Béjaïa Mon village Tamridjet, une fierté de m’identifier !

J’avoue que je ne suis pas de ceux qui détestent leur village. Certes, il sait bien que je l’ai quitté trop tôt pour étudier et voyager. Néanmoins, à force de me retrouver souvent en mes allers et retours périodiques, il ne me craint pas. Il me réserve un accueil chaleureux comme celui de ses propres enfants sédentaires qui le quittent vers les champs le matin et revenir le soir. Cette marque de confiance est touchante. Je l’apprécie beaucoup.
Toutefois, toujours on s’identifie à lui quelque soit la disposition acquise dans la raison socioprofessionnelle. Cette vérité est si évidente comme un profond sentiment d’amour que personne ne se plaint n’avoir pas senti.
Ce passage est écrit en hommage à l’écrivain Mouloud Feraoun ; auteur de l’ immortel et mythologique roman « jours de Kabylie » .
Mon village se situe au sein d’un espace géographique lointain entouré de deux crêtes, à savoir la montagne Zene, au nord et la ligne Boukhouna au sud ; accroché au pied des Monts du Babors à distance de 50 km du chef lieu de la wilaya de Bgayet ; aux limites limitrophes administratives des wilaya de Sétif et de Jijel. Ses habitants s’affairent et accomplissent leur besogne dans un cadre solidaire et sociétal. Il s’appelle Tamridjet.
A l’instar d’autres villages de Kabylie, Mon village Tamridjet, certes, présente un voisinage paisible et convivial mais n’offre pas de commodités de subvenir aux besoins pressants de la vie. Ses enfants s’évadent pour un gain de pain et réalisent leur rêve ailleurs ; soit la destination est l’émigration à l’étranger , soit à l’intérieur du pays. D’autres se sédentarisent et se débrouillent dans les petits métiers. Le village par identification, leur réserve le même accueil sans discrimination. Puisque ni l’un, ni l’autre, ne pourra le délaisser.
Dans ce bout géographique sis près du ciel ou l’eau certes rare mais limpide ; l’air pur, un paysage verdoyant, la solidarité et l’entraide sont les maitres-mots qui persistent éternellement au sein de la collectivité.
Pour arriver à Tamridjet, il faut grimper et supporter les chemins successifs et vertigineux qui montent. On accède à Tamridjet par deux chemins vicinaux, l’un CW17 à partir du rond-point du oued Agrioun sur la route nationale 43 dans la commune de Souk El Tenine, sur une distance de 10 km en passant par le village Tizi-War constitué principalement de ses délogés de mon village ; devenu le plus peuplé de la wilaya de Bgayet. L’autre chemin communal juxtaposé sur la RN-9 à partir de l’espace de la commune de Derguina en passant également par le village antique Aït Atik, sur une distance de 15 km. Lors de notre périple, de loin, on aperçoit des hameaux éparpillés constituent la « Kharouba » donc un groupement familial . On cite en pêle-mêle les villages Ait Bouyoucef, Zentout, Laalem, Bouchertiwa, Laazouguen constituent une extension urbaine, Aït Meberki qui se trouve au pied d’une crête qui a vue une embuscade durant la Guerre de libération dont l’auteur principal est le Moudjahid Bouzekri Ali toujours en vie, Bouzaroual, Timzal qui reste inaccessible, Tilghast sise au centre qui était un lieu de déportation au temps du colonialisme français, Aït Boughama sans accès en plein souffrance d’isolement, ont fuit cet hameau cloisonné vers une crête Adhrar accessible, Aït Bouzekri qui a bénéficié dernièrement du bitumage de leur piste. Toutefois, on signale l’exode total des villageois de Hidous et ceux d’Aït Bouguham devenus dépeuplés, à la recherche de meilleures conditions de vie.
