Puberté, éducation en santé sexuelle et reproductive

A l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle le 28 mai 2023

La puberté est la période de la vie, pendant laquelle les organes sexuels subissent des transformations pour atteindre progressivement leur maturité et permettre la reproduction ; ce mécanisme physiologique naturel, commence lorsque débute la production des hormones qui vont agir sur les testicules chez les garçons et sur les ovaires chez les filles, organes qui vont sécréter des hormones sexuelles, la testostérone chez les garçons et les estrogènes chez les filles.

La puberté s’accompagne d’apparition de caractères sexuels secondaires spécifiques au sexe masculin et au sexe féminin : physiques, physiologiques, psychiques et comportementales, apparition des poils, acné (hab chbeb).
La puberté précoce est pathologique par son apparition avant 8 ans chez la fille et avant 10 ans chez le garçon.
On distingue deux types de puberté précoce pathologique, celle plus commune qui résulte d’une production prématurée d’hormones et celle plus rare, conséquence de tumeurs.
Selon Roberto Antonini, endocrinologue pédiatre (BBC News (28/03/2022) «Les filles souffrant d’obésité ont tendance à avoir une puberté précoce, la leptine, hormone produite par le tissu adipeux en serait responsable» .
La puberté normale est de plus en plus précoce à cause de la pollution par les produits chimiques et autres organismes génétiquement modifiés (OGM) entrant dans l’alimentation humaine et animale (viandes rouges et blanches, poissons d’élevage), dans l’agriculture par les engrais et pesticides (légumes, fruits) ; les perturbateurs endocriniens et compléments alimentaires sont incriminés. La femme enceinte en est particulièrement victime ainsi que les enfants bourrés de friandises et boissons. Sont aussi responsables, l’usage des cosmétiques y compris chez les enfants (filles et garçons), l’environnement, le réchauffement climatique et les ondes (internet et téléphone mobile) !
A la puberté, les organes sexuels des garçons et des filles, deviennent fonctionnels et sont aptes à la procréation, à n’importe quel âge, le garçon pubère peut féconder la fille pubère qui risque de tomber enceinte même sans pénétration, par contact des spermatozoïdes sur la vulve. Des cas de grossesse de fillettes pubères par des garçons pubères de moins de 12 ans sont rapportés ; les « jeux « sexuels deviennent courants entre enfants pubères, induits par les films pornographiques, la parabole et le smartphone en sont la cause principale…
La puberté chez le garçon se situe entre dix et douze (10 à 12) ans, à l’âge de onze (11) ans en moyenne.
Les signes pubertaires sont l’augmentation de la taille des testicules, puis la croissance de la verge, le changement de la voix et l’apparition de la barbe et des moustaches. Il peut se produire un gonflement provisoire des seins avec induration des tétons, pour disparaître en quelques mois, phénomène normal.
Les premières éjaculations se produisent au cours du sommeil, constatées par la découverte de sperme dans le lit, les parents ne doivent pas blâmer leur fils car elles sont normales et involontaires. En cas de flagrant délit de masturbation, ne jamais le punir, et si cela devient pathologique, il est conseillé de consulter le médecin de famille ; la masturbation chez les adolescents est une pratique commune et le risque de surdité est une stupide légende…
La puberté chez la fille se situe entre huit et dix (8 et 10) ans, à l’âge de neuf (9) ans en moyenne.
Les signes de la puberté sont le développement des seins et le cycle menstruel qui est caractérisé par l’ovulation et les règles qui indiquent que la fille est apte à la procréation. La mère doit, le plus tôt possible, informer sa fille et la mettre en garde, sur le risque de grossesse. En cas de grossesse, les parents doivent éviter de la traumatiser car innocente et la signaler en urgence aux services de santé afin de bénéficier d’une interruption thérapeutique en vertu de la loi.
La puberté est un bouleversement pour la fille qui doit y être préparée par sa mère, sa tante ou sa grande sœur, période sensible pour la fille qui a besoin de l’attention de sa mère, de son père, des enseignants et autres éducateurs.
Souvent, la fille, surprise par l’apparition des règles à l’école, particulièrement lorsque son vêtement est taché de sang, est souvent harcelée et moquée par ses camarades de classe, filles et garçons. Traumatisée, elle risque de se renfermer sur elle-même et peut devenir dépressive. L’hygiène menstruelle étant un problème de santé publique, des mesures doivent être prises pour faciliter l’accès et la disponibilité des protections périodiques, distribution gratuite pour les familles nécessiteuses, par les centres de santé, le Croissant Rouge Algérien et autres associations ; promotion de la fabrication de serviettes hygiéniques en tissu réutilisable et lavable (disponibilité d’eau et de savon) ; les serviettes en tissu sont très utilisés dans les pays du Tiers monde. L’Etat doit défiscaliser ce produit de première nécessité (TVA, impôts sur les matières premières) ; Ces mesures de facilitation sont prises par certains pays européens, asiatiques et africains.

