Face au risque sismique, l’Algérie doit s’adapter !

Les lois existent, mais il manque leurs mises en œuvre sur le terrain

Vingt ans après, les Algériens se souviennent toujours du violent séisme de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter qui a ravagé la wilaya de Boumerdès et a endeuillé tout le pays. Depuis ce drame, les citoyens vivent avec la peur d’un tremblement de terre destructeur.

Une peur ravivée par le double séisme qui a dévasté le 6 février dernier la Turquie et la Syrie, rappelant aux autorités nationales l’urgence d’actualiser le règlement parasismique et celui de la construction qui devraient obéir à de nouvelles normes, et ce, au-delà de l’aspect préventif.
Le débat est de nouveau relancé sur la vulnérabilité du pays face aux séismes.
L’Algérie située dans une plaque sismique au niveau du bassin méditerranéen risque, en effet, d’être frappée par un séisme de grande ampleur. L’alerte a déjà été donnée, auparavant, par de nombreux experts qui insistent encore sur l’urgence d’encadrer davantage l’urbanisation et d’appliquer sérieusement et rigoureusement les textes réglementaires sur le terrain. C’est l’essentiel pour mieux régir les constructions.
Il en va de même pour la réhabilitation du vieux bâti, fragile et instable, afin de renforcer sa capacité à résister à ce type de catastrophe. Cette question a été soulevée par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, qui a appelé, hier, à Alger, à accélérer la réhabilitation du vieux bâti et des constructions non conformes pour réduire l’impact des catastrophes naturelles, notamment, du séisme sur le pays.
Il a mis en avant, à l’occasion de l’installation du nouveau directeur général du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag), M. Hamoud Beldjoudi en remplacement d’Abdelkrim Yelles-Chaouche, mis à la retraite, coïncidant avec la commémoration du 20ème anniversaire du séisme de Boumerdès, le rôle du ce centre «dans le domaine de la prévention et de la surveillance sismique du territoire national». Un sujet important abordé lors du colloque international portant sur la réduction du risque sismique, qui s’est tenu samedi à Alger, et lors duquel, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane a annoncé la préparation dans les semaines à venir, d’une nouvelle loi, «qui viendra remplacer le texte de 2004, relatif à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes».
L’Algérie devra, selon lui, s’adapter aux changements climatiques et devrait se préparer à faire face à la récurrence des catastrophes naturelles. C’est ce que recommandent les experts qui insistent depuis des décennies sur la nécessité d’actualiser le règlement sismique algérien et d’œuvrer à la mise en place des stratégies et des mécanismes de riposte contenus dans la loi en vigueur. Lors de son intervention, hier, sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne I, le directeur général de l’Organisme National de Contrôle Technique de la Construction (CTC), Khaled Meziani, a rappelé les engagements de l’Algérie dans le cadre d’action de SENDAI pour la réduction des risques de catastrophes 2015-2030, ratifié par l’Algérie, soulignant, à l’occasion, les efforts des autorités dans la mise en œuvre des stratégies de prévention à court et à long terme des risques sismiques. Il a évoqué le rôle important du CTC dans le suivi et le contrôle de l’application rigoureuse de la réglementation en matière de construction, notamment, du dispositif antisismique.
La rigueur dans l’application des textes de loi est impérative, selon, Redha Bouarioua, Directeur général de la Construction et des Moyens de réalisation au ministère de l’Habitat.
Il a souligné, à son tour, lors de son intervention sur les fréquences de la Radio nationale, Chaîne III, l’importance de l’actualisation de la Réglementation parasismique algérien (RPA), dès l’année 2023.
«A travers l’actualisation de ce dispositif, nous allons pouvoir intégrer toutes les nouvelles techniques de protection sismique et les nouveaux systèmes de construction», a-t-il indiqué, précisant que «le département ministériel de l’habitat s’orientera vers des systèmes de construction flexibles, légers, facilement réalisables et ont une aptitude à résister aux séismes». Il est impératif, selon lui, de tirer profit de l’expérience douloureuse du Japon qui a éduqué son peuple à la catastrophe.
«Nous tirons des leçons de ce qui arrive aux autres pays. Le Japon, par exemple, avec toutes les avancées technologiques qu’il enregistre, continue de revoir sa réglementation parasismique».
Samira Takharboucht

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