Développer une véritable agriculture durable, intelligente et paysanne

Réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole

L’agronome Assia Akili, enseignante à l’Institut technologique spécialisé de formation en agriculture de montagne (ITSFAM,ex ITMAS de Boukhalfa,à Tizi ouzou, a souligné, avant-hier dimanche, la nécessité de développer une véritable agriculture durable, intelligente et paysanne à l’effet de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole.

« Nous devons nous appuyer sur les compétences et l’expérience des petits producteurs. Il faut se tourner vers les marchés locaux et des circuits de distribution alimentaires plus courts », a-t-elle indiqué.
Intervenant à l’occasion de la journée de vulgarisation agricole, organisée par la direction des services agricoles de la wilaya à l’ITSFAM de Boukhalfa sous le slogan ‘’ l’innovation de la technologie pour faire face aux effets du changement climatiques’’, Assia Akili a également mis en évidence la nécessité de développer un système de production qui puisse satisfaire les besoins énergétiques des petits exploitants. D’associer des cultures mixtes (vivrières et énergétiques) sur la même parcelle comme dans le système agro forestier, et, a-t-elle poursuivi, d’utiliser les sous produits, résidus d’un type de production comme matière pour un autre type de production.
L’évolution du climat, a observé l’intervenante, pourrait amener à un changement agricole avec la possibilité de développer d’autres cultures qui soient plus adaptées à un climat chaud et sec. « Les besoins en eau étant différents d’une culture à une autre, il n’est donc pas négligeable qu’une partie de la stratégie agricole du territoire soit modifiée au profit de cultures moins gourmandes en eau et plus résistantes à la chaleur », a-t-elle dit. Recommandant, au passage, la modification des modes de culture et leur rotation pour optimiser l’usage de l’eau disponible.
Pour cette enseignante de l’ITSFAM de Boukhalfa (Tizi Ouzou), l’agroforesterie qui est définie comme pratique associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole en bordure ou en plein champ, se place comme un réel allié pour atténuer les effets du changement climatique. « L’agroforesterie permet un retrait de CO2 de l’atmosphère, réduisant ainsi une part des gaz à effet de serre, offre une protection aux cultures face aux aléas climatiques (canicule et sécheresse) et augmente la réserve utile en eau du sol, alors que les haies brise-vent réduisent l’évapotranspiration des cultures associées », a-t-elle dit.
Avec les menaces qui vont sûrement peser sur l’eau, a fait remarquer, Assia Akili, le monde agricole sera amené à trouver de nouvelles sources en eau, notamment les retenues collinaires et la réutilisation des eaux usées traitées, pour alimenter les cultures. C’est donc l’un des objectifs à venir pour pallier au changement climatique, insiste l’enseignante. « À mesure que le changement climatique évolue, l’alimentation et l’agriculture doivent aller de même. Les températures qui augmentent, les variations de pluviosité, les conditions météorologiques désordonnées et la prévalence de parasites et maladies dus au changement climatique, menacent la productivité agricole et par conséquent nuit à la sécurité alimentaire mondiale ».
Evoquant les émissions de gaz à effet de serre causés par notre système alimentaire, l’intervenante souligne l’importance de bouleverser le système alimentaire. « En étant des consommateurs, conscients et éthiques, en prenant des décision simples, par exemple, gaspiller moins de nourriture. réduire la consommation de viande, de lait et de produits laitiers, en achetant de la nourriture produite selon des critères durables…, l’effet cumulé des décisions des consommateurs peut rendre les systèmes alimentaires durables pour la génération Faim Zéro », a-t-elle indiqué encore.
Il est parfaitement évident que nous ne pourrons pas sortir de la crise climatique sans transformer de toute urgence le système alimentaire mondial de fond en comble, a-t-elle soutenue. « Nous devons nous appuyer sur les compétences et l’expérience des petits producteurs. Il faut se tourner vers les marchés locaux et des circuits de distribution alimentaires plus courts.
Rabah Mokhtari