Les déterminants du cours du pétrole et la nécessaire transition énergétique pour l’Algérie

Energie

Les cours sont volatils depuis janvier 2023, le cours du Brent étant coté le 22 mars 2023 à 75,11 dollars, le WIT à 69,48 dollars et le gaz naturel selon la revue usine nouvelle devrait se négocier entre 50/60 dollars le mégawattheure pour l’année 2023 contre 300 dollars au moment du conflit en Ukraine, étant coté entre février et mars 2023 sous la barre des 50 dollars

1- Les neuf déterminants du cours du pétrole
Premièrement : L’élément central de la détermination du prix du pétrole est la croissance de l’économie mondiale et les tensions géostratégiques ainsi que des facteurs exogènes comme actuellement en mars 2023 la crise bancaire. Comme en témoigne, l’impact sur le cours des hydrocarbures via la croissance de l’économie mondiale de la faillite aux USA, de la Silvergate Bank, spécialisée dans les crypto monnaies, où ce secteur partiellement régulé depuis est le théâtre d’une série de scandales, entre faillites de banques ou plateformes, et les régulateurs cherchent des solutions pour protéger les particuliers de fraudes, le 9 mars 2023 , puis, le 24 mars de Silicon Valley Bank (SVB), la «banque de la tech» et, enfin, de Signature Bank, également proche du monde des cryptos, le 12 mars où la Signature Bank qui disposait de 110 milliards de dollars d’actifs et de 88 milliards de dollars de dépôts, la SVB, 173 milliards de dollars et ses actifs étaient estimés à 209 milliards de dollars, ce qui en faisait la seizième banque des Etats-Unis, la Fed ayant prêté environ 2 milliards de dollars au secteur bancaire pour éviter la cris selon bon nombre d’experts En Europe UBS a accepté de racheter Credit Suisse, suite à sa faillite pour trois milliards de francs suisses (3,04 milliards d’euros) , selon le Financial Times qui compte parmi les 30 plus importantes banques du monde afin d’éviter un impact systémique, la Banque nationale suisse (BNS), ayant accepté de débloquer des liquidités pour 100 milliards de dollars en faveur de Credit Suisse dans le cadre de l’accord. Cependant ces faillites selon bon nombre d’experts restent très localisées, voire sectorielle, ayant mis en place des mécanismes de protection, suite aux leçons de la crise de 2008, loin de celle de Lehman Brothers, où cette dernière disposait de plus de 600 milliards de dollars d’actifs et était surtout l’une des premières banques d’affaire mondiale. A l’époque, presque toutes les banques de la planète étaient clientes de Lehman Brothers, d’où un effet domino quasiment immédiat qui s’en est suivi. D’où l’optimisme mesuré d’une relance de l’économie mondiale en 2023 , mais aucun expert ne pouvant prévoir au-delà de 2025, du fait des importantes nouvelles mutations du modèle de consommation énergétique et des impacts externes imprévisibles..
Deuxièmement: Le respect des accords de l’OPEP pour le pétrole, où l’OPEP représente environ 35% de la production commercialisée mondiale et environ 50% si l’on inclut l’OPEP+ pour le pétrole, dont le plus gros producteur est la Russie. Pour le Gaz il est utopique pour l’instant de parler d’un marché mondial de gaz, plus de 65% étant des marchés régionaux segmentés se faisant par canalisation, mais ave percée croissante du GNL. Au sein de l’OPEP, l’Arabie saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l’offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente l’Arabie saoudite, la Russie dans le cadre de l’OPEP+ pour déterminer le prix plancher.
Troisièmement: Un des plus grand producteur mondial grâce au pétrole et gaz de schiste, sont les USA où du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) qui a bouleversé toute la carte énergétique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à un niveau fluctuant entre 8,5 et plus de 10 millions de barils jour, où les gisements marginaux les plus nombreux deviennent rentables à un cours du baril supérieur à 60 dollars. Les Etats-Unis, importateur par le passé, sont devenus le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte de la consommation intérieure) devant l’Arabie saoudite et la Russie. Selon The Telegraph, les Etats-Unis devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL.
Quatrièmement; L’on doit tenir compte du conflit en Ukraine qui a bouleversé toute la carte énergétique avec la décision du G7 plus l’Australie de plafonner prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars le baril et les dérivées à compter de février 2023, ainsi que la décision récente de la commission européenne de plafonner le prix du gaz à 180 dollars le mégawattheure. Certes, ces plafonnements n’ont de chance de succès que si ces prix se rapprochent de ceux du marché mais cela remet en cause la stratégie expansionniste russe avant ces conflits, à travers le North Stream et le South Stream d’une capacité de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, plus de 45% avant les tensions, le North Stream ayant été abandonné malgré un lourd investissement et le livraisons de gaz russe en direction de ‘l’Europe ayant fortement baissé en 2022, plus de 46%, expliquant d’ailleurs les tensions énergétiques en Europe. La Russie se tourne actuellement vers l’Asie dont la Chine et l’Inde à des prix préférentiels. Selon l’AFP en date du 21 mars 2023, les présidents russe et chinois sont parvenus mardi à un accord sur le gigantesque projet de gazoduc Force de Sibérie 2, afin de réorienter l’économie russe vers l’Asie face aux sanctions internationales. Avec la mise en service de 50 milliards de mètres cubes de gaz qui transitent via ce gazoduc de 2600 kilomètres de long qui reliera la Sibérie au Xinjiang chinois (nord-ouest), via les steppes de Mongolie, un gazoduc déjà existant, Force de Sibérie, qui part lui de l’Extrême-Orient russe où en 2022, les livraisons de gaz ayant atteint 15,5 milliards de mètres cubes, les quantités attendues de livraisons à terme représenteront autant que Nord Stream 1 (55 milliards de mètres cubes), l’objectif d’ici 2030 étant de livrer au total à la Chine environ 98 milliards de mètres cubes de gaz et 100 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié. Cela aura un impact sur la future carte énergétique mondiale, mais ce projet canalisation Sibérie Chine devant mettre plusieurs années avant son exploitation.
Cinquièmement :Il faut prévoir le retour à terme, sur le marché de la Libye, sous réserve d’une stabilisation politique, des réserves de 42 milliards de barils de pétrole et plus de 1500 milliards de mètres cubes gazeux, pour une population ne dépassant pas 6,5 millions d’habitants, pouvant facilement produire plus de 2 millions de barils/jour; l’Irak, pouvant aller vers plus de 7 millions/jour et l’Iran, s’il y a accord sur le nucléaire ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant d’exporter entre 4/5 millions de barils jour, sinon plus et possédant le deuxième réservoir de gaz traditionnel mondial, plus de 35 000 milliards de mètres cubes gazeux, derrière la Russie 45 000 et avant le Qatar 20 000.
Sixièmement : Les nouvelles découvertes dans le monde en offshore en Méditerranée orientale 20 000 milliards de mètres cubes gazeux et en océan Arctique où si on rapporte ces calculs à l’échelle mondiale, l’Arctique contiendrait 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel. mondial, . expliquant en partie les tensions au niveau de ces régions ,leur exploitation étant focntion du cout élevé, et en Afrique dont le Mozambique (plus de 4000 milliards de mètres cubes gazeux) qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique.
Septièmement : Les politiques de la transition énergétique seront déterminantes pour un nouveau modèle de consommation énergétique mondial qui influe sur les prix des hydrocarbures transitionnels. D’ici à 2030/2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique USA/ Chine/Europe/Inde devraient dépasser les 4000 milliards de dollars et les grandes compagnies devraient réorienter progressivement leurs investissements dans ces segments rentables à terme, les industries de la vie pour reprendre l’expression de Jacques Attali. Les USA/Europe représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial qui dépasse le seuil des 100.000 milliards de dollars en 2022, pour une population inférieure à un milliard d’habitants. Et si les Chinois, les Indiens et les Africains avaient le même modèle de consommation énergétique, il faudrait cinq fois la planète.
Huitièmement : L’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse ou baisse du dollar, pouvant entraîner un écart de 10/15%.
Neuvièmement : Les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois, la chine et l’inde tirant fortement la demande mondiale.

