Le mouton, à n’importe quel prix ?

Aïd el Adha

La loi du marché qui repose sur l’offre et la demande, est évoquée pour expliquer la hausse des prix du mouton vendu par les intermédiaires et les
«opérateurs occasionnels» qui sautent, chaque année, sur l’opportunité créée par la fête de l’Aïd el Adha, pour s’enrichir en un clin d’œil. Par contre, les prix proposés dans les circuits contrôlés par l’Etat restent abordables.
Ce jeudi, lors d’une plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales adressées à des membres du Gouvernement, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafidh Henni, a fait savoir qu’Alviar (Algérienne des viandes rouges) propose des moutons de l’Aïd à partir de 40.000 DA.
Il y a un peu plus de deux mois, c’était la grosse panique dans les marchés à bestiaux de la wilaya de Tiaret, une région qui compte le deuxième plus important cheptel ovin de toute l’Algérie, alertait un confrère.
Il révélait que dans la capitale du Sersou, comme dans d’autres wilayas du pays, la tendance était à la baisse dans les marchés à bestiaux.
Des éleveurs avaient déjà vendu leurs troupeaux sur pied. La baisse du prix du bétail, disait-on, est due à la sécheresse. Or, à quelques jours de l’Aïd, c’est la panique plutôt dans les ménages aux revenus bas ou moyens qui constatent que les prix atteignent des niveaux inaccessibles à leur pouvoir d’achat et qui se demandent, comment ils vont faire pour acquérir le mouton et faire plaisir à leurs enfants.
En fait, les connaisseurs ne sont pas surpris, ils savaient que les prix du mouton allaient augmenter à l’approche du jour de l’Aïd, à cause de l’intervention dans le marché des spéculateurs et autres intermédiaires qui excellent dans l’art de rendre la vie impossible au commun des citoyens.
Le recours à l’engraissement et l’émergence de commerçants informels durant cette courte période sont à la source de la flambée du prix du mouton. Il y en a qui attendront la veille de l’Aïd ou parfois le matin, très tôt, pour acheter, car, pensent-ils, les prix des moutons vont baisser sensiblement. Dans beaucoup de familles, c’est la forte pression exercée par les enfants en bas âge qui impose aux parents l’achat du mouton. Ce n’est un secret pour personne que ce rituel religieux est devenu au fil des années l’objet des caprices d’enfants gâtés.
En coordination avec les services du ministère de l’Agriculture et les Chambres d’agriculture locales, sous la supervision des walis, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a informé les éleveurs et les citoyens que 1.225 points de vente ont été affectés à la vente de bétail à travers l’ensemble du territoire national. Cette opération intervient en vue d’«assurer l’encadrement de la vente de moutons et toutes les conditions nécessaires pour garantir ce rite de sacrifice dans de bonnes conditions sanitaires en prévision de l’Aïd El Adha», ont expliqué les services du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations.
Comme chaque année, le ministère de l’Agriculture et du développement rural a mobilisé plus de 2.000 vétérinaires dans le cadre d’un dispositif d’encadrement sanitaire vétérinaire de ces points de vente, ainsi que des structures d’abattage agréées pendant la période de l’Aïd El Adha.
Les services vétérinaires sont instruits d’accompagner les éleveurs et détenteurs d’animaux au niveau des points de vente, outre la mobilisation d’équipes mobiles qui sillonneront les quartiers pour assister les citoyens lors du sacrifice rituel. les pouvoirs publics sont aux petits soins avec les Algériens pour leur faciliter la célébration de l’Aïd : la Protection civile donne ses conseils de prudence en les appelant à respecter les consignes de sécurité liées à l’utilisation des couteaux, haches, et chalumeaux, et en les mettant en garde contre les risques d’incendies, d’accidents, de coupures et de brûlures. L’ONA (Office national de l’assainissement) renouvelle son message de sensibilisation destiné à la population pour lui rappeler que «le réseau d’assainissement n’est pas une poubelle. Pour rappel, en 1963 et en 1964, pour sauvegarder le cheptel ovin qui était passé de dix millions de têtes en 1954 à trois millions, les Algériens n’ont pas procédé au traditionnel sacrifice du mouton à l’occasion de l’Aïd El Adha. Le sacrifice du mouton pour Aïd El Adha (qui était appelé aussi Aïd El Kebir) a été effectué pour la première fois dans l’Algérie indépendante en avril 1965.
Lakhdar A.