Les perspectives économiques des 10 pays riches en Afrique horizon 2028

FMI

«Africains, formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents (…) et arrachez votre patrimoine culturel. La facilité avec laquelle nous renonçons, souvent, à notre culture ne s’explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude progressiste adoptée en connaissance de cause».
Cheikh Anta Diop.

L’ensemble des indicateurs macro financiers et macro économiques tant du FMI que de la Banque mondiale sur les perspectives de certaines économies africaines horizon 2028 en rappelant que n’existe pas une Afrique mais des Afriques avec des disparités importantes et sans oublier les conflits internes et régionaux qui freinent le développement, doivent être pris avec précaution, ayant des incidences sur le taux de croissance, l’inflation et le taux de chômage mais qui dépendent de quatre (4) hypothèses interdépendantes et aléatoires variant selon des chocs internes et externes ( notre interview à Radio Algérie internationale le 29 /10/octobre 2023 et quotidien El Moudjahid 30/10/2023).

1.- Le Top des plus grandes puissances économiques en Afrique horizon 2028
Bien que l’indicateur produit intérieur brut ( PIB) soit un indicateur imparfait devant tenir compte de la population pour déterminer le PIB par tête d’habitant et surtout voile la disparité de la répartition par couches sociales, toutefois les institutions internationales le prenne souvent comme le déterminant de la richesse d’une Nation. Le classement devient différents puisque par ordre décroissant pour le PIB par tète d’habitant les Seychelles ont 19470 dollars, suivi de la Guinée Equatorial 10980, du Gabon 10150, Maurice 10120, Botswana 726+0, Afrique du Sud 6690, la Libye 6500, Namibie 4750, l’Egypte 4560,l’Algérie 4310, le Nigeria avec une population de 223 millions d’habitant a un PIB par tête d’habitant en 2022 de 2284 dollars, le Sénégal 1606 dollars qui devrait être le pays africain connaissant la plus forte croissance en 2023 selon l’estimation de la Banque africaine de développement (BAD) dans ses prévisions publiées à l’occasion de l’AG de l’institution qui s’est déroulée à Accra au Ghana du 23 au 27 mai 2023, avant l’Ethiopie avec une population de 102 millions d’habitants un Pib par tête d’habitant de 1249 dollars en 2022. ,En prenant l’indicateur du PIB, selon le FMI, le Nigeria pourrait atteindre 916 milliards de PIB en 2028, ayant lancé un nouveau plan de développement national à long terme, l’Agenda 2050 du Nigeria (NA 2050) ambitionnant afin d’avoir un PIB par tête d’habitant de 33328 dollars, l’Égypte 510 milliards en 2028, l’Afrique du Sud 468 milliards de dollars en 2028, l’Éthiopie qui devrait profiter d’un retour à la normale dans le Tigré pour remettre son économie en route, son PIB passant de 120 milliards de dollars en 2022 à 281 milliards en 2028 serait la quatrième puissance économique de l’Afrique. Le PIB de l’Algérie avoisinerait 263 milliards USD d’ici 2028 arrivant à la cinquième position du Top des 10 pays africains les plus riches, la première au Maghreb, le Maroc 6ème 195 milliards de dollars.( la Tunisie, la Libye, et la Mauritanie non classés ). Le Kenya, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire se classent à la 7ème 8ème et 9ème position avec respectivement 147, 124 et 118 milliards de PIB, l’Angola chlorurant avec 112 milliards de dollars contre 128 milliards de dollars de PIB en 2022. La plupart des pays du top 10 sont les pays les plus peuplés du continent et disposant d’importantes ressources naturelles, comme le Nigeria, l’Algérie et l’Angola et qui sont également les principaux producteurs de pétrole africains. Mais paradoxalement la Libye premier réservoir de pétrole en Afrique, avec 48,63 milliards de barils, 8ème réservoir mondial, et une population faible 6 millions d’habitant n’a pas été classée. Le Nigéria, l’Égypte et l’Afrique du Sud cumulent à eux seuls la moitié du PIB du continent africain, c’est ce qu’a fait savoir la Banque mondiale (BM) dans une analyse réalisée en juillet 2023 sur le développement économique des pays africains, Plus globalement, sur la période 2021-2028, les 10 premiers pays africains verront leur PIB cumulé passer de 2.000 milliards à 3.145 milliards de dollars, soit une progression de 57,25% et sur le plan continental, suite à une nette progression du PIB cumulé de 38,64%, ce paramètre des 54 pays africains s’établit à 4.110 milliards de dollars d’ici 2028.

3.-Les objectifs du PIB en 2028 supposent quatre conditions
Premièrement, des efforts soutenus sont nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires et attirer les investissements condition d’une croissance durable et faire baisser le taux de chômage et l’inflation où la performance et à la résilience des économies africaines est tributaire de profondes réformes dont celles des institutions par une lutte contre la bureaucratie et la corruption, une politique des subventions ciblées intimement liée à l’intégration de la sphère informelle dominante en Afrique au sein de la sphère réelle supposant un système d’information fiable en temps réel ; la réforme du marché de l’emploi (une nouvelle politique de l’éducation fondée sur la qualité collant à l’environnement et améliorer le cadre de la recherche pour éviter l’exode des cerveaux qui prend des proportions inquiétantes pour l’Afrique ) ; la réforme du système monétaire dans toute sa composante ( banques, fiscalité, douane, domaine) afin de favoriser l’intégration qui ne dépasse pas les 15% et de l’épineux problème du foncier avec toutes utilités.
Deuxièmement, les facteurs géostratégiques et économiques mondiaux comme récemment l’évolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, de la résurgence des conflits au Moyen-Orient et de l’incertitude de la croissance de l’économie mondiale qui influent sur les économies africaines surtout ceux qui sont mono exportateur de matières premières qui échappent à la décision interne, soit à la hausse, soit à la baisse.
Troisièmement, l’Afrique dont la majorité des pays semi-aride, l’économie dépend fortement d’un retour de la pluviométrie.
Quatrièmement, lié au facteur précédent, les impacts du réchauffement climatique sur l’Afrique avec des catastrophes naturelles qui font peser sur la croissance et le développement de notamment sur l’agriculture avec l’augmentation de la facture alimentaire et les tensions sur l’eau douce .

En conclusion, les prévisions tant de la Banque mondiale et celles du FMI sur les perspectives de certaines économies africaines reposent sur une série d’hypothèses comme dont le fondement sont la maîtrise des tensions régionales, la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, piliers du développement du XXIème siècle. La puissance d’une Nation dans le relations internationales, n’existant pas de sentiments mais que des intérêts, se mesurant à son poids économique ( cas de la Chine), le temps ne se rattrapant jamais en économie, en dynamique, toute Nation qui n’avance pas recule forcément, en fonction des mutations géostratégiques et économiques (transition énergétique et numérique) au sein d’un monde en devenir multipolaire. Et l’Afrique de demain sera ce que les Africains voudront qu’elle soit.

Abed Boumediene

 

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