Marocgate : Les liaisons dangereuses entre l’UE et le Makhzen (II)

Parlons maintenant d’une autre députée européenne que les Algériens connaissent bien pour ses nombreuses attaques contre l’Algérie. Marie Arena, ancienne ministre belge et eurodéputée socialiste, présidente de la sous-commission des droits de l’Homme au Parlement, est très proche de Panzeri, puisque c’est elle qui lui a succédé à la sous-commission. Entre 2020 et 2022, elle a collaboré plus d’une dizaine de fois avec Fight Impunity de Panzeri au cours de colloques et de conférences basés sur les droits humains dans le monde, ce qui a sans doute motivé la perquisition du bureau de son assistante.

Par deux fois, Marie Arena a auditionné des représentants de Fight Impunity dans le cadre de sa fonction alors que cette ONG, nous le rappelons encore, n’est pas enregistrée. De plus, lors de ses diverses collaborations avec Fight Impunity, elle était en contact avec les trois inculpés : Panzeri, Francesco Giorgi et Niccolo Finga-Talamanca. Elle a préféré se retirer en attendant les suites de l’enquête. Ça nous fera des vacances.
Frédérique Ries, ancienne speakerine de la télévision RTL en Belgique et députée européenne MR (Renew Europe, libéraux) est vice-présidente du Goupe d’amitié Union européenne-Maroc et membre de la délégation du Parlement européen pour les relations avec Israël. Elle est l’épouse de l’industriel et promoteur immobilier Olivier Goldberg (Motown Thines, Aero Belgium, Motown Project Holding, Motown Development, etc.). Les réseaux sociaux sont décidément une mine d’informations car les gens y étalent tout de leur vie privée et de leurs opinions. Ainsi, le compte Twitter de l’époux de Madame Ries, inactif depuis 2014, nous apprend que le sieur Goldberg est un sioniste convaincu et ardent défenseur d’Israël, de son armée et de Netanyahou, qui nie les crimes perpétrés par l’entité sioniste d’Israël à l’encontre de la population gazaouie. Il est aussi très admiratif envers BHL et Finkielkraut, les «grands philosophes» à la solde d’Israël. Mais revenons à son épouse, l’eurodéputée Ries, qui se dit offusquée par ce scandale de corruption qui éclabousse tout le Parlement européen. Elle a déclaré à la presse avoir décliné plusieurs demandes du Qatar, mais il semble qu’elle ait été moins regardante en ce qui concerne les deux entités criminelles que sont le Maroc et Israël. Pendant la période du Covid, elle a visé directement l’Algérie en prétendant que le camp de Tindouf était particulièrement touché par la pandémie et que l’Algérie ne faisait rien pour soigner les Sahraouis. Elle a même interpellé la Commission afin d’attirer son attention sur «la situation sanitaire déplorable» à Tindouf et que «les malades étaient confinés dans des chambres d’isolement dans un état catastrophique». On comprend mieux sa hargne contre l’Algérie quand on sait que Frédérique Ries siège également au conseil d’administration de la Fondation EuroMedA dont nous allons parler juste ci-dessous. Cumuler la fonction de vice-présidente du Groupe d’amitié UE-Maroc et faire partie du CA d’EuroMedA, c’est proclamer haut et fort son amour pour le royaume de Bousbir, mais n’y aurait-il pas là matière à réflexion quant à son impartialité et sa probité en tant que députée européenne ?
Venons-en au Français Gilles Pargneaux, LREM, député européen, président du Groupe d’amitié UE-Maroc, vice-président de la délégation pour les relations avec les pays du Machreq et membre de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et l’Union du Maghreb arabe. C’est beaucoup pour un seul homme mais ce n’est pas tout, car son amour pour le Maroc est incommensurable. L’ancien maire d’Hellemmes est marié à une Marocaine. Partisan de la politique marocaine de colonisation du Sahara Occidental, il refuse le principe du référendum d’autodétermination. Le torchon marocain Le Desk fait son panégyrique en mai 2017 en louant l’engagement total de Gilles Pargneaux pour le Maroc : «Sahara, Maroc-UE, Union Africaine, droits de l’Homme, Gdim Izik…, il n’y a pas un sujet pour lequel l’eurodéputé ne mouille pas la chemise pour défendre haut et fort les thèses de Rabat». Il a été nommé en 2016 à la tête du conseil d’administration de la société marocaine British International School Private. Il est aussi le cofondateur et président de la Fondation EuroMedA, une vitrine du lobby marocain, dont les bureaux sont installés à Bruxelles dans les locaux du cabinet de conseils en communication et affaires publiques Hill + Knowlton Strategies, dont le directeur exécutif stratégique est l’autre cofondateur d’EuroMedA, Alain Berger, ancien président du Groupe Alstom en Chine et siégeant dans 17 conseils d’administration (rien que ça !). Le principal client du cabinet de lobbying Hill & Knowlton Strategies n’est autre que l’entité voyou du Maroc. Dans le CA de la Fondation EuroMedA, on retrouve, outre l’eurodéputée Frédérique Ries, Pierre-Emmanuel Quirin, président du Forum de Crans-Montana, et qui déclarait déjà en 2016 que la ville de Dakhla est devenue «le laboratoire de l’Afrique de demain». Précisons que ce Forum de Crans-Montana se déroule régulièrement à Dakhla, dans le territoire sahraoui occupé. Il s’y est tenu les mois de mars 2017, 2018, 2019 et 2020. Mais continuons à piocher dans le conseil d’administration de cette Fondation EuroMedA où siègent d’anciens ministres de Mohammed VI, puisqu’elle a été fondée par Mohamed Cheikh Biadillah, ancien ministre marocain, et a été coprésidée par Salaheddine Mezouar, ex-ministre