Les terrains du domaine de l’Etat pris en otage par une renaissance de bidonvilles

La wilaya perd son charme avec l’extension des bidonvilles

Selon l’inspecteur central au ministère de l’Intérieur, il existe 1,8 million de constructions illicites bâties sur des terrains du domaine de l’Etat en Algérie. Profitant de l’absence des services de l’ordre et des agents des domaines sur le terrain qui se sont fait très rares en cette période de crise politique, et devant les manifestations populaires qui se multiplient au fil du temps, plusieurs dizaines de gens douteux se sont emparés de divers endroits à l’intérieur de la ville de Annaba pour bâtir de nouvelles baraques dans pas mal de cités résidentielles.
D’autres personnes sans foi ni loi ont transformé des aménagements d’espaces verts en jardins privés sans autorisation officielle des services concernés de la wilaya. Un réel paysage navrant défigurant les cités d’Annaba. Les services des domaines sont appelés à réagir devant ce grand désordre et d’anarchie totale que rencontre les citoyens. La démographie grandissante qui existe actuellement dans notre pays pousse la population à converger vers l’exode rural construisant ainsi des milliers de bidonvilles dans les grandes villes du pays. Effectivement, une forte population rurale avait fui leur terre d’origine, notamment la campagne parmi laquelle une très pauvre catégorie de gens qui avaient trouvé refuge dans toutes les zones extra-muros des régions de l’est, centre et ouest. Choisissant ainsi à défigurer le paysage en acceptant un cadre de vie lamentable et dégradant. Ces milliers de familles s’entassent les unes sur les autres dans un taudis construit anarchiquement piétinant toutes les lois de la République algérienne malheureusement.
Un nombre de 46 bidonvilles a été démolis à Berrahal par le maire de cette localité Ferdi Abdelwahab sur directives du wali d’Annaba Salmani en 2017. Un résultat très faible par rapport à la croissance illimitée des construction illicites dans la wilaya. La Nouvelle République a localisé à Bouzaroura, Chaiba, El Bouni, El M’haffer, Chapuis, Sidi Salem, BouKhadra, Bouhdid et autres endroits du chef-lieu de la wilaya de Annaba, soit révèle-t-on, plus de 5000 baraques qui sont réparties à travers 20 sites, la région de Boukhadra seule compte plus de 700 baraques, voire habitations précaires. Pour ce qui concerne la localité de Sidi Salem, Chaiba à Sidi Amar, El Fakharine, Bouhdid et Pont- blanc à Annaba possèdent la plus grande partie du parc de bidonvilles à l’échelle de la wilaya, estimée à plus de 3000 baraques, indique-t-on auprès du DLEP.
Les derniers chiffres font état dans ce volet à près de 20.000 baraques implantées un peu partout à la périphérie de la ville. Au lieu-dit Pont-blanc, Chaiba Bouzaroura où les baraques poussent comme des champignons alignées dans un désordre sur des terres pendues en forme de carré fabriqué avec des barres de fer, briques et des toitures en zinc et en tôles. Triste est vraiment le sort qui est réservé à leurs pauvres enfants qui sont malades dans la plupart des cas et aussi privés d’école. Ces milliers de familles ne peuvent cependant prouver leur droit de propriété, car elles ne possèdent aucun acte. Devant état désolant, le tissu urbain de la ville est caractérisé par une floraison incroyable de construction illicite et la saga continue sans que des solutions salutaires ne soient apportées pour éradiquer ce phénomène. Aujourd’hui le moindre espace vital, la moindre poche sont envahis par des constructions hideuses qui défigurent l’ensemble de la ville. Il n’en demeure pas moins que de nombreuses constructions pourtant interdites furent autorisées en dépit des lois urbanistiques existantes. A ce sujet, il faut signaler qu’en ce début du mois d’avril plusieurs citoyens venant des zones avoisinantes se sont emparés de quelques lots de terrains situés dans les cités d’El Abtal et de Rym, régions ouest de la ville pour procéder à des constructions anarchiques dans le but de les revendre par la suite. Certainement le respect de la réglementation en matière d’urbanisme est du ressort de l’inspecteur de l’urbanisme qui doit intervenir dès qu’un cas d’infraction est signalé, et une fois son PV d’injonction établi et l’arrêt immédiat des travaux ordonné, le maire ordonne par arrêté la démolition. Nous nous sommes rapprochés de certains occupants dans quelques cités de la wilaya où ceux qui résident depuis 3 et 5 ans nous ont fait savoir que chaque hiver leur fasse peur et ils font par la force des bras impossible pour résister dans une grande misère et saleté. « Nous avons peur pour nos petits-enfants victimes du système ! Comment voulez-vous qu’on vote et voter pour qui ? Mais regardez vous-même nos conditions de vie ! La situation est en dégradation et je ne peux rien faire pour sortir mes enfants de cet endroit maudit ! », nous a souligné d’un air désespéré et avec une réelle rancœur un père de famille qui n’a qu’une seule idée en tête, c’est de se ravitailler en gaz butane et en eau potable avant la tombée de la nuit. Selon notre constat, il est stupéfiant de remarquer des petits gosses, pieds nus dans la boue, confrontés à des maladies incurables par faute d’assainissement, les eaux usées coulent à ciel ouvert favorisant ainsi l’apparition d’épidémies ; c’est désolant de voir des petits gens qui ramènent des jerricans d’eau faisant ainsi un trajet d’aller-retour plusieurs fois.
Dans ce contexte, il faut noter que sur les 22.000 baraques enregistrées vivent près de 170.000 personnes pour 20.000 familles. Pourtant, indique-t-on, des milliers de logements neufs ont été distribués à Sidi Salem, BouKhadra, Rym, Annaba et autres lieux afin d’éradiquer ce gros problème épineux. Une enquête réalisée dans la commune de Boukhadra à relevé que plusieurs logements, locaux commerciaux et lots de terrains ont fait l’objet de désistements en contre-partie de fortes sommes d’argents.
Des conclusions qui probablement finiront aux archives, comme les précédentes, car impliquant quelques anciens élus et hauts responsables. Soit plus de 1960 logements pour 24.000 demandes de citoyens a été libérées tout en procédant à la démolition de ceux qui habitaient des habitations précaires, mais le nombre des baraques s’est multiplié depuis cette date rapidement. Concernant la commune d’El Hadjar, distante de 10 km, un quota de 100 logements sociaux fut distribués, il y a quelques jours dans cette localité, pour une centaine de familles qui résidaient dans des baraques dans cette région, indique-t-on. Lutter contre cette crise nationale n’est pas facile cela exige de sévères sanctions judiciaires contre les nombreux trafiquants qui activent dans le secteur de l’urbanisme pour lesquels des mesures urgentes doivent être mises en œuvre pour arrêter ces pratiques qui menacent notre environnement, notre culture notre sociale et surtout le bon développement de notre pays.
Oki Faouzi