Arrivé au chef lieu, on distingue l’existence de l’édifice communal en dépit de son exigüité illustré par une belle architecture témoignant de la présence d’une autorité publique. Comme, on trouve à sa proximité l’antenne d’Algérie Poste qui offre son visage antique remonte à ma date de naissance, donc, qui nécessite sa réhabilitation en disposition moderne dont le postier populaire qui offre ses prestations de services avec satisfaction au profit de sa communauté locale. Egalement, sur une distance de 1 km, on repère une polyclinique perchée dans les hauteurs baptisée au nom du chahid Benlounis Ali, qui présente ses prestations de services aux patients seulement le jour, alors les urgences ne sont pas assurées. En conséquence, les patients doivent se déplacer à l’hôpital le plus proche sis à Souk El Tenine sur une distance de 10 km. Quant aux pharmaciens, on note l’existence de deux pharmacies qui soulagent les patients dans l’acquisition de leurs médicaments. Les Médecins en fonction libérale restent instables. Ainsi, aux alentours, on compte de diverses boutiques par lesquelles s’approvisionnent les citoyens ; tels que la Boulangerie, une boîte de pâtisserie, des superettes d’alimentation générale, des librairies, des bouchers, des ateliers de menuiserie, un cordonnier et un taxiphone ; tous alignés sur la route principale baptisée au non du défunt Moudjahid Azzoug Moussa. Ces commerçants ne sont ni riches, ni pauvres, concèdent leur gain. Sur un autre axe routier vers le village Tazoudha, on relève le parc communal, la bibliothèque municipale qui reste inerte, il s’agit d’un corps sans âme ! Une maison de jeunes sans encadrement qui essaye bien que mal de rendre service à la frange juvénile assoiffée de culture et acquisition du savoir. Jadis, la tenue du café littéraire a suscitée le saisissement de la jeunesse. En matière de solidarité, les habitants croient encore profondément à «thiwizi», une coutume ancestrale ancrée dans les esprits. Comme ils s’assistent lors des événements heureux et malheureux. Les weekends sont mieux mouvementés. Le village est gai. Puisque ses enfants reviennent inspirer de l’air pur et renseignent sur ses nouvelles. Le sourire revient sur les lèvres des villageois. Aux abords des deux principaux axes routiers ; Chacun trouve sa place, c’est mon village natal !
Quant à l’éclairage public qui est réalisé par endroits dans un espace considéré urbain. Les poteaux témoignent de son existence nonobstant la lumière demeure absente puisque les lampes sont abimés. L’obscurité gagne de l’espace des que le jour s’achève et la nuit tombe. Donc, la vigilance est de mise pour les piétons et les véhicules en circulation et de surcroit, le site est partiellement accidenté.
Appréhendés les gens trouvés sur la place publique, ces derniers se lamentent de la situation déplaisante de leur village en matière d’absence de développement local. Ils réclament leur part en projets d’utilité publique. Ils commandent un centre de formation et des débouchés d’emploi. La gent féminine souffre énormément de ses lacunes. Elles sont cloisonnées entre les quatre murs dont leur espoir seul en attente de leur prince charmant prétendant. Sinon le lendemain est incertain. Donc, fonder un foyer devient l’unique métier opportun. Soudainement, un moment d’ animation est impressionnable. C’est le chahut qui témoigne de la sortie des élèves d’immémoriale école primaire qui se trouve aux parages. Parait-il les conditions de scolarité y compris la restauration sont satisfaisantes, selon nos interlocuteurs. Alors en matière de résultats ; l’école gagne une position discernable. En parallèle, un autre mouvement de personnes se produis ; il s’agit des fidèles qui s’adressent en direction de la mosquée en file continue en réponse à l’appel du muezzin pour pratiquer la prière du D’hor. Non loin, les fonctionnaires en navigation pour prendre leur déjeuner chez Saïd, le seul fast-food au rond-point dans le village. Il propose un menu de repas chaud et sandwiches. Il s’agit d’un moment concluant pour que le client et Saïd se servent et ce dernier vide ses casseroles en rétablissant sa journée.
Le débat entre ces gens tourne autour de l’actualité amère de la jeunesse qui fuit en mer et éventuelle embuche. Si non, une tasse de café à la main , synonyme du corps ici et l’esprit ailleurs ! Aucun espace animé de divertissement et rien n’augure de meilleurs et beaux jours sur cet espace géographique situé aux fins fonds des montagnes, sauf de l’air pur .
Pour illustrer cette désarticulation, Nadim ; un jeune beau et curieux intervient : « ce village était un poste avancé durant la Guerre de libération, on a enregistré beaucoup de chahids et moudjahidine, même ceux ayant participé à la Deuxième Guerre mondiale tels que les défunts M. Benlounis Ali, Bourif Belkacem, Ismail Mohand». Comme, « ce village a défendu amplement la souveraineté nationale durant les années de brise par le sacrifice de ses meilleurs Hommes et Femmes assassinés », a-t-ajouté
A cette sentence acerbe seule résume que le village a un passé glorieux et positionné sur un espoir florissant. Autrement dit, renseigne combien les villageois souffrent de leur état d’âme ! En dépit des sacrifices à chaque moment opportun. Cependant, sans oublier la souffrance des lycéens qui se déplacent 15 km matin et soir.
En matière d’approvisionnement en denrées alimentaires, les villageois, devant l’impraticabilité de l’activité agricole nonobstant le village est à vocation agropastorale, se destinent au marché hebdomadaire de Souk El Tenine. Quant à l’acquisition du sachet du lait devenu rare et indisponible, constitue la préoccupation majeure des pères de famille qui sont constamment à sa recherche devant des queues interminables. En somme, le village natal demeure, quelque soit l’(in) existence de commodités, un repère identitaire et une fierté de s’identifier.
Hama Nadir