Le classement de l’Algérie entre 2003/2022

Les rapports de Transparency International, l’urgence d’une bonne gouvernance mondiale pour lutter contre la corruption

L’Indice de perception de la corruption (IPC) classe les pays et territoires selon le niveau de corruption perçu dans le secteur public, sur une échelle qui va de 0 (fortement corrompu)
à 100 (faiblement corrompu).

La moyenne mondiale de l’IPC (indice de perception de la corruption) est de 4, 3, sur 10, soit la même depuis dix ans, les deux tiers des pays obtenant un score inférieur à 5,0. Devant différencier l’acte de gestion des pratiques normales de la corruption, l’objectif stratégique est d’établir la connexion entre ceux qui opèrent dans le commerce extérieur soit légalement ou à travers les surfacturations et les montants provenant essentiellement d’agents possédant des sommes en dinars au niveau local légalement ou illégalement, non connectés aux réseaux internationaux. (Pr A. Mebtoul Institut français des relations internationales Paris décembre 2013, les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb où ont synthétisé dans la revue stratégie du ministère de la Défense nationale IMDEP octobre 2019, ainsi que mon intervention à l’invitation du ministère de la Défense nationale – Etat major de la Gendarmerie nationale courant 2022 où ont été analysés les différents trafics concernant le crime économique organisé).

Qu’en est-il du classement sur la corruption de l’Algérie de 2003 à 2022 (source rapport Transparenty international)
– 2003 : 2,6 sur 10 et 88e place sur 133 pays ;
– 2004 : 2,7 sur 10 et 9e place sur 146 pays ;
– 2005 : 2,8 sur 10 et 97e place sur 159 pays ;
– 2006 : 3,1 sur 10 et 84e place sur 163 pays ;
– 2007 : 3 sur 10 et la 99e place sur 179 pays ;
– 2008 : 3,2 sur 10 et -92e place sur 180 pays ;
– 2009 : 2,8 sur 10 et 111e place sur 180 pays ;
– 2010 : 2,9 sur 10 et -105e place sur 178 pays ;
– 2011 : 2,9 sur 10 et 112e place 183 pays ;
– 2012 : 3,4 sur 10 et 105e place sur 176 pays ;
– 2013 -105 rangs sur 107 pays ;
– 2014 – note 3,6 et 100ème sur -115 pays ;
– 2015 –note, 3,6 et 88ème sur 168 pays ;
– 2016 –note 3,4 et 108ème sur 168 pays ;
– 2017 -note 3,3 et 112ème place sur 168 pays ;
– 2018- note 3,5 et 105ème place sur 168 pays ;
– 2019, note 3,5 et la 106e place, sur 168 pays ;
– 2020, note 3,6 et 104e place sur 180 pays ;
– 2021, note 3,3 et 117ème place sur 180 pays ;
-2022 (rapport de janvier 2023), note de 3,3 et 116ème position sur 180 pays.

D’une manière générale, la corruption, les conflits et les problèmes sécuritaires sont profondément liés Selon ce rapport l’insécurité et la corruption se nourrissent l’une l’autre. « Les malversations, les détournements et les vols de fonds publics ont pour effet de priver les institutions en charge de la protection des citoyens, du respect de l’État de droit et du maintien de la paix, des ressources nécessaires pour remplir ces missions essentielles. Les groupements criminels et terroristes profitent souvent de l’aide et de la complicité de fonctionnaires corrompus, agents [du maintien] de l’ordre, juges ou politiciens, ce qui leur permet d’opérer en toute impunité et de prospérer». Il s’agit pour détecter le montant de la corruption, de différencier les surfacturations en dinars (pour des projets ne nécessitant pas ou peu de devises), des surfacturations en devises, existant deux sphères d’agents, ceux reliés uniquement au marché interne (dinars) et ceux opérant dans le commerce extérieur (devises), ce processus se faisant en complicité avec les étrangers, encore que certains agents économiques opèrent sur ces deux sphères. Pour la lutte contre les malversations, il s’agit, d’éviter de créer des organes de contrôle dépendant de l’exécutif étant juge et partie et qui ne résolvent aucun problème comme en témoigne les malversations de dirigeants actuellement incarcérés aux plus haut niveau devant réhabiliter la Cour des comptes, sous l’autorité directe du président de la république consacrée par la Constitution, et dont l’objectif est de permettre la transparence de la gestion des finances publiques.
Le contrôle de la qualité de gestion doit avoir pour finalité l’appréciation des conditions d’utilisation et de gestion des fonds gérés par les services de l’Etat, les établissements et organismes publics mettant fin à l’absence de maîtrise dans la gestion des projets qui font l’objet de surcoûts et de réévaluations permanentes. Toutefois, les organismes techniques ne sont pas une condition suffisante pour avoir un contrôle efficace. Le véritable contrôle passe par des contrepoids politiques et sociaux avec l’implication de la société civile, par la démocratisation, en fait, de la société. Car ce n’est pas une question de lois ou de textes juridiques, mais d’une volonté politique de lutter contre la corruption et la mauvaise gestion, les textes existant, mais il y a comme un divorce avec le fonctionnement réel de la société. Si l’on veut lutter contre les surfacturations, les transferts illégaux de capitaux, rendre le contrôle plus efficient, il y a urgence de revoir le système d’information qui s’est totalement écroulé posant la problématique de la transparence des comptes y compris dans une grande société comme Sonatrach et dans la majorité des administrations centrales et locales on ignore encore les principes élémentaires de la rationalisation des choix budgétaires». Sans une information interne fiable, tout contrôle externe est difficile et dans ce cas, le contrôle serait biaisé. Dans les administrations, on ignore encore les principes élémentaires de la rationalisation des choix budgétaires.

En conclusion, la lutte contre la corruption implique de s’attaquer à l’essence de ce mal qui ronge le corps social, à savoir la mauvaise gouvernance centrale et locale reposant sur des relais administratifs déconnectés de la société et éviter la multiplication d’organes de contrôle qui se télescopent peu d’impacts. En ces moments de grands bouleversements géostratégiques au niveau de ses frontières, l’Algérie acteur stratégique de la région méditerranéenne et africaine a deux choix : de profondes réformes structurelles, plus de libertés, de transparence dans les décisions économiques et politiques ou régresser en optant pour le statu quo, qu’aucun patriote ne souhaite. Tout processus de contrôle fondement du retour à la confiance passe par une mobilisation citoyenne et tout processus du développement repose sur la moralité des personnes chargées de diriger la cité et sur des institutions crédibles loin des relations de clientèles, assises sur la rente plus solidairement mondiale.

Pr des universités, Docteur d’Etat
Abderrahmane Mebtoulexpert international