Les défis de l’Afrique pour une sécurité pérenne

La situation au Niger et l’instabilité régionale

Oubliant que le principal défi du monde est le développement sur un nouveau modèle, du fait du réchauffement climatique qui menace l’humanité, le coup d’Etat récent au Niger a fait oublier également les importants conflits dans le monde : le conflit israélo-palestinien, les scènes dramatiques les conflits en Libye au Soudan, et au Yémen avec des interférences étrangères déstabilisatrices entrainant une misère dévastatrice, le conflit en Ukraine avec ses incidences sur la crise alimentaire et dans bien d’autres contrées dont la non résolution du conflit au Sahara occidental.

Pourtant l’Afrique possède d’importantes potentialités et il faut éviter le tout sinistrose sur son avenir. Selon les prévisions de la Banque mondiale, le PIB de l’Afrique devrait passer de 2980 milliards de dollars en 2022 à 4288 en 2027 soit une hausse de 43,89%, ces projections de croissance du FMI pour l’Afrique dépendent d’une série d’hypothèses qui peuvent se réaliser ou pas, bonne gouvernance dont la lutte contre la corruption, réformes, sous intégrations régionales, et stabilité politique. C’est une croissance modeste car le commerce mondial a augmenté de 25% en rythme annuel en 2021 pour atteindre un record de 28.500 milliards de dollars et même si les exportations africaines de biens et services ont enregistré une croissance particulièrement rapide au cours des dix dernières années, elles représentent à peine 3 % du commerce mondial, loin de ses importantes potentialités, l’Afrique étant caractérisée par la faiblesse de son intégration qui est de l’ordre de 11/12 % alors que le flux des échanges entre pays européens est de plus de 60 %. Il est utopique pour l’instant de parler d’intégration de tout le continent Afrique, mais de sous intégrations régionales, l’important étant de dynamiser la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf afin de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans les pays concernés. La mise en œuvre de la zone de libre échange permettrait selon un rapport de l’OUA de sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté, d’augmenter les revenus de près de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour et d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici à 2035.Et c’est dans ce cadre que rentre les rivalités entre grandes puissances Usa, Chine, Europe, certains pays émergents. Pour la Russie les échanges économiques sont marginaux environ 14 milliards de dollars moins de 2% des échanges globaux de l’Afrique, concernant surtout l’aspect militaire. Les échanges entre les USA et l’Afrique sont passés de 142 milliards de dollars en 2008 à seulement 64 en 2021, et selon les données récentes entendant tripler ce montant
La Chine représente ,72% du PIB des BRICS et 18/20% du PIB mondial bouleversant les relations économiques internationales et distance largement les USA qui selon l’agence chinoise des douanes ont augmenté de 35,3% au cours de l’année 2021, atteignant un montant record de 254,3 milliards de dollars, en n’oubliant pas les échanges avec le monde arabe en 2021 de 330 milliards de dollars, extrapolé entre 2023/205 à 500 milliards de dollars.
Des pays font une percée en Afrique comme la Turquie où le volume des échanges devrait atteindre 45 milliards de dollars en 2022. L’Europe reste le premier partenaire de l’Afrique, la valeur des échanges entre 2020/2021, selon la commission européenne en 2021 a atteint 288 milliards d’euros, contre une valeur de 225 milliards d’euros en 2020, le déficit commercial en faveur de l’UE ayant diminué, passant de 24 milliards d’euros en 2020 à 4 milliards d’euros en 2021.

3- Privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, l’Afrique dont un sentiment anti-occidental se développe particulièrement au niveau de la jeunesse, à la fois pour des raisons historiques ( colonisation), d’un non changement du logiciel dans les relations internationales voulant imposer son modèle ignorant la riche anthropologie de l’Afrique, et de l’accroissement du chômage qui touche même les diplômés favorisant l’exode de cerveaux, ce qui ne doit pas écarter la responsabilité des dirigeants africains qui doivent améliorer leur gouvernance ( lutte contre la corruption) se doit d’agir en fonction à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région, car sans sécurité , point de développement.
Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, avec la percée de la Chine, de la Russie, ce dernier surtout dans le domaine militaire, et accessoirement bon nombre de pays émergents ; entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Afrique ? Sollicitée, l’Afrique qui a adopté une position de neutralité dans les conflits, privilégiant le dialogue productif, s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou que tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du Dialogue méditerranéen de l’Otan, du partenariat euro-méditerranéen, des traités stratégiques de certains pays qui la lient à la Russie et à la Chine où les nouveaux défis dépassent en importance et en ampleur les défis qu’elle a eu à relever jusqu’à présent. L’Afrique doit défendre avant tout ses intérêts propres et pour consolider sa position au niveau régional, le grand défi de l’Afrique sera entre 2023/2030 son développement économique. la relance économique pour atténuer les tensions sociales.
Le constat dans bon nombre de pays d’Afrique, existent des Afriques et non une Afrique, est que le fossé entre les riches et les pauvres se creuse davantage, tandis que l’écart des revenus renforce les inégalités en matière de richesse, l’éducation, la santé et la mobilité sociale sont menacées avec des conséquences pernicieuses du chômage.
En ce mois d’août 2023 étant à l’orée d’une période d’incertitude croissante, aux racines ancrées dans la polarisation des sociétés, avec l’ampleur de la récession mondiale et des gouvernances mitigées, nous assistons à des cicatrices profondes, spécialement parmi la jeunesse totalement désorientée surtout en Afrique. D’une manière générale, l’on devra différencier tactiques à court terme et stratégie à moyen et long terme et les défis collectifs nouveaux sont une autre source de menace : ils ont pour noms terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, cybers attaques et maitrise des technologies, développement des drones sur le plan miliaire, crises régionales et délitement de certains Etats, les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre régional et global.

En conclusion, qu’en est-il pour qui l’Algérie, reconnue par la majorité de la communauté internationale pays pivot de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, qui a mis en garde, tout en respectant la légalité internationale, contre les effets négatifs d’une intervention militaire. Car l’Algérie partage des frontières avec des pays instables où sa la sécurité est posée dont la Libye 982 km, le Mali 1329, la Mauritanie, 461, le Maroc 1739, le Niger 961, la Tunisie 1010 et le Sahara occidental 39 km (dossier au niveau de l’ONU pour sa résolution), soit un total de 6511 km (source Wikipédia), étant souhaitable à l’avenir une mutualisation des dépenses et une large coopération internationale car cette insécurité menace également l’Europe.
D’une manière générale, face à un monde en crise en perpétuel mouvement, les tensions géostratégiques actuelles préfigurant un profond bouleversement mondial, avec le danger du réchauffement climatique qui menace l’humanité, impose à l’Afrique, une gouvernance rénovée tant en matière de politique étrangère, économique que sécuritaire, le terrorisme étant une menace planétaire afin d’agir sur les événements majeurs et faire du Bassin méditerranéen et de l’Afrique un lac de paix et de prospérité partagée. En bref, le continent Afrique qui recèle d’importantes richesses et la ressource humaine pivot de tout processus de développement, avec un exode de cerveaux inquiétant, une véritable hémorragie, pour une population en 2022 ,de 1,4 milliards d’habitants en 2022, soit 18% de la population, mondiale, sera ce que les Africains voudront qu’il soit-
Abderrahmane Mebtoul, Pr des universités,
docteur d’Etat en Sciences économiques
(Suite et fin)