marocain des Affaires étrangères. Nous y trouvons la Franco-algérienne Debah-Khiari Bariza, sénatrice française de LREM et membre du Groupe sénatorial d’amitié France-Maroc ; Christophe di Pompeo, député français (de 2017 à 2022) du parti de Macron ; l’eurodéputée roumaine et ancienne ministre Ramona Manescu qui siège au CA tout en étant vice-présidente de la délégation pour les Relations avec les pays du Machreq ; l’eurodéputé socialiste allemand Jo Leinen qui siège au Parlement depuis 1999 ; l’eurodéputé PPE autrichien Paul Rübig qui siège au Parlement européen depuis 1996 ; Patricia Lalonde, épouse de Brice Lévy, alias Lalonde, lequel est le cousin germain de John Kerry par sa mère qui appartient à la richissime famille Forbes, a été eurodéputée jusqu’en 2019, membre de l’Union des démocrates et indépendants (UDI). Elle avait déjà fait parler d’elle en 2018 pour sa partialité en faveur du Maroc. En effet, elle a, elle aussi, fait partie du CA de la Fondation EuroMedA tout en étant en même temps rapporteur du Parlement européen sur la proposition d’étendre l’accord commercial UE-Maroc au Sahara occidental occupé. Enfin, la Fondation EuroMedA était à Dakhla, en territoire occupé, les 21 et 22 décembre dernier pour participer au premier Forum africain sur la migration, avec, bien sûr, Gilles Pargneaux en grande forme pour haranguer les foules. Revenons un instant sur ce Forum de Crans-Montana fondé en 1989 par, notamment, Jean-Paul Carteron, actuel ambassadeur des Iles Salomon auprès de l’Unesco et de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et creusons un peu pour en savoir plus sur ce quarteron. Il a été conseiller spécial de la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay, fille du conseiller du roi du Maroc, André Azoulay. Il a reçu de nombreuses décorations en récompense de services rendus, parmi lesquelles le prestigieux Wissam Al-Alaoui du royaume marocain. Il déclarait en novembre 2016 que «le choix de Dakhla (ndlr : pour y tenir le forum) permet de faire face à l’enfumage (sic !) sur la question des territoires du Sud et de montrer qu’il n’y a pas de problèmes au sud du Maroc», ajoutant que «tous ceux qui s’opposent à l’exercice démocratique appartiennent à la même famille que la Corée du Nord», cette dernière remarque étant bien sûr une pique à peine déguisée adressée à l’Algérie. Nous répondrons à ce larbin d’Israël et du Maroc qu’il devrait appliquer pour lui-même le titre de son livre La Fin des arrogances et qu’il se contente de compter les enveloppes qu’il reçoit du Makhzen au lieu de parler de l’Algérie et de la Corée du Nord.
L’eurodéputée espagnole Inès Ayala Sender, membre du PSOE et coprésidente de la Commission parlementaire mixte (CPM) Union européenne-Maroc, est aussi une grande amie du Maroc. Au cours d’un déplacement à Rabat en février 2018 pour entériner les accords de pêche et agricole entre l’UE et le Maroc, elle a déclaré que «le royaume jouit d’un statut de pionnier en matière de promotion de l’islam du juste milieu et ce, aussi bien dans le monde arabe que chez les communautés musulmanes en Europe». Quand on sait que le Makhzen infiltre toutes les mosquées européennes et ce que l’on doit à cet «islam du juste milieu» marocain en matière d’attentats, on ne peut qu’apprécier la clairvoyance de cette députée espagnole. Sa visite de «travail» s’est effectuée en présence d’Abderrahim Atmoun qui a bien certainement récompensé généreusement la délégation des parlementaires européens pour services rendus au Maroc en distribuant quelques «produits». Il n’y a pas que le Parlement européen qui est infiltré par les agents de la DGED de Mansouri. Toutes les institutions européennes, et même mondiales, car nous avons des exemples en Amérique latine, sont infiltrées par une 5e colonne qui travaille au profit du Maroc. C’est que l’argent issu du trafic de drogue est une manne inépuisable pour le régime marocain qui peut distribuer des enveloppes en veux-tu, en voilà. Ainsi, souvenons-nous de Philippe Moureaux, le bourgmestre PS de Molenbeek qui avait épousé une Belgo-marocaine et qui était complètement soumis au Makhzen. Nous lui avions consacré un article en 2014 déjà, intitulé «Comment le Makhzen contrôle l’immigration marocaine et infiltre les institutions». Latifa Aït-Baala, Belgo-marocaine, est députée bruxelloise MR (libéraux) dans la commune de Schaerbeek et, en tant que parlementaire bruxelloise, elle est rémunérée de 130 501,16 euros par an (2021), ce qui lui fait un salaire brut de 10.875 euros par mois. Cela ne l’empêche pas de faire des heures supplémentaires pour Yassine Mansouri en étant très active au niveau des institutions belges, européennes et internationales pour faire de la propagande en faveur de la «marocanité du Sahara». Elle est porte-parole depuis 2006 de la Coordination belgo-marocaine pour le Sahara marocain et secrétaire nationale de l’Alliance mondiale des Marocains de l’étranger (AMOME), organisation qui prône la thèse du «Sahara marocain» et qui organise les commémorations annuelles de la «marche verte». N’oublions pas Hugues Bayet, ex-eurodéputé belge et actuellement député fédéral PS et par ailleurs «président du Comité belge de soutien au Sahara marocain» auquel nous avons consacré un article. Il apparaît qu’il a été chef de cabinet adjoint du député européen Marc Tarabella, aujourd’hui impliqué dans l’affaire de corruption du Qatar et du Marocgate, lequel va bientôt perdre son immunité parlementaire en même temps que Cozzolino.
(A suivre…)
Mohsen Abdelmoumen