Face à la profonde restructuration mondiale du système des transports

Quelle politique pour l’Algérie ?

Le gouvernement compte développer tout un programme concernant les infrastructures et le transport comme moyen de soutien à la croissance. La politique s’inscrit dans le cadre de la réforme globale et notamment de la libéralisation du secteur des Transports qui vise à séparer l’activité de régulation de celle des services commerciaux dans le transport routier, urbain, ferroviaire et l’activité portuaire.

Ces projets constituent des enjeux pour la dynamisation de l’économie algérienne, impliquant différents opérateurs (ingénieries, constructeurs, opérateurs). Mais la finalité c’est d’avoir des entreprises privées et publiques compétitives , les assainissements répétées d’entreprises improductives pour calmer à court terme le front social, étant à moyen terme un suicide collectif (250 milliards de dollars durant ces trente dernières années à fin 2020 et 70 milliards de dollars de réévaluation les 10 dernières années, selon le Premier ministère (source APS).

1.- La dynamisation du transport, sous toutes ses formes, a un impact sur le développement local et l’attractivité des territoires comme l’important axe routier Est-Ouest. Quel sera le tarif du péage et surtout son impact économique et social d’une façon précise et datée et le coût de l’entretien ? Pour le transport aérien, certes le réseau est relativement développé, les grandes villes étant desservies, quotidiennement, par la compagnie nationale, ainsi que les dessertes internationales, mais s’impose une profonde restructuration pour améliorer l’efficience de la compagnie Air Algérie qui croule sous le poids des dettes avec un niveau de services, relativement, médiocre. Quant aux liaisons maritimes, elles sont assurées par la compagnie nationale algérienne notamment Algérie Ferries). Depuis l’étranger les départs sont assurés à partir des ports d’Alicante, d’Alméria, Barcelone, Marseille, Sète avec comme ports d’arrivées, Alger, Oran, Ghazaouet, Béjaïa, Skikda. Malgré ses efforts, l’Algérie n’arrive pas à émerger comme une nation maritime et elle risque de perdre ses acquis parce que le transport maritime devient, de plus en plus, inaccessible pour un pays du tiers monde. Actuellement, le pavillon algérien ne couvre que 11% des échanges commerciaux. La dépendance de l’Algérie à l’égard des armateurs étrangers paraît évidente, rendant urgent l’amendement du Code maritime, afin d’ouvrir cette activité à des opérateurs privés très intéressés par le secteur maritime. Le grand problème qui se pose, actuellement, est que les ports algériens représentent le domaine public mais agissent, en même temps, comme entités commerciales. Pour les réseaux ferroviaires, l’Etat a décidé de consacrer d’importants montants financiers au secteur ferroviaire, aux métros, tramways ainsi que la réhabilitation des anciennes lignes. La SNTF devrait procéder au doublement et à l’électrification de certaines voies. Dans ce cadre, il serait souhaitable que le gouvernement réalise, graduellement, la séparation des fonctions de réalisation et de développement du réseau ferroviaire, tout en appuyant le recours à la concession et au partenariat étranger, pour améliorer la gestion. En ce qui concerne les réseaux de transport terrestre, il est possible de se rendre, en Algérie, par voiture depuis la Tunisie, la Libye, la Mauritanie pour ce pays étant prévu le projet de réalisation d’une route reliant Tindouf (Algérie) à Zouerate (Mauritanie), sur une longueur de 775 km, le Mali, le Niger et le Nigeria à travers la route transsaharienne dont j’ai été officier d’administration entre 1971/1972 pour l’axe Ghardaïa-El Goléa-In Salah . Durant les années 70 et 80, et pour les grandes villes, toutes les villes moyennes ont créé leur opérateur de transport public étatique. Ces opérateurs ont été, pour la plupart, en situation de quasi-monopole sur le marché de transport urbain. Cette période a été marquée par une pénurie relative des moyens de transport. Financièrement, elles étaient soutenues par l’Etat, à travers les collectivités locales. A partir des années 90 et par manque de subventions, les entreprises de transports urbains connaissaient, de plus en plus, des problèmes financiers. Le développement des transports informels qui est une réponse aux dysfonctionnements du système de transport public. Aujourd’hui, le transport par taxi clandestin est une activité tout à fait banalisée dans la plupart des villes algériennes. Leurs stations, improvisées, sont partout dans les différents quartiers des villes. Cette activité s’est développée et a explosé ces dernières années
La crise économique y est pour beaucoup, certes, mais il y a, toutefois, lieu de rajouter d’autres considérations. En premier lieu, l’insuffisance de contrôle et de sanction. Ensuite, la possession du capital (la voiture) ne constitue pas véritablement en soi une barrière à l’entrée du marché, les clandestins offrant un transport à la demande, relativement meilleur marché, de jour comme de nuit. En fait, le transport terrestre est l’un des moyens de transport le plus usuel en Algérie. Que ce soit pour les voyageurs ou pour les marchandises, la route accapare pas moins de 85% du transport quotidiennement. Le transport doit être regroupé dans des entreprises non artisanales par la création d’entreprises de grandes envergures dans le transport terrestre. En 1988, il y avait 90% d’entreprises étatiques et 10% de privés. Actuellement, c’est le contraire mais avec une atomisation influant sur la rentabilité globale comme en témoigne les faillites et le non remboursement de crédits de transporteurs individuels dans le cadre de l’ ex-Ansej.

2.-Chaque mode de transport a des incidences sur la nature de l’énergie utilisée avec des impacts sur l’environnement. Dans ce cadre, il devient urgent une coordination entre notamment le ministère de l’Energie et les autres secteurs énergivores, notamment revoir avoir une autre politique construction de logements, qui nécessitent un climatiseur par pièces et cela s’accéléra avec une température de 45/50 degrés à l’avenir avec le réchauffement climatique, où en 2022 pour une production d’environ 100 milliards de mètres cubes gazeux près de 50% sont consacrés à la consommation intérieure devant miser sur d’autres matériaux de construction, l’efficacité énergétique et accélérer le développement des énergies renouvelables et l’hydrogène vert. La consommation du gasoil, du fait des prix bas de ce carburant, a explosé ces dernières années. Une telle politique atteint ses limites. Aussi, une maîtrise de la demande de gasoil comme carburant, renvoie à la politique de transport tant pour les voyageurs que pour les marchandises, en encourageant les transports en commun, plus économes en énergie, ainsi que le transport par rail, dont il faut développer l’électrification. L’utilisation des transports en commun devrait être encouragée par l’Etat, aussi bien par un soutien direct à l’investissement dans cette activité, qu’au niveau d’une nouvelle politique tarifaire, en direction des usagers. En effet, une maîtrise de la consommation de carburants, nécessite, au-delà des options suggérées concernant les modes de transport, une politique des prix appropriée, en direction des autres usagers de la route.
Pr des universités Docteur d’Etat
Abderrahmane Mebtoul
expert international
(A suivre…)