Impacts sur la cohésion sociale et la sécurité nationale

Le taux d’inflation en Algérie entre 2001/2023

Les deux maladies apparentes du corps social sont l’inflation et le chômage que l’on ne combat par des mesures administratives bureaucratiques, devant s’attaquer à l’essence, le fonctionnement de la société.

Comprendre le processus inflationniste en Algérie implique, à la fois, de le relier à l’inflation mondiale, aux équilibres macro-économiques et macro- sociaux internes, selon une vision pluridisciplinaire dynamique, à la répartition du revenu par couches sociales, l’évolution des salaires et traitements pour déterminer le réel pouvoir d’achat. C’est un problème complexe où chaque gouvernement essaie de concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, qui ne touche pas seulement l’Algérie mais la majorité des pays comme en témoignent les nombreuses revendications salariales à travers le monde. Mais existe une loi économique universelle, une Nation ne peut distribuer plus que ce qu’elle produit quitte à aller vers une dérive sociale et politique

1.- L’ONS dans son dernier rapport de septembre 2023 a établi l’évolution de l’indice de certains biens de consommation entre aout 2001 et aout 2023 dont je fais un résumé sommaire, en précisant que l’évolution de l’indice se calcule par rapport à la période précédente : à titre d’exemple un taux d’inflation, de 7% en 2023 rapporté à un taux d’infliction de 10% en 2022 donne un taux cumulé de 18 pour cent. Pour les viandes et poissons devenu incessible pour le revenu entre 20.000 le SMIG et même la tranche 50.000 80.000 dinars net par mois nous avons l’évolution suivante : en kg, l’indice, la viande de mouton est passé de 501,33 à 2520,73 soit une croissance de 503% ; le foie de mouton de 905,75 à 4752,44 soit une croissance de 525% ; le poulet évidé entier de 190,37 à 467,44 soit une croissance de 246%; œuf ( unité) de 6,30 à 20,02 soit une croissance de 307% ; toujours en kg le prix en détail de la sardine fraiche passe de 88,16 à 653,77 soit une croissance de 743% ; le rouget de 462,10 à 2380,55 soit une croissance de 515%; le merlan de 468,43 à 2262,47 soit une croissance de 483%; la crevette rouge de 607,52 à 3818,82 soit une croissance de 608% Pour les légumes nous avons l’évolution suivante : en kg, l’oignon sec l’indice passe de 14,72 à 53,48 soit une croissance de 360% ; la tomate normale de 23,39 à 140,13 soit une croissance de 608% ; la salade laitue de 42,45 à 231,40 soit une croissance de 545%; la courgette verte de 43,68 à 155,45 soit une croissance de 357%; l’haricot vert de 50,59 à 296,01 soit une croissance de 580% le poivron long vert de 47,03 à 172,49 soit une croissance de 367% ; le concombre de 30,43 à 141,63 soit une croissance de 467%; l’auberge longue de 21,81 à 125,74 soit une croissance de 572% Pour les fruits devenus inaccessible pour le faible et moyen revenu nous avons : en kg, l’indice du raison blanc passe de 48,42 à 202,90 soit une croissance de 419% ; le raison gros noir de 57,99 à 285,99 soit une croissance de 493% la poire muscade de 48,08 à 388,47 soit une croissance de 595% ; les figues fraiches de 76,45 à 409,65 soit une croissance de soit une croissance de 538% ; la pastèque verte gros calibre de 22,93 à 111,206 soit une croissance de 485% Pour les autres produits en kg dattes déglet l’indice passe de 171,40 à 908,91 soit une croissance de 531%. Pour d’autres produits recensés entre 2001/2023 par l’ONS nous avons, en kg, la figue sèche en vrac de 171,40 à 2113,70 soit une croissance de 1235% ; la pomme de terre blanche de 27,36 à 66,04 soit une croissance de 242% , la pomme de terre rouge de 24,11 à 57,50 soit une croissance de 238% ; la farine lactée Bc de 250 grammes de 145,00 à 373, 64 soit une croissance de 258% ; le biscuit sec de 330 grammes de 37,43 à 120,23 soit une croissance de 374%.
Pour les produits du textile, électroménagers, pièces détachées, produits informatiques (uniquement entre 2001/2023 entre 100 et 300% ) sans compter les produits scolaires qui connaissent la même tendance haussière à titre d’exemple cité par l’ONS le slip de coton (unité), l’indice passe de 92,25 à 261,67, soit une croissance de 284% le moulin à café électrique de 917,14 à 3943,48 soit une croissance de 430% ; pour l’énergie dont les factures d’ électricité et de gaz ont plus que triplé durant cette période la bouteille de gaz de 13 kg est passé de 1700,00 à 5500,00 soit une croissance 323% de et pour terminer le classement de l’ONS la tasse de café à table, l’indice est passé de 14,17 à 50,20 soit une croissance de 292%. Pour le FMI après correction des données algériennes tenant compte des prix réels sur le marché de 1970 à fin 2022, la moyenne a été de 8,8% par an et durant cette période le taux d’inflation aurait été de 6969,61% où un bien de consommation qui coûtait 100 dinars en 1970, à fin décembre 2022 coûte 7069,01 dinars. En plus des factures d’électricité, de l’eau, du loyer, on peut se demander comment un ménage entre 30.000/50.000 dinars, peut-il survivre, s’il vit seul, en dehors de la cellule familiale, qui, par le passé, grâce au revenu familial, servait de tampon social ? Mais attention à la vision populiste : doubler les salaires sans contreparties productives entraînera une dérive inflationniste, un taux supérieur à 20% qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l‘inflation jouant comme distributeur au profit des revenus spéculatifs.
Le décret présidentiel n° 21-137 fixe le salaire national minimum garanti à 20.000 dinars mensuel depuis le 1er juin 2021, (soit au cours du marché parallèle 85 euros ), mais qui a une signification limité car il faudrait pour avoir le salaire réel introduire le montant des subventions et des transferts sociaux : exemple avoir un logement social de 3 millions de dinars alors que le prix sur le marché est de 7/8 millions de dinars constituant une rente pour les bénéficiaires ,expliquant les corruptions. Afin de préserver le caractère social de l’Etat , il a été prévu une augmentation de 4.470 dinars, touchant 2,8 millions de fonctionnaires et contractuels, l’incidence financière étant de de 340 milliards de dinars, le ministre des finances ayant donné la masse salariale globale qu’il a estimé à 4.629 milliards de dinars représentant 47,39% du budget de fonctionnement. Par ailleurs, il y a eu l’exonération de l’IRG (Impôt sur le revenu global) de tous les salaires de moins de 30.000 dinars ayant bénéficié selon l’APS à 6,5 millions de citoyens. Toujours pour assurer la cohésion sociale, le gouvernement a consacré pour 2023 un montant de transferts sociaux non ciblés et généralisés, estimés à 5000 milliards de dinars, 36,49 milliards de dollars, soit 28,24% du PIB mais des subventions non ciblées injustes, celui qui perçoit 200.000 dinars par mois bénéficiant au même titre que celui qui perçoit 20.000/30.000 dinars. Pour l’emploi contrairement à certains discours, existant une loi universelle. Selon la majorité des organisations internationales et de experts nationaux et internationaux, (pas les experts organiques vivant de la rente, rappelons-nous leurs discours triomphants sur l’adhésion de l’Algérie aux Brics ) pour l’Algérie, devant avoir un taux de croissance sur plusieurs années de 8/9% par an largement supérieur à la croissance démographique pour créer 350.000/400.000 emplois nouveaux/an qui s’ajoute au taux de chômage. Le Directeur général de l’emploi et de l’insertion au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, a fait savoir, le 01 mai 2023 que le nombre total des bénéficiaires de l’allocation chômage dont le montant a été revu à la hausse 15.000 dinars à compter du 01 janvier 2023, a atteint 1.929.000 à avril 2023 et la banque mondiale pour 2022 estimait le taux de chômage à 14,9% contre 14,5% en 2021. On ne crée pas d’emplois par décret ou des décisions administratives pouvant conduire à une grave dérive sociale à terme, car ce taux de chômage inclut les emplois rente et les sureffectifs dans les administrations et entreprises publiques, la facilité pour calmer le front social étant la création d’emplois dans les administrations qui ne contribuent pas à la croissance économique . La lutte contre le chômage et l’inflation est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité , la richesse d’une Nation provenant des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration en Algérie en 2022 ne dépasse pas 15/20%.

