Où en est l’entretien des barrages ?

Politique de l’eau

A chaque fois que des averses de pluie inespérées tombent sans discontinuer pendant plusieurs jours, comme c’est le cas en ce moment, les informations sur les barrages qui emmagasinent l’eau destinée à la couverture des besoins nationaux en eau potable et pour le développement économique, reviennent dans l’actualité.

C’est l’occasion d’apprendre que les capacités de mobilisation des 80 barrages du pays passeront de 8,3 milliards de m3 actuellement, à près de 9 milliards de m3 en 2024, grâce à la mise en service de cinq nouveaux barrages, selon Mehdi Akkad, directeur général de l’Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH). En 2030, les capacités de mobilisation des barrages du pays atteindront 12 milliards de m3, d’après les mêmes prévisions. Le 20 décembre dernier, cette fois selon les indications de l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), le taux de remplissage des barrages en exploitation à travers le territoire national avait augmenté à 36,24%, avec une réserve totale mobilisée de 2,57 milliards de m3 à travers les 75 barrages du pays, grâce aux apports des derniers épisodes pluviométriques connus dans plusieurs wilayas du pays depuis le début du mois de septembre jusqu’au 12 décembre 2022.
Il y a quelques jours, avant l’épisode pluvieux actuel, dans un point de presse à l’issue d’une rencontre avec les cadres de son secteur, le ministre des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, a fait savoir que le taux de remplissage des barrages était de l’ordre de 32%, soit 5% de moins en comparaison avec les données de l’année dernière.
Pour autant, le ministre a tenu à rassurer : les stations de dessalement d’eau de mer et les forages pourront suppléer à la baisse du niveau des barrages. Ce jeudi, le directeur général de l’ANRH a déploré le «déficit persistant» accusé en matière de couverture des besoins en eau, au vu de la forte demande et du manque des eaux de pluies, ces dernières années, notamment au niveau de certaines régions du pays. Pour y remédier, il a évoqué les stations de dessalement d’eau de mer qui sont actuellement au nombre de 11 à travers le pays, d’autres sont en cours d’achèvement ou en projet.
Tout récemment, lors d’une réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée, le Président Tebboune a ordonné d’élaborer un plan pour la généralisation des stations de dessalement de l’eau de mer tout le long de la bande côtière, afin d’éviter les répercussions de la situation climatique difficile que connaît le monde. Un programme sans doute coûteux pour sa réalisation et exigeant pour son fonctionnement et son entretien. Selon l’objectif fixé par le Président Tebboune, le dessalement de l’eau de mer doit fournir 60 % de l’alimentation en eau potable, le reste serait partagé, 20 % chacun, entre les eaux superficielles (barrages) et les eaux souterraines (nappes phréatiques). Les barrages qui existent et qui continuent de fournir l’essentiel des besoins en eau du pays ne font pas l’objet de la même attention que les stations de dessalement. La plupart des barrages ont été construits à une période où l’option «tout équipement» était encouragée par les nombreuses études de la Banque mondiale qui, en même temps, annonçaient les pénuries d’eau à venir et proposaient à l’Algérie les prêts pour y faire face en investissant dans les infrastructures. Pendant longtemps, aucune attention particulière n’a été accordée à l’entretien et la maintenance de ces ouvrages. Leur exploitation n’a pas bénéficié de crédits conséquents pour assurer leur gestion adéquate, ce qui a conduit à leur dégradation (envasement, fuites, vétusté des équipements). Aujourd’hui, ces barrages connaissent le phénomène de l’envasement. Car, en plus de l’eau, les pluies apportent aussi de quoi envaser les barrages, c’est-à-dire de la boue, mais aussi des débris de toutes sortes, ce qui cause des pannes aux stations de traitement et aux stations de pompage, et donne une eau de mauvaise qualité. L’envasement des barrages réduit leurs capacités de remplissage d’un volume équivalent à plusieurs grands barrages. Où en est l’opération de dévasement des barrages ? Fait-on appel aux jeunes compétences algériennes pour y contribuer ? Les experts recommandent les méthodes préventives de traitement des bassins versants : reboisement, corrections torrentielles, plantation d’arbres fruitiers ou construction de retenues. Des campagnes de reboisement ont été effectuées, mais quel a été leur impact sur l’érosion ?
Lakhdar A.

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