Hommage à l’ANP et aux forces de sécurité, garantes de la sécurité nationale, face aux tensions géostratégiques et au terrorisme

Journée nationale de l’ANP

L’Algérie a célébré, le 4 août 2023, la Journée nationale de l’Armée nationale populaire (ANP), en reconnaissance des rôles pionniers de l’institution militaire dans la protection de la patrie et l’accomplissement de ses missions constitutionnelles pour assurer la sécurité globale.

Dans ce contexte, il faut rendre hommage à l’ANP et toutes les forces de sécurité, dont l’objectif essentiel est la protection du territoire, ciment de l’unité nationale, qui contribuent également à apaiser les tensions régionales, le terrorisme étant une menace planétaire supposant une large coopération régionale et internationale. Car l’Algérie ne saurait à la fois supporter seul le fardeau financier, devant s’orienter vers une coopération internationale et une mutualisation des dépenses miliaires car l’instabilité régionale et le terrorisme menace à la fois l’Europe et le monde. Des stratégies d’adaptation qui interpellent tant l’Algérie sous-continent de l’Afrique du Nord et plus globalement l’Afrique,

1.-Les derniers évènements au Niger semble avoir fait oublier que le principal défi du monde est le développement sur un nouveau modèle du fait du réchauffement climatique qui menace l’humanité, d’un côté pluies diluviennes et de l’autre côté sécheresse avec des incendies voir notre intervention revue DGSN Chorfa juillet 2023) et surtout les importants conflits dans le monde : le conflit israélo-palestinien, les scènes dramatiques les conflits en Libye au Soudan, au Yémen au Liban avec des interférences étrangères entrainant une misère dévastatrice, le conflit en Ukraine avec ses incidences sur la crise alimentaire et dans bien d’autres contrées dont la non résolution du conflit au Sahara occidental. D’une manière générale nous vivons dans un monde déséquilibré où l’opulence côtoie la misère au niveau mondial et au sein des Nations, le fossé entre les riches et les pauvres se creusant davantage où l’écart des revenus renforce les inégalités dans l’éducation, la santé avec des conséquences pernicieuses du chômage. En ce mois d’août 2023 étant à l’orée d’une période d’incertitude croissante, aux racines ancrées dans la polarisation des sociétés, avec l’ampleur de la récession mondiale et des gouvernances mitigées, nous assistons à des cicatrices profondes, spécialement parmi la jeunesse totalement désorientée surtout en Afrique. Déjà dans une contribution sous ma direction parue en décembre 2011 à l’Institut Français des Relations Internationales IFRI « l’Afrique du Nord face aux enjeux géostratégiques j’avais soulevé certains questionnements à savoir la sécurité du Maghreb et de l’Europe. Et par la suite dans plusieurs contributions j’avais mis particulièrement en relief les facteurs déstabilisants notamment en Afrique rôle stratégique de l’Algérie comme facteur de stabilisation de la région.( voir six (06) de mes interventions :
la première à l’invitation des fondations –Bill Gates- Rockefeller New York USA en novembre 2012 USA/Maghreb-Afrique ;
La seconde à Malte à l’invitation de la commission européenne avril 2014 sur les enjeux géostratégiques en Méditerranée ;
La troisième en mars 2015 au sénat français à l’invitation de Jean Pierre Chevènement sur les relations Maghreb Europe ;
La quatrième de l’association internationale africaine ARGA en mai 2015 sur les enjeux du développement de l’Afrique ;
La cinquième à l’invitation de l’Institut militaire de documentation et de prospective Ministère de la Défense Nationale – IMDEP Algérie en octobre 2019 sur les enjeux au Sahel et le trafic aux frontières ;
La sixième à l’invitation simultanément à l’école Supérieur de Guerre ESG/MDN et au siège de l’ambassade de l’Union européenne à Alger en 2021 où étaient présents la majorité des ambassades étrangers accrédités à Alger sur les enjeux énergétiques mondiaux ). Au cours de ces rencontres, il a été souligné les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l’espace méditerranéen et africain, nécessitant des stratégies nouvelles en direction de leur Sud et sur les relations de toutes natures entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.

2.- C’est que nous assistons à des mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime libyen, car comment ne pas rappeler aussitôt Kadhafi disparu, des centaines de milliers, dont 15.000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel, puis par d’autres groupes terroristes venus d’autres régions et les conséquences pour la région des tensions au Mali. Les enjeux géostratégiques au niveau de cet espace renvoient à des logiques géopolitiques divergentes tenant compte de l’histoire et des anthropologies culturelles devant éviter la vision européo- centriste car le monde depuis qu’il est monde a connu différentes formes de civilisations et le dialogue des cultures est source d’enrichissement mutuel devant tenir compte de l’importance des échanges économiques (formels et informels), des flux migratoires notamment des migrants subsahariens notamment en direction vers l’Europe. Du point de vue géographique et politique, l’Afrique du Nord comme mis en relief dans deux ouvrages réalisés sous ma direction et celle du docteur Camille Sari, sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques (Édition edition Harmattan Paris 2014/2015) était et reste toujours une sorte de barrière sur la voie des réfugiés illégaux des pays d’Afrique subsaharienne en Europe.
Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi le Sahel est l’un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Cet espace est caractérisé par l’ancienneté du système caravanier transsaharien, l’unité culturelle forgée autour de l’Islam et l’existence d’un «complexe de sécurité» dans la bande sahélienne et les dangers de la pénétration de l’islamisme radical à ne pas confondre avec l’Islam religion de tolérance à l’instar du judaïsme ou du christianisme. Il y a lieu d’éviter des déclarations hâtives de verser dans la xénophobie qui alimente le discours des extrêmes, ce qui se passe actuellement ne saurait en aucune manière refléter les idéaux de l’Islam fondés sur la tolérance.
Et sans oublier qu’existent des influences religieuses autour de la conception de l’Islam qui influence largement les dirigeants politiques au niveau du Sahel, entre les frères musulmans qui encouragent le maraboutisme (zaouias) dominantes d’ailleurs au Maghreb, et les djihadistes qui y voient une dérive de la religion. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes.
À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. D’une manière générale, l’on devra différencier tactiques à court terme et stratégie à moyen et long terme et les défis collectifs nouveaux sont une autre source de menace : ils ont pour noms terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, cybers attaques et maitrise des technologies, développement des drones sur le plan miliaire, crises régionales et délitement de certains Etats, les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre régional et global.

3.-L’instabilité du Niger qui s’étend sur 1.267.000 km2, ayant une position géographique stratégique partageant ses frontières avec sept pays à savoir l’Algérie 956 km, le Bénin 266 km, le Burkina Faso 628 km, la Libye 354 km, le Mali 821 km, le Nigeria 1497 et le Tchad 1175 soit au total 5697 km risque d’avoir une répercussion sur toute la stabilité régionale notamment sur le Nigeria qui partage la plus longue frontière confronté à la lutte contre les djihadistes, ayant une position stratégique au Sahel étant un carrefour d’échanges entre l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud au Sahara.

Abderrahmane Mebtoul, Pr des universités,
docteur d’Etat en Sciences économiques
(A suivre…)