C’est toujours difficile de contenir les dépenses publiques

Face à la hausse des coûts de la politique sociale et de l’investissement public

D’après les prévisions macro-économiques du projet de loi de finances complémentaire (PLFC) 2023, plutôt optimistes, la croissance économique de l’Algérie devrait atteindre 5,3% au lieu de 4,1% prévu dans la loi de Finances 2023 en vigueur, une amélioration significative soutenue par la hausse des exportations d’hydrocarbures.Un chiffre proche des estimations du Gouvernement, mais aussi de la Banque mondiale (BM) qui prévoit, dans son dernier rapport sur le suivi de la situation économique en Algérie, l’amélioration significative des indicateurs macro-économiques du pays grâce au programme national des réformes institutionnelles structurelles et réglementaires mis en œuvre par l’Etat depuis plus de trois ans.
L’Etat anticipe également dans ce PLFC 2023 actuellement au débat à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) sur une amélioration des recettes qui devraient dépasser les 9.000 milliards de dinars. Nous avons tous relevé une hausse significative des dépenses publiques qui devraient dépasser les 14.000 milliards de dinars fin 2023, tirées particulièrement par la hausse des dépenses sociales et de celles destinées à financer les investissements publics.
C’est inévitable. « Il fallait consacrer des budgets aux augmentations des salaires et à la subvention de l’investissement public, notamment la ligne ferroviaire de Gara Djebilet, le projet de phosphate, les stations de dessalement d’eau de mer et les raccordements de certains barrages», a expliqué, à ce propos, Allel Bouteldja, député et membre de la commission Finances et Budget à l’APN, invité hier par la Chaîne 3 de la Radio nationale.
L’Etat assume la hausse des dépenses de fonctionnement et des transferts sociaux destinés à soutenir le pouvoir d’achat des Algériens et des travailleurs, exigeant, par ailleurs l’accélération du rythme de l’exécution des projets d’investissements publics indispensables pour la réussite de la relance et de la transition économique du pays. Cette mission relève des missions du Gouvernement et des autorités locales sommées d’achever dans les délais des projets d’investissements structurants, créateurs de richesse et d’emplois. « Les membres du Gouvernement insistent toujours, lors de leurs visites et inspections, sur le fait d’écourter les délais de réalisation de ces projets », a indiqué
M. Bouteldja, assurant que « la politique économique ne prévoit pas uniquement de consacrer des budgets, mais il faut impérativement que le suivi soit là et que les projets voient le jour. »
La hausse des matières premières, entre autres, était à l’origine de la réévaluation et par conséquent de la hausse de la valeur des investissements.
« Les investissements et les projets en cours de réalisation ont nécessité d’autres lignes de crédit afin de les concrétiser dans les plus brefs délais », a expliqué l’invité de la rédaction de la Radio nationale, qui a mis en avant l’impératif, toutefois, de suivre la mise en œuvre des projets d’investissements sur le terrain pour éviter une réévaluation des projets qui coûtent cher au Trésor public. L’Etat refuse de supporter des charges inutiles, il veut contrôler davantage les finances publiques et veillera à l’application du nouveau cadre budgétaire (loi organique 18-15 qui définit les objectifs liés au nouveau cadre législatif du budget et qui s’appuie sur le budget des résultats), inscrit dans le cadre global de la réforme des finances publiques. L’Etat a, également, mis en place un nouveau cadre comptable pour un meilleur contrôle sur les dépenses publiques, en hausse.
Les dépenses publiques de l’Algérie en 2023 dépasseraient les 14.000 milliards de dinars selon le PLFC 2023. Selon M. Bouteldja, cette dernière marque également, « une augmentation des recettes de plus de 1.000 mds de DA, soutenue par la hausse des prix du pétrole et de ses recettes fiscales, mais aussi par les recettes supplémentaires enregistrées par la Banque d’Algérie qui s’élèvent à 400 mds de DA », a-t-il expliqué. L’amélioration des indicateurs macro-économiques du pays devrait se poursuivre en 2024, selon les statistiques de la BM qui prévoit, aussi, un rebond du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Algérie. Le déficit du Trésor public devrait se stabiliser et l’inflation devrait baisser. Après l’adoption du PLFC 2023, le Gouvernement enchaînera avec la présentation de l’avant projet de loi de Finances 2024 qui définirait sa nouvelle politique économique et budgétaire.
Samira Takharboucht