2.-Je recense six facteurs interdépendants qui expliquent le processus inflationniste. La première raison, est l’inflation importée, puisque 85% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, proviennent de l’extérieur. La sécurité alimentaire mondiale est posée car outre les effets du réchauffement climatique via la pénurie d’eau douce, les prix des produits agricoles connaissent un prix élevé surtout depuis la crise en Ukraine. La deuxième raison, est la faiblesse du taux de croissance interne, résultant de la faiblesse de la production et de la productivité L’Algérie, la non corrélation entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux : selon un rapport du premier ministère (sourde APS) durant les trente dernières années l’Algérie a consacré plus de 250 milliards de dollars à l’assainissement des entreprises publiques dont plus de 80% sont revenues à la case de départ ( à fin 2020, les assainissements ayant continué entre 2021/2023) et un responsable de l’ex ANDI plus de 70% des crédits octroyés au jeunes dans la politique de l’emploi sont en difficultés et ne peuvent rembourser les prêts bancaires et qu’en sera t -il de tous des montants octroyés aux start-up entre 2020/2023 et selon le rapport de l’Ocde, dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins d’impacts, en référence aux pays similaires, renvoyant à la mauvaise allocation des ressources.
Professeur des Universités
Expert international
Abderrahmane Mebtoul
(A suivre…)