libertaires, sinon le chaos et la discorde ? La revendication de justice ? Ils sont les premiers à bafouer la justice et à la fouler aux pieds, quand ils ne font pas pire, puisque ce sont eux, médias à la solde et vassaux des financiers-tireurs de ficelles, qui façonnent leurs opinions publiques et leur font accepter, faite loi, l’ignominie ultralibérale et néocoloniale.

Ces voix ne sont plus audibles en Algérie, alors que dans la presse algérienne, désormais, se cultivent inconditionnellement souverainisme et bienveillance sociale, au pixel et au signe près, moyennant la conversion, en signes journalistiques, de la soif de vérité et des bonnes intentions qui animent les gouvernants de ce pays .
Par Ahmed Rehani