Les déchets ménagers, une priorité ?

Protection de l’environnement

Quand on entend les discours officiels, on a tendance à penser que les déchets ménagers – un des facteurs majeurs, avec le bruit et la pollution de l’air, du malaise urbain subi par les Algériens – sont la priorité des autorités environnementales du pays. Tout dernièrement, en juin, en visite de travail à Guelma, la ministre de l’Environnement et des énergies renouvelables Fazia Dahleb a annoncé le développement des «moyens incitatifs» pour stimuler l’investissement dans le recyclage des déchets. C’est en projet, a-t-elle précisé. Le développement de ces moyens incitatifs sera effectué en coordination avec les collectivités locales et d’autres départements ministériels concernés. Elle a ajouté, citée par l’APS, que le ministère s’emploie également à créer, pour cela, les cadres juridiques nécessaires, et à faire modifier certains textes juridiques, dont la loi de 2001 sur la gestion des déchets. Mme Dahleb a souligné que ces incitations s’inscrivent dans le cadre de la stratégie du ministère de l’Environnement qui s’oriente vers le recours à «l’économie circulaire» et la modernisation de la gestion des déchets en ouvrant la voie aux jeunes, aux entreprises émergentes et à quiconque souhaiterait investir dans ce domaine. C’était lors d’une inspection au Centre d’enfouissement technique (CET) de Bouguerguer, dans la commune d’Héliopolis. La ministre a estimé qu’il était «déraisonnable» d’enfouir des matériaux pouvant être valorisés et des déchets permettant de créer d’importantes richesses et des ressources importantes pour l’économie nationale. A Alger, l’Etablissement de nettoiement, de collecte et de transport des déchets ménagers de la wilaya d’Alger (Extranet) a mis en place une nouvelle technique de collecte visant à réduire le jet des ordures dans les rues et sur les trottoirs. Les bacs à ordures en matière plastique, toujours sales et souvent cassés, sont à remplacer par des bacs en métal plus appropriés. L’article 32 de la loi du 12 décembre 2001 est clair : «la gestion des déchets ménagers et assimilés relève de la responsabilité de la commune». La loi du 19 juillet 2003, relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable confirme que cette prérogative est du ressort de l’APC à qui revient la mission de maintenir le bon état de propreté et de salubrité sur «son» territoire. Les APC ont-elles les capacités humaines qualifiées et les ressources financières qui leur permettent de mener à bien leurs missions en matière de protection de l’environnement, qu’il s’agisse de gestion des déchets, de pollution atmosphérique ou de nuisances sonores qui sont les principales causes du malaise urbain actuel qui caractérise la majorité des villes algériennes ? La réalité incite à en douter.
L. A.