Retour sur un crime contre l’humanité commis par la Police française

Colloques à Alger et Oran sur les massacres des Algériens d’octobre 1961

Organisées par la Faculté des Lettres et des Sciences Islamiques de l’Université d’Oran 1 et par le Forum d’Ech-Chaâb à Alger, deux rencontres traitant la thématique «Massacres des manifestants Algériens à Paris, le 17 octobre 1961 », ont regroupé avant-hier plusieurs professeurs, doyens, directeurs, historiens et témoins dans des débats remplis de vérités et enrichi de souvenirs et de témoignages sur les actes barbares et criminels commises, à cette époque, par la Police française. Un crime d’État, disaient les participants.Elle n’avait que 15 ans en octobre 1961, Fatima Liafi, cette Algérienne qui était une émigrée en France, avait vécue et survécu, dès son jeune âge, aux massacres des émigrés algériens par la Police française.
Présente avant-hier au colloque sur les massacres des Algériens à Paris en octobre 1961, organisé par la Faculté des Lettres et des sciences islamiques de la Faculté d’Oran 1, la miraculée et survivante des massacres de Paris, Fatima Liafi, a livré son témoignage poignardant sur ce crime de guerre commis contre des Algériens à cette époque. Un crime éternel, explique Fatima Liafi tout comme les participants au colloque d’Oran.
«Des scènes insupportables, douloureuses, ignobles, odieuses et cauchemardesques, en voyant avec mes propres yeux, à cette époque, mes compatriotes, dont des femmes et même des nourrissons, jetés dans la Seine de Paris par des milliers de policiers français acharnés, criminels de guerre et sans âme», se rappelle encore Fatima Liafi, aujourd’hui âgée de 67 ans. Le massacre commis, il y a 52 ans, par la Police française contre les manifestants algériens à Paris, le 17 octobre 1961, est un acte de crime de guerre éternel et contre l’humanité, se sont convenus et partagés les participants au colloque de la Faculté d’Oran 1.
Ouvrant le bal des intervenants, le Dr. Tayebi Belhachemi Mohamed El Amine de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques de l’Université d’Oran 2 a rappelé les souvenirs atroces et douloureux de cette nuit du 17 octobre 1961, lorsque la Police française, sans âme ni pitié, est venue à bout de centaines d’Algériens sans défense en les jetant dans la Seine de Paris dans un crime contre l’humanité.
«Cela constitue un crime éternel et la France doit être punie pour ses actes contre les manifestants algériens pacifiques et indemniser financièrement et moralement les familles des victimes», a estimé le professeur en sciences politiques de la Faculté d’Oran 2. Devant lui, le Directeur du Laboratoire de recherche historique sources et traductions, en l’occurrence le Dr Mohamed Boudjebour, a indiqué qu’aujourd’hui, la France doit reconnaître ses crimes coloniaux en Algérie qui datent depuis 1830 à l’image des crimes odieux du 17 octobre 1961.
Saluant le rôle crucial qu’avait joué les émigrés algériens à cette époque, que ce soit en particulier en France ou en Europe en général, le Dr Mohamed Boudjebour a rappelé la lutte politique qu’avait endossée les Algériens en France à travers des organisations syndicales, «qui réclamaient l’indépendance de l’Algérie sur le sol même du colonisateur français», rappela le responsable du laboratoire de recherche historique de l’Université d’Oran2.
Pour sa part, le doyen de la faculté des sciences humaines et sciences islamiques de l’université d’Oran1, le Dr Dahou Faghrour, a souligné pour sa part que «commettre des crimes contre les isolés est une politique que le colonisateur français a poursuivi, depuis son occupation de l’Algérie, au point où la migration de milliers d’Algériens vers la France était le résultat de crimes économiques commis contre eux dans leur pays», dira-t-il devant les participants au colloque sur le massacre des Algériens à Paris. Par ailleurs, et à Alger, une autre rencontre traitant la même thématique à savoir : les massacres des Algériens du 17 octobre 1961, a été organisée, avant-hier, par le Forum du journal Ech-Chaâb, drainant un panel de chercheurs et d’anciens membres du Front de libération nationale (FLN). C’est le cas du chercheur dans le Mouvement national, Amar Rekhil, où ce dernier a estimé que «les massacres des Algériens avaient débuté», rappelle-t-il, «avec la décision d’imposer un couvre-feu.
La riposte est venue de la part du FLN, par l’organisation de marches pacifiques pour briser cette interdiction, mais la répression française a été sauvage et irraisonnée, à travers un carnage commis à l’encontre des Algériens par les mains de la police, de la gendarmerie et de l’armée françaises», dira le chercheur algérien.
Sofiane Abi