Banques digitales et d’investissement, les conditions de la relance réunies !

Examen en cours du projet de Loi sur la monnaie et le crédit à l’APN

L’Etat mène ces trois dernières années une grande lutte contre la corruption et l’informel financier en vue de favoriser la transparence et pouvoir faire rectifier les erreurs ou manquements observés dans le passé.Pour passer à la vitesse supérieure, le Gouvernement a décidé de revoir certains fondamentaux réglementaires et institutionnels afin d’améliorer le climat des affaires et d’encourager l’investissement local et étranger en Algérie.
Il s’agit notamment du nouveau Code de l’investissement et de la nouvelle Loi sur la monnaie et le crédit, en cours d’examen à l’Assemblée populaire nationale (APN), qui devrait, en effet, renforcer la performance des entreprises économiques, encourager l’investissement étranger et favoriser l’inclusion financière. Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune avait montré sa bonne détermination à lutter contre l’informel financier, à soutenir la bonne gouvernance et à digitaliser l’économie et les finances du pays. Un pas audacieux a été franchi dans ce sens.
Le nouveau texte de loi sur la monnaie et le crédit renforce et élargit les prérogatives du Conseil de la monnaie et du crédit, en matière d’»agrément des banques d’investissement, des banques numériques, des prestataires des services de paiement et des intermédiaires indépendants». Il sera aussi autorisé «à ouvrir des bureaux de change». Ces dispositions permettront «aux institutions de renforcer leurs missions organisationnelles et de contrôle, de se conformer aux pratiques des banques centrales et des institutions de contrôle au plan international, et de conforter le processus de relance économique, à travers le renforcement de l’inclusion financière, la diversification des sources de financement de l’économie et le développement du marché financier», a expliqué, jeudi dernier, le ministre des Finances, Djamel Brahim Kassali, lors de la présentation de ce projet de Loi devant la Commission des finances et du budget de l‘APN, assurant que ce nouveau texte, tant attendu, vient renforcer la gouvernance et la transparence du système bancaire, la Banque d’Algérie en tête, en conférant au Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) de nouvelles prérogatives».
L’adoption de la nouvelle loi sur l’Investissement, la loi portant sur le statut de l’auto-entrepreneur et la réforme de la loi sur la monnaie et le crédit visent à accroître l’attractivité des investisseurs dans le pays et la protection de l’économie nationale. C’est ce qu’a affirmé, avant-hier, le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache, lors de son audition par ladite commission.
«Le succès de l’approche d’investissement ne saurait être réalisé sans un accès facile et simplifié au financement», a-t-il déclaré, précisant que «la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit contribuerait à l’amélioration de la gouvernance des banques et la facilitation du financement des projets d’investissement en présentant de différents produits de financement». Pour rappel, l’AAPI a été inauguré, par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, au mois d’octobre 2022, ainsi que le guichet unique des grands projets et des investissements étrangers. Ce dernier a enregistré «29 projets d’investissement d’une valeur de 92 milliards de dinars, deux mois après sa création, selon les chiffres avancés par son directeur général, Ahmed Berrichi, le 17 janvier passé sur les ondes de la Radio nationale Chaîne I. «22 projets portés par des investisseurs étrangers, ou en partenariat entre Algériens et étrangers, tandis que les sept projets restants seront mis en œuvre par des investisseurs algériens», a-t-il précisé. La levée des obstacles administratifs, notamment, la suppression de la règle 51/49 régissant l’investissement, instauré en 2009, a motivé le retour des investisseurs étrangers. Pour augmenter la valeur de l’investissement direct étranger (IDE) dans le pays, beaucoup reste à faire sur le plan réglementaire et institutionnel. La problématique de l’accès au foncier industriel et au financement des projets a été posée par l’intervenant, qui voit en cette nouvelle loi une solution à ces problèmes. «Le texte de loi, actuellement en cours d’examen, contribuera à la résolution de ce problème en présentant divers produits de financement avec la facilité et le coût nécessaires», a-t-il plaidé.
«Des mesures visant à prendre en charge le problème du foncier économique et un texte juridique portant orientation du foncier économique vers les projets d’investissement et les modes de rationalisation de leur exploitation, un texte qui est en cours d’élaboration», a annoncé M. Rekkache qui s’est dit favorable «à l’intégration de nouveaux outils monétaires qui sont adéquats avec les évolutions que connaît la scène monétique, à l’instar des outils de la finance islamique».
Pour lui, la création de banques et d’une monnaie numérique ou grosso-modo la digitalisation bancaire est indispensable pour éradiquer non seulement l’informel, mais aussi pour éliminer la bureaucratie. «La nouvelle approche de l’investissement n’a pas négligé un sujet important, à savoir le phénomène de la bureaucratie qui a été à l’origine de plusieurs cumuls, ce qui a amené à réfléchir aux cadres réglementaires, à l’effet de faciliter et simplifier l’acte d’investir», a-t-il souligné, évoquant, dans ce sens, «l’élargissement des prérogatives du Conseil de la monnaie et du crédit en ce qui concerne l’agrément des banques commerciales qui donneront des ressources supplémentaires pour le financement et appuieront l’investissement, ainsi que l’agrément des prestataires de services de paiement qui créeront une dynamique pour les investisseurs». Ce sont «les plus importants points inscrits et qui influent positivement sur l’investissement».
Samira Takharboucht