Un élu français au service du Maroc

France

Un média français décrit à travers une enquête menée sur le maire de Metz, François Grosdidier, l’implication de certains élus et décideurs français dans la politique abjecte de lobbying pro-Maroc.
François Grosdidier, parlementaire pendant plus de 20 ans et maire de Metz, «défend bec et ongles les intérêts du Maroc. Un pays avec lequel il entretient des liens politiques et économiques très étroits», écrit Streetpress dans son enquête consacrée aux relations douteuses entretenues par ce maire avec le royaume.
Dans cette longue enquête, le média retrace le parcours de l’élu français et ses accointances avec des personnages marocains à la solde des services de leur pays à l’instar d’Adil Belgaid, «un relais au Maroc mais surtout en France des services secrets de la monarchie, réputés pour leurs méthodes brutales», assure le rédacteur de l’article.
En 2011, Adil Belgaid, alors directeur des services des sports de la commune de Woippy, demande à François Grosdidier, sénateur et maire de la commune, d’adresser un courrier de protestation au président du Conseil régional de Lorraine pour empêcher l’organisation d’un colloque favorable à l’indépendance du Sahara occidental à l’hôtel de région de Metz. Grosdidier prend alors sa plume pour satisfaire la volonté du Makhzen. «Nous sommes scandalisés par l’organisation dans l’hémicycle du Conseil régional de Loraine d’un colloque sous le thème «Le droit des peuples à la résistance : les luttes du peuple sahraoui»», écrit-il à l’adresse du président du Conseil.
Ces pratiques déloyales et aux antipodes de l’éthique politique avaient soulevé l’indignation de certains députés et militants français. «Il est assez choquant que les autorités marocaines tentent de limiter la liberté de réunion et d’expression dans un autre pays comme la France», a déclaré Beth Munro, chargée de plaidoyer sur le Maroc au sein d’Amnesty international.

Favoriser les lubies du Makhzen
Le média français constate également que François Grosdidier profite «régulièrement» des questions aux gouvernements pour «relayer des positions identiques à celles du Maroc». Il relève dans ce sens les interpellations du député faites aux ministres français des Affaires étrangères en 2010 concernant la question du Sahara occidental et en 2014 sur la réaction française dans l’affaire de torture portée par le boxeur marocain Zakaria Mimouni, une affaire que l’élu français qualifia de «manipulation grossière».
François Grosdidier a également été, à l’Assemblée nationale française et au Sénat, vice-président du groupe d’amitié France-Maroc, une fonction «qui permet de mettre un pied dans les relations diplomatiques entre les deux pays», rappelle le média.
«La délégation, composée d’une vingtaine d’acteurs économiques, politiques et universitaires lorrains ne s’est pas rendue à Rabat, Casablanca ou Marrakech, les principales villes du pays, mais à Dakhla, au Sahara occidental», note le média.
En juillet 2022, François Grosdidier a également engagé la ville de Metz dans un «accord de coopération» – un jumelage – avec Laâyoune, ville occupée du Sahara occidental.
L’intérêt de Grosdidier pour le Maroc ne se limite pas seulement au politique. Il y a aussi les intérêts économiques, comme le précise l’article de Streetpress dévoilant les biens immobiliers et autre entreprise détenus au Maroc.