Par les textes littéraires

Jeux et sports

Jeux et sports, deux pratiques devenues depuis l’aube de la littérature des sujets de prédilection pour leur place en milieu scolaire et dans la vie humaine.
Leur capacité à améliorer les performances physiques et mentales nécessaires à l’épanouissement des individus de tous âges. Ces disciplines ont vu le jour depuis des millénaires et se sont diversifiées au fil du temps pour assurer un développement harmonieux du corps et de l’esprit si les activités physiques et mentales sont menées de pair.
Cependant, il ne faut pas oublier que les compétitions dans les deux cas ne visent pas uniquement le délassement, l’épanouissement ou le développement des capacités physiques, intellectuelles et morales. Elles sont pratiquées dans des lieux donnés, selon des règles strictes et avec des objectifs bien plus importants qu’on ne le pense, comme certains sports, par exemple, organisés pour des raisons politiques alors qu’à l’origine ils sont conçus pour créer une ambiance, rendre heureux, éloigner l’esprit et le corps de la médisance.
Le jeu, une activité sérieuse pour affirmer son être, développer sa puissance et son autonomie Monique Witting, dans son livre à vocation didactique, sinon éducative, parle de bataille rangée entre deux bandes d’enfants ennemies, peut-être pour le jeu de circonstance, organisé pour donner l’illusion d’une bataille entre deux armées sur un champ de bataille. Chaque enfant joue le jeu du mieux qu’il peut et l’auteur emploie le vocabulaire de la guerre : les deux armées ennemies se rencontrent dans la plaine, il faut donc se battre, on regarde de près ce que chacun a choisi comme arme pour être du côté des vainqueurs, on se bourre les poches de grenades (probablement du grenadier). Tout le déroulement des combats a été reconstitué grâce à la magie du verbe dont le romancier a la maîtrise, de manière à donner aux lecteurs le goût de lire une guerre qui n’est pas une vraie.
Pour une catégorie d’enfants, il n’y a pas de meilleur moyen de jouer que les jouets, source de richesse pour les producteurs qui les ont perfectionnés au maximum depuis les lointaines origines. « Le meilleur usage qu’un enfant puisse faire d’un jouet, écrit Hegel, c’est de le détruire. En effet, les fragments sont plus suggestifs que le jouet entier dont la signification est trop précise et qui ne peut, comme un bâton ou une ficelle, symboliser bien des choses. «Les jeux» comme thème d’œuvres littéraires est trop vaste pour être traité avec exhaustivité, d’autant plus qu’il y a eu au cours de l’histoire une incroyable diversification des jouets due en grande partie à l’esprit fertile des enfants et des adultes qui les ont inventés en grande partie à des périodes d’oisiveté, sinon d’ennemis qui ont marqué leur vie.
Il en est de même des adultes qui ont mis au point, à la manière des jeunes, beaucoup de jeux fondés sur la compétition, le progrès, l’esprit d’équipe et de lutte acharnée comme le jeu de dominos, la pétanque, la belote, le lot, etc. La liste est longue et chaque peuple a les siens. Cet esprit d’invitation propre aux enfants connaît des prolongements à l’âge adulte. Les aînés plus que leurs progénitures, rêvent de devenir célèbres, riches, forts, inventifs, heureux, comblés de succès. Leur seul plaisir, c’est de s’imaginer dans la peau d’un acteur qui joue un rôle à la perfection. «Le spectateur vit psychiquement la vie imaginaire, intense, valeureuse, amoureuse des héros de films, c’est-à-dire qu’il s’identifie à eux», dit Edgar Morin dans son livre «Le stars» Ed. du Seuil 1957.
On va parler de Rabelais, considéré comme le père du genre romanesque, et qui a été de son temps, le champion des jeux d’esprit qui donnent à réfléchir, sinon à se mesurer à autrui. Une fois, il a raconté une histoire qui s’est passée sur le pont d’un bateau où un maquignon avait fait monter son troupeau de moutons. Un client s’était approché de lui comme dans un jeu de rôles, mais qui s’est terminé là en catastrophe. L’inconnu voulait peut-être le malheur du marchand à qui il avait acheté un mouton pour le jeter à la mer, durant la traversée. Et les autres moutons ayant vu un des leurs se précipiter vers la mer, se sont tous jetés à l’eau. Une catastrophe !

La pratique sportive comme thème en littérature
Voici ce que dit Victor Hugo, auteur bien connu du 19e siècle comme poète célèbre, dramaturge, romancier, dans son livre «L’homme qui rit», 2e partie livre 1 chap 12), parlant de la boxe anglaise, il raconte une rencontre, celui de deux champions sur un ring. Et le travail de narration est indiscutablement original tant il est différent de ce qu’un journaliste a écrit sur le même match. Jugez-en par ce passage : «Les deux champions étaient nus avec une culotte très courte bouclée aux hanches et des brodequins à semelles cloutées lacés aux chevilles. Helmsgail, l’Ecossais était un petit d’à peine dix-neuf ans, mais il avait déjà le front recousu, c’est pourquoi on tenait pour lui deux et un tiers. Le mois précédent, il avait enfoncé une côte et crevé les deux yeux au boxeur Sixmilles Water, ce qui expliquait l’enthousiasme. Il y avait eu pour ses parieurs gain de douze mille livres sterling. Outre son front recousu, Helmsgail avait la mâchoire ébréchée».
Les écrivains, qu’ils soient poètes, romanciers, dramaturges ou nouvellistes, ne restent pas pour la plupart d’entre eux cloîtrés dans les limites de leur art. Ils peuvent trouver parce qu’ils en ont une grande passion, le domaine sportif comme étant le plus exaltant pour ce qu’il leur inspire. Ainsi de grands matchs peuvent faire l’objet de descriptions romanesques inouïes. C’est comme les mathématiciens de haut niveau qui deviennent subitement romanciers, nouvellistes, poètes. Anouar Benmalek, docteur en mathématiques, qui s’est fait une renommée non pas comme mathématicien mais comme romancier pour ses talents en écriture agréable à la lecture. Ceux qui sont allés visiter l’exposition du livre à la foire d’Alger, ont dû l’apercevoir. Puisqu’on en est là, pourquoi ne pas parler de ce lexicologue linguiste de renommée qui a élaboré sa thèse de doctorat en lexicologie en choisissant comme domaine d’investigation le vocabulaire du football qui lui a donné 500 pages consacrées exclusivement à ce domaine sportif.
Emile Zola, adepte passionné de la bicyclette, conseille à tout le monde de s’adonner à la course sur deux roues pour bien se porter en maigrissant tout en acquérant toutes les qualités physiques dont l’être humain a besoin pour être en pleine forme. Il parle, dans son roman «Les trois villes», tome II, de la course à bicyclette pratiquée dans le cadre des compétitions sportives. Il dit lui-même ce qu’il a vécu : «Mais l’effort n’était-il pas un plaisir ? Vous vous ferez, c’est amusant de vaincre l’obstacle. Moi, je déteste les routes trop longtemps plates et belles. Une petite montée qui se présente lorsqu’elle ne vous casse pas trop les jambes, c’est l’imprévu, c’est l’autre chose qui vous fouette et vous réveille. Et puis, c’est si bon d’être fort, d’aller malgré la pluie, le vent et les côtes».

Abed Boumediene