Prix instables, l’Opep va rester à l’offensive !

Poursuite des réductions individuelles de la production de l’Opep+

Le pétrole a commencé la semaine en légère hausse grâce à la décision des 23 pays membres de l’alliance Opep+ de prolonger les réductions individuelles de production jusqu’au 31 décembre 2024, mais surtout grâce à l’engagement de l’Arabie saoudite à réduire, volontairement, sa production journalière d’un million de barils supplémentaires en juillet, ramenant le volume des extractions du groupe informel au niveau le plus bas depuis des années, à 4,66 mbj. Cette décision prise, avant-hier, à l’issue des travaux de la 49ème réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) et de la 35e réunion ministérielle Opep et non-Opep (Opep+) est considérée par les analystes comme «un signal clair au marché et un avertissement aux investisseurs pariant sur une baisse des cours de l’or noir», assurant, que l’Opep+ est prête à tout pour stabiliser les prix et à réagir sur le prix plafond imposé par les Occidentaux. Cependant, l’objectif principal est de faire augmenter les prix du pétrole en berne depuis des semaines, dans un contexte économique et énergétique plombé par la crise géopolitique en Europe de l’Est.
Pour sauver ce marché, l’Arabie saoudite a décidé «unilatéralement» de sabrer sa production d’un million bj, totalisant ainsi une baisse globale de 1,5 mb/j. Une coupe qui risque de faire mal aux pays consommateurs qui craignent une hausse des prix à la pompe en raison du resserrement de l’offre face à une demande, encore instable, mais croissante.
«Cette réduction volontaire vient renforcer les mesures de précautions déployées par les pays de l’Opep+ qui visent à soutenir la stabilité et l’équilibre du marché pétrolier», a indiqué dans un communiqué le ministère de l’Energie saoudien, affirmant que cette décision a été prise «en coordination avec certains pays participants à l’Accord Opep+». Le groupe informel a décidé, après plusieurs heures de négociations, de continuer à limiter l’offre jusqu’en 2024, avec l’objectif de faire baisser leur production de «1,4 million de baril par jour supplémentaire (bpj) à compter de 2024 par rapport aux objectifs actuels pour les ramener au total à 40,66 millions de bj», selon le communiqué de l’Opep, publié sur son site web officiel, avant-hier.
Cette annonce a eu un effet immédiat sur les cours du pétrole qui ont légèrement grimpé à 77,91 dollars le baril après avoir passé des semaines dans le rouge. Les prix de l’or noir pourraient flamber à nouveau et retrouver leur sommet précédent. Le groupe Opep+ a prouvé, une nouvelle fois, sa solidarité et son engagement en faveur de la stabilité du marché pétrolier. La baisse validée par l’Alliance réduirait d’environ 4,5 % la demande mondiale, ce qui provoquera, probablement, un déséquilibre entre l’offre faible et la demande de plus en plus croissante avec le retour de la Chine sur le marché mondial.
L’Arabie saoudite a mis en garde, il y a quelques semaines, les investisseurs sur l’impact négatif de la spéculation sur le marché pétrolier, assurant ne ménager aucun effort pour stabiliser le marché de l’or noir, sous-entendant ainsi une baisse de production supplémentaire. Ce qui n’était pas de l’avis de la Russie qui a exclu toute nouvelle réduction. Malgré ce désaccord, les deux poids lourds de l’Opep+ se sont mis d’accord sur le maintien de leur stratégie de production dans l’intérêt commun du marché pétrolier.
Cette position est considérée comme un signal aux spéculateurs. L’Opep+ ignore à nouveau les pressions et les reproches des Occidentaux qui l’accusent de manipuler les cours du brut et de peser sur l’activité économique par des prix de l’énergie très chers. La hausse des cours risquent de miner, estiment certains experts financiers, l’économie mondiale, alors que la véritable menace vient des marchés financiers américains. Par cette décision, l’Arabie saoudite en particulier a tenté de répondre clairement «aux personnes pariant sur une baisse des cours du brut». Idem pour les autres membres qui ont décidé de poursuivre les réductions individuelles jusqu’en 2024. L’Algérie et huit autres pays avaient déjà décidé de réduire de manière volontaire leur production au mois d’avril. Une décision effective depuis le début mai écoulé. L’Algérie a accepté, à l’instar des autres membres de l’Opep+ de prolonger sa réduction volontaire de 48.000 barils de pétrole par jour jusqu’à fin décembre 2024. Le pays produit aujourd’hui 1,007 mbj. L’objectif de ces sacrifices est de stabiliser les cours de l’or noir et de soutenir la rentabilité financière du pays.
Samira Takharboucht