2.- Pour l’Algérie, la nécessaire transition énergétique
Comme cela a été annoncé dans plusieurs de mes contributions au niveau national et international (voir nos interviews au quotidien le Monde.fr Paris 2022 et le 20 mars 2023 18h/18h15 à Radio Algérie Interraciale sur la place de Sonatrach en Afrique et au niveau international et la problématiques de la forte consommation intérieure au site américain Maghreb Voices 21/03/2023 -et dans le quotidien arabophone El Khabar le mercredi 22 mars 2023 sur les déterminants du cours du pétrole). concernant les exportations de 100 milliards de mètres cubes gazeux j’avais précisé que cela n’était possible que vers 2025/2027 sous réserve de huit conditions, le PDG de Sonatrach reprenant les mêmes données que celles que j’avais données en janvier 2023 reprises par les médias officiels (source APS 14/03/2023 ) je le cite « l’Algérie prévoit de mettre sur le marché mondial dans les prochaines années pas moins de 100 milliards de mètres cubes gazeux »-à-dire au minimum en 2027 et non pas comme annoncé par certains soi-disant experts organiques sur les plateaux de télévision qui voulaient faire plaisir au président de la République en 2023, en lui donnant de fausses. La production totale à ne pas confondre avec les exportations, consommation intérieure, plus exportation, plus 15/20% de réinjection dans les puits pour éviter leur épuisement, a avoisiné en 2022, 125/130 milliards de de mètres cubes gazeux, devant au minimum, fonction de l’accroissement de la forte demande intérieure et d’importants investissements, produire 180/200 milliards de mètres cubes gazeux pour pouvoir exporter 100 milliards de mètres cubes gazeux . A court terme, les exportations peuvent croître seulement entre 4/5 milliards de mètres cubes gazeux. Horizon 2025/2027, l’Algérie peut doubler ses exportations de gaz vers l’Europe de 11 à 25% sous réserve de huit conditions renvoyant à la nécessaire transition énergétique.
Pr des universités, expert international docteur d’Etat Abderrahmane Mebtoul
(A suivre)