Puberte et risque de grossesse
Selon la Loi n° 18-11 du 2 juillet 2018 relative à la Santé, une mineure enceinte est protégée par l’Etat et doit bénéficier systématiquement de l’interruption thérapeutique de grossesse en application des articles 77 et 84.
Article 77 – L’interruption thérapeutique de grossesse vise à préserver la santé de la mère lorsque sa vie ou son équilibre psychologique et mental est gravement menacé par la grossesse.
Article 84 – La protection et la promotion de la santé des adolescents et des jeunes, constituent une priorité de l’Etat.
Histoire vécue en Algérie : Triste sort que celui de Safa, la fillette remarquée en 1983 dans un centre de rééducation pour délinquantes ! Agée de 12 ans, petite et ronde avec un ventre proéminent, jouant innocemment seule dans la cour du centre, avec un gros ballon gonflable de couleur rouge, tout un symbole…
L’innocente petite fille enceinte de 8 mois, placée juste après son viol, dans ce centre dit de «rééducation morale et sociale», victime de la pauvreté, de l’abandon familial et de non-assistance à enfant en danger par négligence médico-judiciaire alors que la loi permettait sa prise en charge à l’hôpital et l’interruption thérapeutique de sa grossesse.
Parce que sujet tabou, l’information avait été censurée par les médias…
Histoire vécue au Pérou : Lina Medina, la plus jeune maman du monde à ce jour.
Lina Medina, enfant péruvienne, victime de viol, réglée à quatre (4) ans, enceinte à quatre (4) ans et dix (10) mois, accouchement par césarienne à l’hôpital de Lima le 14 mai 1939, à l’âge de cinq (5) ans, sept (7) mois et dix-sept (17) jours, mère de Gerardo, un bébé de 2 kg 700. Ce cas mondialement rapporté par les médias, particulièrement par la revue médicale La Presse médicale (n° 38 et 43 du 13 et 31 mai 1939) qui avait couvert l’évènement à Lima (Pérou). En Algérie, cette information avec photo a été publiée pour la première fois, dans l’hebdomadaire national Algérie Actualité (n° 1119 du 30 mars au 1er avril 1987 page 29 – Dr Boulbina).
Rares sont les parents qui parlent de sexualité avec leurs enfants mais « tous » mettent en garde leurs filles, dès l’âge de deux ans, contre la promiscuité des garçons. Responsables de leurs enfants, les parents doivent participer à leur éducation surtout en santé reproductive, dès qu’ils commencent à parler, de façon progressive, directe ou indirecte par des livres pour enfants et bandes dessinées, adaptés aux différents âges. l’éducation doit se poursuivre à l’école .La loi n° 18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé – Article 120 stipule que : l’éducation pour la santé est assurée par l’Etat, les collectivités locales et les institutions et établissements d’éducation, d’enseignement supérieur et de formation professionnelle. Elle a pour but de contribuer au bien-être de la population en lui permettant l’acquisition des connaissances nécessaires, dans le domaine de l’éducation sanitaire, notamment en matière de prévention en matière de santé reproductive, particulièrement l’éducation sexuelle auprès des jeunes.
Afin de promouvoir l’éducation sexuelle, instituée par la Loi sur la Santé, les institutions doivent mettre en place les programmes prévus par la loi, en assurant en priorité la formation des enseignants, des imams et mourchidates.
Les cours d’éducation sexuelle, doivent être dispensés séparément aux garçons et filles car il est pratiquement impossible d’assurer une formation mixte qui pose problème même en Europe où les cours sont souvent boycottés par les filles à cause de l’attitude grossière des garçons perturbateurs ! En outre, les enseignants, les parents d’élèves et les élèves accepteront-ils des cours mixtes ? Pour éviter un débat idéologique stérile, un sondage est préconisé par le ministère de l’Education nationale, cette institution étant la plus sensible.
Les médias ((TV, radio et presse écrite) ont un rôle capital dans le plaidoyer, l’information et la sensibilisation en matière d’éducation sexuelle et de santé reproductive, consacrées par la Loi sur la Santé.
Par le Docteur Smaïl Boulbina