Un journaliste espagnol décortique le régime marocain qualifié de «dictature» par Yolanda Diaz

Espagne

Le journaliste espagnol Francisco Carrion a publié un long article dans lequel il décortique le régime du Makhzen marocain, décrit pour la première fois par Yolanda Diaz, l’une des
vice-présidentes du gouvernement espagnol et leader du parti Sumar comme étant «une dictature autocratique». Dans son article publié lundi sur le site espagnol El Independiente, Francisco Carrion écrit : «La nature autocratique du régime qui contrôle le Maroc d’une main de fer est dans le débat public en Espagne depuis des semaines. C’est Yolanda Diaz, qui l’a prononcée la première en décrivant le pays voisin comme une dictature». Il s’agit, selon l’auteur, d’une «définition taboue pour certains hommes politiques espagnols, une évidence publique pour d’autres». Le journaliste espagnol poursuit dans le même contexte: «L’un des thermomètres pour décider si un pays est installé dans une autocratie est la liberté d’expression et le pluralisme des médias». De plus, la monarchie alaouite a recouru à l’utilisation d’outils d’espionnage tels que Pegasus (logiciel sioniste) pour non seulement scruter les téléphones portables des dirigeants étrangers mais aussi pour persécuter ses propres citoyens. De l’avis d’Aboubakr Jamai, directeur du programme de relations internationales à l’université américaine d’Aix-en-Provence, l’utilisation de la vie privée et de la diffamation par les médias connexes affecte l’opposition au régime et aussi ses partisans. Interrogé par le média en ligne El Independiente, Maati Monjib, universitaire et journaliste marocain, dit lui aussi n’avoir aucun doute sur la véritable nature du régime marocain. «Le régime marocain est une autocratie avec quelques faux traits d’une monarchie constitutionnelle pluraliste», répond Monjib lors de sa conversation avec le média espagnol.
Et d’ajouter en guise de confirmation : «Ce n’est pas un gouvernement basé sur des élections. Tous les hommes forts du régime qui composent l’élite décisionnelle, tant au niveau central qu’en régions, manquent de légitimité électorale». Le reste des institutions, de la diplomatie aux médias et aux organisations de la société civile, sont dirigés au plus haut niveau. «Pour masquer la nature même du régime, le Maroc dispose d’un budget colossal dédié aux organismes de relations publiques qui achètent de nombreuses personnalités étrangères, parlementaires, journalistes et, parfois, des médias étrang ers ou marocains hors du Maroc», dénonce Monjib. Avec tous les espaces politiques fermés à l’opposition, le seul territoire disponible – non sans risque – est la rue et les syndicats, conclut Francisco Carrion rappelant à cet effet qu’une coalition de militants et d’organisations syndicales et de gauche avait organisé, début avril, des manifestations dans les principales villes du pays pour protester notamment contre l’augmentation exorbitante des prix des denrées alimentaires.
APS