Sonatrach réalisera seule son projet polypropylène

Après le retrait du Groupe français Total

Il aurait fallut attendre six ans pour voir finalement l’attribution du contrat de réalisation du complexe de production de polypropylène d’Arzew.

Dans un communiqué de presse diffusé jeudi passé sur son site web, Sonatrach annonçait l’attribution du projet de réalisation du complexe pétrochimique d’Arzew, destiné à produire du polypropylène, au consortium britano-chinois Petrofac-HQC.
«Ce marché de 1,5 milliard de dollars a été attribué au soumissionnaire le mieux disant, conformément à la procédure de passation de marchés par la Spa Step Polymers, filiale à 100% Sonatrach», lit on dans le communiqué.
Ce projet remonte au 10 avril 2017 quand Sonatrach et le groupe français Total signaient un accord global portant sur la concrétisation de nouveaux investissements, dont celui d’un complexe de production de polypropylène à Arzew. Une année plus tard, le 11 mai 2018 les deux compagnies signent un accord en vue de lancer les études d’ingénierie pour la réalisation de ce complexe pétrochimique de production de polypropylène. Dans ce partenariat, Sonatrach détient 51% des parts et les 49% restants pour le groupe français Total. Le projet consiste en la construction d’une usine de déshydrogénation de propane, une unité de production de polypropylène d’une capacité de 550.000 tonnes par an ainsi qu’une unité logistique à la pointe de la technologie, souligne le protocole d’accord. Cet investissement rentrait dans la stratégie de Sonatrach visant à développer l’industrie pétrochimique et valoriser les richesses en hydrocarbures. Il est question également de réduire les importations des matières premières plastiques. En 2021, la facture des importations des plastiques du pays avait avoisiné les 2 milliards de dollars. Concernant le polypropylène, ce dernier est incontournable pour l’industrie automobile, l’électroménager et l’électronique ainsi que l’emballage. Concernant ce produit l’Algérie importe près de 80.000 tonnes annuellement.
Mais l’espoir de construire rapidement le projet d’Arzew va vite s’estomper. Les études d’ingénierie vont alors s’éterniser. Régulièrement, les médias rapportent des informations parlant du retrait du partenaire français de cet investissement. Le froid qui caractérise souvent les relations diplomatiques entre Alger et Paris n’est pas fait pour aider le partenariat entre les entreprises des deux pays.
Alors que le projet avec le groupe français Total traine depuis 2018, en octobre 2021 le groupe Sonatrach signe un accord avec la société Renaissance pour le développement d’un projet pétrochimique de production de polypropylène dans la ville de Ceylan en Turquie. Dans ce projet, Sonatrach détient 34% et fournira 550.000 tonnes de propane nécessaire pour son fonctionnement. 70% des financements de ce projet seront assurés par des banques internationales. Voilà qui vient contredire les allégations de Total concernant l’absence de rentabilité du projet d’Arzew et son coût élevé.
Face à l’hésitation de Total, Sonatrach a décidée de compter sur ses propres moyens pour mener à terme le projet d’Arzew. Dans le communiqué de la compagnie pétrolière nationale, il est clairement mentionné que c’est la Step Polymers, une filiale 100% de Sonatrach, qui a attribuée au consortium Petrofac-HQC, le marché de réalisation du complexe pétrochimique de production de polypropylène d’Arzew. Le montant du marché est de 1,5 milliard de dollars avec une production de 550.000 tonnes de polypropylène et des délais de réalisation de 42 mois. Deux jours avant la publication de ce communiqué, soit le 16 mai 2023 Sonatrach annonce la signature d’un contrat de vente de Gpl à la société chinoise Wanhua Chemical. Le Gpl servira à approvisionner un complexe pétrochimique de cette compagne en Chine. Pour la première fois, le Gpl algérien s’exporte en Asie. Avec 8,3 millions de tonnes de Gpl produits en 2022, l’Algérie reste un important exportateur mondial de ce gaz.
M. Chermat