Vers un partenariat économique durable

Nouvelle dynamique politique entre Alger et Téhéran

La présence en Iran du président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali, qui fait suite à un ballet diplomatique entre les deux pays, dont la visite en juillet dernier du ministre des Affaires étrangères, Ahmad Attaf, témoigne d’un renouveau dans les relations entre Alger et Téhéran. L’invitation du président de la République par son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, à se rendre en Iran est certainement le geste politique le plus significatif qui vient couronner cette embellie.

Le contexte régional, caractérisé par une réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran tendant à favoriser des relations plus apaisées entre les pôles sunnite et chiite, le retour de la Syrie dans le giron de la Ligue arabe et, sans doute, aussi une plus grande ouverture de l’Iran à son voisinage arabo-musulman, le tout augurant d’un engagement soutenu de Téhéran vis-à-vis de ses relations bilatérales.
L’Algérie qui adopte une approche pragmatique dans sa politique internationale entend promouvoir des relations économiques avec l’Iran qui donneraient un sens à cette embellie politique et favoriseraient une dynamique d’échanges que les deux pays appellent de leurs vœux depuis des années.
La dynamique économique que connaît l’Algérie ces dernières années et les ambitions conséquentes qu’elle nourrit d’intensifier ses relations économiques bilatérales dans le sens d’une plus grande ouverture à l’investissement étranger, mais aussi dans le sens de la recherche de marchés pour ses produits à l’exportation hors hydrocarbures, trouvent dans des partenariats avec des pays émergents matière à concilier leurs intérêts et à promouvoir des relations économiques mutuellement profitables.
Les relations algéro-iraniennes ont connu, par le passé, des problèmes qui les ont éprouvées et sérieusement freinées, notamment durant les années de braise, mais la normalisation politique qu’elles ont vécues depuis les années 2000, a permis aujourd’hui de réinstaller un climat de confiance qu’Alger et Téhéran entendent fructifier sous une forme de coopération qui est en cours d’élaboration et dont on connaîtra certainement la dimension à la faveur d’une rencontre au sommet.
Cette rencontre au sommet, dont la date n’est pas encore révélée, le Président iranien, initiateur de l’invitation adressée à son homologue algérien, entend en faire, comme il l’a déclaré au ministre des affaires étrangères algérien, un espace d’échanges et de travail soutenu afin de donner corps au «vœu commun de hisser la coopération économique au niveau de l’excellence des relations politiques».
Avant, donc, ce rendez-vous attendu, les deux chefs d’Etat devraient se rencontrer à l’occasion de la tenue, prévue à Alger, du 7e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), autre lieu d’intérêts communs pour les deux pays et de grands enjeux énergétiques pour le monde.
Sur le plan multilatéral, l’Algérie et l’Iran, membres de la communauté internationale et de l’Organisation de la coopération islamique, mesurent bien leurs positions respectives, qu’elles pourraient mettre en commun, à l’égard des questions régionales et internationales, dont les crises et les conflits qui prévalent dans la sous-région subsaharienne, dont aussi le soutien aux causes justes, à savoir celles de la Palestine et du Sahara occidental, mais également les questions qui concernent la promotion et la défense des valeurs de l’islam à travers le monde. L’Algérie, Etat souverain, très attaché à son indépendance politique et à ses choix économiques et sociaux, a plus d’un point commun avec l’Iran avec lequel elle partage au moins une volonté d’émergence qui se soutient d’atouts économiques, énergétiques et humains déterminants, une volonté de justice internationale fondée sur une géopolitique multipolaire, et des choix de diversification économique hors hydrocarbures.

Ahmed Rehani
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